Les papys ne font plus de la résistance mais du diabète, de la hanche en vadrouille, des petites misères haut de gamme et du cacheton à tous les étages. La piquouse c’est plus à l’héro mais à l’insuline. Le manque d’argent et la part de rêve ne changent pas. Voilà donc notre équipe reconstituée pour un braquage à l’ancienne, au milieu de toutes ces nouvelles technologies. Un petit jeunot qui en veut et surtout possède une clé, comme saint Pierre au paradis, les rejoint. Ça va bientôt être la fête aux diams pour des rêves plein la tête. Entre hanches en plastique, sonotones et diarrhées merdiques faut composer pour un résultat à 100 % sans se faire choper. Tout semble parfait pour nos papys sur le papier, mais en réalité l’affaire se corse. On suit le protocole du voyou, à savoir repérage, préparation et action. Le jour venu, tout le monde est sur la sellette, sonotone à fond, hanche huilée et un matos de cador pour une finalisation aux petits oignons. C’est après que l’affaire se complique avec l’arrivée du magot. Avec l’âge, notre bande de morfalous ne change pas et les vieilles arnaques refont surface. Il faut composer la nouvelle symphonie entre ces vieux potes accros au flouze et la flicaille accro aux objectifs.
« Ce n’est pas la vie en prison qui me tracasse. C’est ce qu’il y a après la vie. »
La première partie ressemble à un film de braquage classique avec sa préparation et son exécution. Le film ressemble à tous ces « faites sauter les coffres pour occuper le week-end, et combler la retraite ». La seconde, une fois l’affaire finie, est beaucoup plus intéressante. Elle enchaîne les valses des vieux roublards qui s’entubent les uns les autres. Partie d’échecs assez sympathique qui rend agréable cette série B. Comme le déclare la police, il faut se méfier du troisième âge avec ses petits problèmes de santé. Les vieux, ça peut vous surprendre. Avec le temps, les vieilles rancunes ont la peau dure. Dans ce méli-mélo de mensonges et de vérités, le spectateur cherchera le fin mot de l’arnaque. Certains dialogues sont bien troussés, par exemple : « Quand tu es jeune, ils te poussent à devenir un truand.
Quand tu es vieux, ils te le reprochent. » Une petite réflexion sur le système et sur la vieillesse rend l’affaire amusante et vous questionnera sur l’après-retraite. Le braquage, avec ces incontinences et autres misères du grand âge est un moment plutôt bien trouvé. On aura plaisir à retrouver Michael Caine et une bande de seconds rôles du cinéma anglais, toujours à la page malgré leur âge ! James Marsh possède un sens du récit assurant un voyage agréable et parfois inspiré, comme avec Une merveilleuse histoire du temps. S’il n’explose pas les codes du genre dans une mise en scène plutôt classique, il sait conduire une histoire de A à Z. Il a la bonne idée de glisser des extraits des films de casseurs de leur jeunesse. Décidément, ces gentlemen cambrioleurs ne manquent pas de charme.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : King of Thieves
Titre français : Gentlemen cambrioleurs
Réalisation : James Marsh
Scénario : Joe Penhall, d'après un article de Mark Seal
Direction artistique : Choi Ho Man
Décors : Chris Oddy
Costumes : Consolata Boyle
Photographie : Danny Cohen
Montage : Jinx Godfrey et Nick Moore
Musique : Benjamin Wallfisch
Production : Tim Bevan, Eric Fellner, Amelia Granger, Ali Jaafar et Michelle Wright
Société de production : Working Title Films
Société de distribution : Studio Canal (Royaume-Uni, France)
Budget : n/a
Pays d'origine : Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : comédie, film de casse
Durée : 108 minutes
Dates de sortie1 : 27 mars 2019
Distribution
Michael Caine (VF : Frédéric Cerdal) : Brian Reader
Jim Broadbent (VF : Jean-Claude Donda) : Terry Perkins
Tom Courtenay : John Kenny Collins
Charlie Cox : Basil
Paul Whitehouse : Carl Wood
Michael Gambon (VF : Jean-Pierre Leroux) : Billy « The Fish » Lincoln
Ray Winstone (VF : Patrick Raynal) : Danny Jones