Cine-Region.fr
affiche Fastlife

Fastlife

___

Un film de Thomas Ngijol,
Avec Thomas Ngijol, Karole Rocher, Julien Boisselier,

Genre : Comédie
Durée : 1h31
France

En Bref

Franklin, trentenaire mégalomane, n’a qu’un but dans la vie : goûter à la Fastlife, cette vie de star qu’il a pu jadis toucher du doigt et qui lui échappe plus vite que prévu. Pour cela, sa devise c’est aller toujours plus vite, toujours plus loin, à n’importe quel prix. Mais dans sa course effrénée vers la reconnaissance, il va devoir faire un choix capital : continuer de vivoter dans la médiocrité et le déni de la réalité en se persuadant et en racontant à qui veut bien l’entendre qu’il va remonter la pente, ou accepter son cas et choisir la voie de la petite vie simple avec sa compagne Pauline. **Pour son premier film solo à la réalisation – il avait déjà tenté l’exercice aux côtés de son grand pote Fabrice Eboué avec Case Départ – Thomas Ngijol s’attaque avec dérision au looser pathétique qui est prêt à tout pour briller. Un sujet d’actualité que le comique va traiter avec un sens certain de l’autodérision, sans jamais avoir peur de créer un malaise. On salue l’originalité et le rythme du récit mais on regrette les raccourcis et le caractère autocentré du réalisateur et de son personnage qui va aller jusqu’à provoquer l’agacement. A voir pour se changer les idées.


Avec Fastlife, Thomas Ngijol va au delà de la simple blague en dénonçant une jeunesse fast-food à la philosophie de vie où le swag est roi, où la fascination US est toujours très présente et où la recherche de célébrité et de reconnaissance n’a jamais été aussi forte. Et pour ça, il n’y va pas par quatre chemins. Repoussant sans cesse le moment où le loser finit par piger quel gros bébé puéril il est devenu, Ngijol laisse son personnage toucher le fond et patauger un bon moment dans sa bêtise, convoquant l’auto-humiliation et l’auto-centrisme jusqu’au malaise. Si on s’amuse un moment de ce spectacle pitoyable, on se rend vite compte qu’il ne laisse aucune place à une quelconque évolution du personnage, tant pour se remettre sur les rails que pour susciter de l’empathie. Car Franklin, aussi benêt et pathétique soit-il, va tellement forcer les traits du bon à rien contemporain qui pense que la célébrité va lui tomber tout cru dans le bec, qu’il va en devenir profondément agaçant. Sans empathie aucune pour le personnage principal donc, on se concentre sur le récit en lui-même, sur les situations grotesques dans lesquelles l’auteur met en scène ses personnages, sur les gags qui tombent à plat et ceux qui tombent à pic ou encore sur les nombreuses facilités et omissions du scénario qui laissent un peu perplexe. A l’image, Ngijol réalisateur se contente des effets de premier degré, aussi bien dans la mise en scène que dans la satire sociale. Le découpage, à la hache, participe à une mise en scène et à un montage sans originalité, comme si la préoccupation du comique était ailleurs… Il est vrai que Thomas Ngijol donne de sa personne pour interpréter ce grand nigaud qui se donne tant de mal à ne rien faire et semble concentrer toute son énergie dans le jeu au détriment des autres postes.

Faute de travailler davantage sa matière première en amont, Ngijol reste constamment en surface de son propos et peine à maintenir tout du long un semblant de rythme sous tension, pour aboutir, enfin, à la pirouette de l’épilogue, habile. Avec Fastlife, Ngijol séduit par l’originalité de son propos et par l’énergie qu’il insuffle à la besogne mais déçoit dans l’exploitation du sujet et dans la mise en image. A lui maintenant de trouver d’autres sujets pour se renouveler et conforter les espoirs placés en lui.

Eve BROUSSE

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :