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affiche Everybody Knows

Everybody Knows

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Un film de Asghar Farhadi ,
Avec Penélope Cruz, Javier Bardem, Barbara Lennie,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h12
Espagne

En Bref

Laura revient au cœur du pays de sa naissance pour le mariage de sa sœur. Le vieux clocher garde encore gravé le témoignage de sa jeunesse et de ses folles espérances. Elle épouse un Argentin et part vivre loin du pays pour d’obscures raisons que le temps tente d’effacer. Elle retrouve ses parents, ses sœurs, sa nièce devenue mère, dont le mari est parti quérir du travail en Allemagne. Le soleil caresse les vignes, le voile blanc de la mariée danse dans la lueur des lumières du soir. Le bonheur n’appartient pas au passé mais au présent. Irene, sa fille, s’évade dans le vieux clocher en compagnie d’un jeune garçon pour admirer les témoignages d’autres amoureux du village.

Sur le mur,  elle découvre les initiales de sa mère et de Paco, devenu vigneron et mari de sa tante. La nuit brise le bonheur des braves gens et apporte comme un vent mauvais, une nouvelle sombre. La lumière s’éteint mystérieusement, les petites lucioles des portables, les flammes tremblotantes des bougies n’éloigneront en rien les jours tristes qui s’annoncent. Irene a disparu, comme hier une autre enfant du pays. Un coup de fil confirme que ce n’est pas une mauvaise blague d’une salle gamine. Commence, après le blanc de la mariée, le noir des suspicions, du doute. Prévenir la police ou agir ? Le passé revient en mémoire et lâche ses chiens, rancunes et jalousies sur le village. L’espoir de la retrouver contre une rançon appartient à demain.


Nous avons découvert Asghar Farhadi avec Les enfants de Belleville, et La fête du feu. Le grand public remarque le réalisateur iranien, avec Une séparation, suivi du Client. Il tourne en France Le passé avec Bérénice Bejo et Tahar Rahim. Cette fois, il touche au cœur de l’Espagne et de ses traditions dans un film au sujet universel. Il explore les vagues, les cercles de la pierre jetée dans le lac provoqué par l’enlèvement d’une jeune fille. L’ouverture d’Everybody Knows donne le la à la symphonie qui suit. Un petit clocher et les heures qui s’égrènent, une main gantée découpe des journaux sur la disparition d’une petite fille. Il ouvre sur le passé pour reprendre la main par ce mariage et le bonheur des retrouvailles du présent. Comme d’habitude, le passé joue un rôle central en se rappelant au bon souvenir du présent. C’est à la fois ce kidnapping et surtout les retrouvailles de Paco et Laura. Le cinéma d’Asghar Farhadi explore le cœur des couples en les confrontant au pire, un divorce dans La séparation et Le passé, le harcèlement dans Le client. De la même manière, il sonde chaque couple dans sa capacité à résister ou se briser, avec l’enlèvement d’Irene jusqu’à la dernière scène finale.

Dans celle-ci il laisse le spectateur et un couple responsable de sa décision. C’est d’abord le bonheur dans une première séquence de mariage, emporté par la danse et les chants joyeux. La caméra s’élève, s’éloigne, regarde  souvent en plongée avec des plans magnifiques cet instant paradisiaque. Elle redescend sur terre pour saisir les visages sombres, attristés, apeurés par la nouvelle du drame. La lumière oscille entre les plans jour et nuit, avec les petites lampes vacillantes des portables et la plongée dans le noir annonçant l’enfer et une nuit longue. Comme un caillou jeté dans l’eau du lac, le drame central réveille d’autres douleurs qui ne font que s’agrandir avant de toucher la berge. En bon entomologiste des sentiments, il examine à la loupe les remous causés par le kidnapping et la belle histoire d’amour de Paco et Laura. Du doute à la rancœur, la haine se réveille, la jalousie, cette charogne, sa compagne, accourt au festin. Les non-dits, que le titre Everybody Knows (tout le monde sait) cachait en son cœur, explosent au grand jour. Nous retrouvons la lutte des classes, le poids de la terre, celui de Dieu, les sentiments qui dérangent, thématique chère au réalisateur. Chacun réagit à sa manière dans cette tempête soulevant le voile des blessures trop longtemps enfouies. À la fin, toutes ces vérités ne pourront pas rester sans changement sur l’avenir.

Les liens, une fois de plus, se montrent essentiels, ceux que l’on tisse avec l’autre, ceux que l’on oublie et  qui reviennent comme un boomerang. Les liens familiaux, frères, sœurs, père, patron, métayer, journaliers, mari, femme, tissent une trame complexe qui emporte le spectateur au cœur d’une âme universelle. Tout démarre de cette relation entre Laura et Paco qui accouche de son dernier sanglot. Pour le reste, je ne peux rien dire. Everybody Knows est à la fois imprégné de la culture iranienne du réalisateur, le sens de l’honneur par exemple, et espagnole dans la campagne où il tourne. Pour finir, il faut saluer la prestation des acteurs, du plus petit rôle à Pénélope Cruz et Javier Bardem, magnifiques, Ricardo Darin, et une mention spéciale à Barbara Lennie, superbe dans ce rôle de femme blessée. Asghar Farhadi confirme son statut de cinéaste universel dans une réalisation exceptionnelle, rappelant Claude Sautet, Altman, Hitchcock, Carlos Saura et bien d’autres.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


•  Titre original : Todos Lo Saben

    •       Titre anglais et français : Everybody Knows

    •       Réalisation et scénario : Asghar Farhadi

    •       Musique : Alberto Iglesias

    •       Photographie : José Luis Alcaine

    •       Montage : Hayedeh Safiyari

    •       Production : Álvaro Longoria et Alexandre Mallet-Guy

    •       Sociétés de production : Memento Films Production

    •       Pays d'origine :  Iran et  Espagne

    •       Langue originale : espagnol

    •       Genre : thriller

    •       Durée : 130 minutes

    •       Format : couleurs - 1,85:1

    •       Dates de sortie : 8 mai 2018 (Festival de Cannes-Ouverture)     9 mai 2018 (sortie nationale)

Distribution

    •       Penélope Cruz : Laura

    •       Javier Bardem : Paco

    •       Ricardo Darín : Alejandro

    •       Jaime Lorente

    •       Eduard Fernández

    •       Bárbara Lennie : Victoria

    •       Inma Cuesta : Ana

    •       Elvira Mínguez

    •       Javier Camara