Le passage à l’âge adulte est un thème maintes fois rabâché au cinéma, offrant son lot de déconvenues, de rejets, de cœurs brisés et j’en passe… Dans l’imaginaire américain, ce dernier s‘articule toujours autour des mêmes rites : le premier petit copain, le bal de promo, la remise des diplômes, l’université puis, plus tard, le mariage et la vie de famille. L’originalité de Lynn Shelton a été de faire ici d’une pierre deux coups en confrontant l’initiation de l’adolescente à la remise en question de la jeune adulte. On va alors découvrir bien sagement les sentiments amoureux, du béguin adolescent au réel coup de cœur adulte et assister à une remise en question sur le plan de vie, l’idéalisation de la vie adulte, l’accomplissement de soi …

Le postulat, en l’état, peut être à l’origine de quelques pépites dans le genre mais le premier scénario d’Andrea Seigel ne lui fait pas hommage. Formel et foncièrement maigre, le récit ne va jamais s’évertuer à insuffler un quelconque relief à ses personnages ni à décortiquer la condition de malaise qui habite ses deux héroïnes. L’action s’écoule dans une évidence feinte qui ne permet jamais au spectateur de trouver une quelconque identification. Car au fond, le monde de Shelton, qui se targue d’être barré, en marge et un peu voyou, se révèle plein de paillettes et de bisounours : l’ado n’est pas si rebelle que ça, le papa n’est pas si infidèle, la copine n’est pas si vipère, la jeune femme n’est pas si immature et la mère n’est pas si trouillarde… Le constat laisse alors un léger gout amer dans la bouche qui ne partira pas avant d’avoir quitté la salle de cinéma.

Heureusement pour la besogne, la lumineuse Keira Knightley apporte un nouveau souffle à l’ensemble. Même fagotée comme l’as de pique, la belle anglaise prête sa fraicheur, sa générosité et ses airs lunaires à Megan la paumée. Secondée faiblement par la jeune et très en vogue Chloë Moretz (Kick-Ass, Dark Places), qui minaude plus qu’autre chose, Knightley va porter le film à bout de bras, se dépatouillant plus ou moins bien avec un personnage assez mal écrit. A l’arrivée, Girls Only présente tous les symptômes d’une comédie bien rangée, fraiche et sympathique qui manque cruellement de piquant. Lynn Shelton, visiblement pleine de bonnes intentions, n’a pas ce qu’il faut d’impertinence pour emmener le film ailleurs, vers des histoires plus réelles. Ne l’emporte que la comédie romantique tout ce qu’elle a de plus banal et inoffensif… et évanescent.

Eve Brousse

Fiche technique

Titre original : Laggies

    Titre français : Girls Only

    Réalisation : Lynn Shelton

    Scénario : Andrea Seigel

    Production : Alix Madigan, Craig Chapman, Kevin Scott Frankes, Kyle Dean Jackson, Myles Nestel, Raj Singh Brinder, Rosalie Swedlin et Steve Golin

    Société de production : Anonymous Content, BR Capital Group, Merced Media Partners, PalStar Entertainment, Siren Digital - Hollywood, Solution Entertainment et Group

    Société de distribution : A24 (USA)

    Budget : 15 000 000 $

    Pays d'origine : États-Unis

    Langue d'origine : anglais

    Genre : comédie dramatique

Distribution

    Chloë Grace Moretz (VQ : Ludivine Reding) : Annika

    Keira Knightley (VQ : Mélanie Laberge) : Megan

    Sam Rockwell (VQ : Gilbert Lachance) : Craig

    Ellie Kemper (VQ : Manon Arsenault) : Allison

    Gretchen Mol : Bethany

    Tiya Sircar : Zareena

    Kaitlyn Dever (VQ : Célia Gouin-Arsenault) : Misty

    Mark Webber (VQ : Sébastien Reding) : Anthony