Cine-Region.fr
affiche The Grandmaster

The Grandmaster

___

Un film de Wong Kar-Wai, ,
Avec Tony Leung Chiu Wai, Chang Chen, Zhang Ziyi,

Genre : Film d'action
Durée : 2h02
Hong Kong

En Bref

« Le Kung-Fu c’est deux mots, Horizontal, Vertical, seul le vainqueur reste debout » IP Man

 Malgré le flop de la pluie sur les vêtements, le choc du pied sur la flaque, il éclabousse le monde dans la demi-lueur d’une nuit qui mène aux lueurs du jour. Les combattants s’affrontent pour l’honneur, la beauté du geste. La beauté et la perfection du geste conduisent à sa force. Les mouvements fluides glissent sur les corps et l’eau éclate en larmes du ciel pour épouser la terre. « En vérité aucun art n'arrive à dépasser le ciel et être aussi solide que la terre. » Dans les années trente, le vieux maître Baosen arrive au bout du cycle des saisons de la vie. Cette vie passée à enseigner, comme il se doit pour un maître. L’unificateur des deux styles de Kung-Fu du Bagua, tranchant comme l’épée, et du Lin Yin, perçant comme la lance désigne Ma San comme le successeur de son école. Avant de finir à regarder les cerisiers fleurir ou couler la rivière, il reste à désigner dans un combat amical le maitre des écoles du nord et celles du sud.

 Baosen représente celles du nord et IP Man, maître du Wing Chun, celles du sud. Ce n’est pas un combat où le choc des mains et des pieds désigne le dernier vertical que propose le vieillard  du nord au jeune maitre du sud. C’est une lutte de l’esprit. IP Man montre qu’il est celui qui permet à la Chine de rester unifiée face à l’envahisseur et les désirs de ses jeunes loups. Dans l’ombre, dans cet hiver s’annonçant aux portes de l’Empire du milieu, la jalousie, la conviction d’aller de l’avant en reniant le passé, sommeille dans le cœur d’un jeune ambitieux. Un disciple tue le maître comme on tue le père pour imposer sa vision de l’avenir. Une jeune fille, Gong Er, viendra reprendre ce qui lui a été volé. « Quelle est donc cette École où un disciple tue le maître et la fille affronte le disciple ? Entendons-nous bien, tu ne le rends pas. C’est moi qui le reprends ». Le temps ne se compte pas en jours, mais en fleurs qui élancent leurs corolles de saison en saison aux caresses du printemps.


« Le Kung-Fu c’est deux mots, Horizontal, Vertical, seul le vainqueur reste debout » IP Man

Malgré le flop de la pluie sur les vêtements, le choc du pied sur la flaque, il éclabousse le monde dans la demi-lueur d’une nuit qui mène aux lueurs du jour. Les combattants s’affrontent pour l’honneur, la beauté du geste. La beauté et la perfection du geste conduisent à sa force. Les mouvements fluides glissent sur les corps et l’eau éclate en larmes du ciel pour épouser la terre. « En vérité aucun art n'arrive à dépasser le ciel et être aussi solide que la terre. » Dans les années trente, le vieux maître Baosen arrive au bout du cycle des saisons de la vie. Cette vie passée à enseigner, comme il se doit pour un maître. L’unificateur des deux styles de Kung-Fu du Bagua, tranchant comme l’épée, et du Lin Yin, perçant comme la lance désigne Ma San comme le successeur de son école. Avant de finir à regarder les cerisiers fleurir ou couler la rivière, il reste à désigner dans un combat amical le maitre des écoles du nord et celles du sud.

Baosen représente celles du nord et IP Man, maître du Wing Chun, celles du sud. Ce n’est pas un combat où le choc des mains et des pieds désigne le dernier vertical que propose le vieillard  du nord au jeune maitre du sud. C’est une lutte de l’esprit. IP Man montre qu’il est celui qui permet à la Chine de rester unifiée face à l’envahisseur et les désirs de ses jeunes loups. Dans l’ombre, dans cet hiver s’annonçant aux portes de l’Empire du milieu, la jalousie, la conviction d’aller de l’avant en reniant le passé, sommeille dans le cœur d’un jeune ambitieux. Un disciple tue le maître comme on tue le père pour imposer sa vision de l’avenir. Une jeune fille, Gong Er, viendra reprendre ce qui lui a été volé. « Quelle est donc cette École où un disciple tue le maître et la fille affronte le disciple ? Entendons-nous bien, tu ne le rends pas. C’est moi qui le reprends ». Le temps ne se compte pas en jours, mais en fleurs qui élancent leurs corolles de saison en saison aux caresses du printemps.

Une jeune fille détentrice d’un art secret, jamais transmis, appris par le regard d’un enfant dans les hivers d’hier. Une enfant juste assez haute pour regarder par la fenêtre un père, un maitre, qui s’entraine dans le secret à l’art des 64 mains. « Vaincre n'est pas l'essentiel. Ne pas voir ce que l'autre peut m'apprendre est faire preuve d'étroitesse d'esprit. » Entre la douceur des fins de jour et la profondeur des nuits glaciales, entre Gong Er et IP Man, tout doucement se glisse plus que le respect, plus que l’honneur, un rêve perdu, sur le bord de la tempête au creux de l’orage, juste dans l’œil, dans le silence de la dernière rencontre. « Lui : vous aimez cet opéra ? Elle : oui, il s’appelle rêve d’amour. » Mais ce n’est qu’un rêve. Elle s’enfoncera dans le dernier hiver. « Je n'ai pas honte de ces sentiments, ils se sont perdus. » Cette femme invaincue dont la seule défaite fut face à elle-même. IP Man finira à Hong-Kong où un jeune garçon viendra frapper à sa porte. Il se nomme Bruce Lee.

« Un maître d'art martiaux ne donne pas de but à sa vie il vit tout simplement » Bruce Lee

Le film s’ouvre sur l’une des plus belles scènes filmées d’arts martiaux, Wong Kar-Wai, compose un ballet d’images exceptionnel. Il mélange avec justesse les plans d’ensemble, les détails des pieds glissant sur le sol mouillé, la pluie tombant sur le revers du chapeau, une main saisissant une manche, le vêtement qui flotte dans l’espace. Parfois le ralenti donne le tempo ou la vitesse réelle dans une harmonie parfaite. Renait l’enfant que j’étais qui pour deux francs six sous se payait une séance de cinéma Kung-fu dans mon vieux quartier. Frémit le jeune homme qui un peu plus tard trouvait dans les films de Bruce Lee l’esprit des arts martiaux, un complément à sa voie. Aujourd’hui c’est avec satisfaction que je regarde l’âme de ce que je cherchais. Et s’il n’y avait que cela ! Les scènes de combat se succéderont tout au long du film, à la fois identiques et si différentes. Le sens du détail, du cœur, de l'âme des choses, le chant intérieur résonnent comme une autre parole, parabole dans ces scènes. Alors que le spectateur pense avoir touché le sommet de la montagne, une autre séquence d’affrontement le détrompe. Dans celles-ci, deux thématiques du film se croisent comme ces deux corps dans ce combat dans l’escalier. Cette séquence renforce la notion d’un film exceptionnel. Il se transforme en déclaration d’amour entre IP Man et Gong Er. La deuxième thématique apparaît alors, l’amour. Elle hante toute la cinématographie du réalisateur, comme elle hantait déjà son unique excursion sur l’art martial, Les cendres du temps. C’est l’amour d’un homme pour sa bien-aimée, mais d’une fille pour son père, du disciple pour son maître, du maître pour le disciple ou sa fille. Ne sont-ils pas en fin de compte la même chose, le même sentiment qui ébranle toute une vie ?

Elle atteint son apothéose dans la scène finale où un air d’opéra, sert à dire le non-dit. Ce que chacun a tu, tué en le refoulant depuis toujours. Dans The Grandmaster les personnages se faufilent constamment dans l’hiver ou le printemps, nord et sud, jamais l’été, l’est ou l’ouest, et rarement l’automne. Ils se placent au début et à la fin de la vie. Ils se jouent dans les premiers regards de la petite fille qui apprend en secret l’art des 64 mains. Elle se glisse dans les regrets, les reflets. Reflets que nous devinons, soupçonnons dans la flaque sur le bitume, la goutte de pluie insaisissable, dans le miroir, dans le regard de l’autre. Sans regrets, la vie serait dérisoire, le regret de cet amour impossible perdu, oublié, comme l'art de son père nous dit peut-être Gong Er.  Plus qu’une technique, mon père m’enseigna un code d’honneur. Celui de cette Chine d’hier, représenté par les vieux maîtres que refoule du pied, tué comme Ma San Baosen, la Chine moderne, avide comme le jeune disciple, oublieux des paroles de ses ancêtres. Troisième thématique derrière cette histoire des arts martiaux, se cache celle de la Chine de 1936 aux années 50, de l’envahisseur japonais, à Mao et Hong-Kong, territoire libre. C’est aussi la longue quête de notre âme, de ce que nous sommes. « Les arts martiaux m’ont permis de mieux me connaître.

Je connais le ciel et la terre. Il m'a manqué de connaître mes semblables ». Dans cette phrase, Gong Er aborde une autre notion, celle des éléments. Nous les retrouvons partout, dans la symbolique de chaque image, dans les gestes et évidemment dans les scènes de combat. « En vérité aucun art n'arrive à  dépasser le ciel et être aussi solide que la terre. » Rien ne dépasse la nature du monde, car nous naissons tous de là et rien n'est plus grand que ce qui nous enfante. Un mot sur la musique,  parfaite, avec un hommage à Il était une fois l’Amérique d’un certain Sergio Leone avec son compositeur fétiche Ennio Morricone. Les acteurs sont tous embarqués dans l’esprit du film, collant à leur personnage dans une identification inspirée, même le singe. Au-delà de la thématique du film de Kung-Fu, le conflit entre écoles, le mauvais disciple, The Grandmaster s’enrichit de nombreuses autres qui le transforment en l’une des plus grandes sorties pour cette année.

 Patrick Van Langhenhoven

Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9
Langues Audio : Mandarin / français - 5.1 DTS-HD master audio
Sous-titres : Français
Edition : Wild Bunch video

Bonus : "Sur la route des grands maîtres" : documentaire réalisé par Wong Kar Wai autour du Wing Chun (31'44" - VOST)  Making of en 8 parties (VOST) : - The Grandmaster (3'36") - Tony Leung est Ip Man (3'41") - Yuen Woo Ping et les combats (3'51") - Les maîtres d'arts martiaux (2'44")
- Décors et costumes (3'39") - Zhang Ziyi est Gong Er (3'26") - Le travail de Wong Kar Wai (2'45")
- Chang Chen est La Lame (3'11") Entretien avec Didier Beddar, spécialiste français du Wing Chun (27'12") Démonstration de Wing Chun avec Didier Beddar (8'26") Clip des effets numériques (3'39")
1 scène inédite en 3D Active (1'02") Bande-annonce du film (HD - 1'46" - VF) 8 bandes-annonces Blu-ray Wild Side  DTS Sound Check (DTS-HD MA 5.1)