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affiche Enemy

Enemy

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Un film de Denis Villeneuve,
Avec Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Sarah Gadon,

Genre : Thriller
Durée : 1h30
Canada

En Bref

Après le générique final, l’interrogation persiste. On saisit que la chose qui vient de se produire est étrange et va rester très longtemps ou s’évaporer rapidement. Denis Villeneuve a-t-il signé une œuvre qui prendra place dans la lignée de ces films compliqués néanmoins « chocs » au premier visionnage ?

Pour se faire revoilà Jake Gyllenhaal sous la houlette du canadien dans le thème du double. Promu valeur sûre en matière de suspens avec ses angoissants et réussis Incendies et Prisoners, le réalisateur s’était même fait une place aux Oscars avec ce premier. Là, l’adaptation de L’autre Comme Moi  du nobel portugais Saramengo pouvait promettre de belles perspectives.


Le début est glacial et nous laisse dans la fumée de son précédent film. Les images sont sombres, belles et grisées. La musique revient souvent (comme dans tout le film) et pose un stress ambiant, le décor est placé, on est oppressé dans ce cadre où rien ne semble véritablement vivant. La ville est dans la brume, et il n’y a pas qu’elle. « Le chaos est un ordre qui n’a pas encore été déchiffré ». Cette phrase ouvre Enemy.

Ce problème du double vient quand Adam, professeur, à la vie ennuyeuse essaye de se distraire en visionnant un film conseillé par un collègue. Il n’y trouvera pas de plaisir dans cela mais son sosie. C’est là toute la trame. Alors qu’il mène une vie tranquille tout va être chamboulé en voulant donner du piment à sa vie et en se lançant à la recherche de ce sosie. Cela ne va pas forcément lui apporter de solutions et le prendre dans un engrenage...

L’Enemy est-il le double ? Beaucoup de films ont traité de ce sujet avec plus ou moins d’habilité. Le personnage se retrouve confronté à travers son double à ses craintes et ses obsessions et ne réussit finalement pas tant à tout régler... Enemy fait partie de ses films à double sens, dont la métaphore et la symbolique est plus importante que les simples péripéties.

Le film tient en partie dans ce rythme qui peut paraitre ennuyeux sans l’être, assez caractéristique du réalisateur et qui s’avère pourtant efficace de suspens et fort de maîtrise. Pas grand-chose ne se passe au début et alors que l’action avance et se décante, le film conserve son rythme lent. Ce qui fait que le stress est permanent et un rien nous semble amener quelque chose.

Une française est au casting, Mélanie Laurent, et joue ici le rôle de la femme du professeur. La femme enceinte de l’acteur sosie est joué par Sarah Gadon, aperçu dans Cosmopolis. Le professeur mais également l’acteur c’est Jake Gyllenhaal, dont la particularité est d’avoir les deux rôles principaux. Et dans cet exercice, il brille. Les deux protagonistes sont en apparence différent ce qui demande un registre de jeu large, pourtant dans les cordes de l’acteur américain.

La critique pourrait révélée trop de choses, tant ce dernier est conditionné par le final et notre interprétation. Enemy est beaucoup moins explicite que le précédent et fait plus dans l'étrangeté. Une symbolique importante est donc présente, sur le chaos d’abord. Outre la phrase d’ouverture, l’acteur principal s’interroge via ses cours sur sa provenance et son application. Aussi avec cette mygale tentaculaire qui représente très surement la femme et son emprise. Mais le message que Villeneuve tente de passer n’est pas toujours efficace et le spectateur reste par moment juste tenu par les rebondissements et touché par la beauté de l’œuvre. Cette intrigue en labyrinthe s’éclaircit peu à peu, comme dans ses deux autres films. Là la saveur de cette dernière image reste sur la langue et les interrogations dans la tête... Et si finalement le film du réalisateur était comme le chaos, indéchiffré ?

Clément Simon

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


    Titre original et français : Enemy

    Titre provisoire : An Enemy

    Titre québecois : Ennemi

    Réalisation : Denis Villeneuve

    Scénario : Javier Gullón, d'après L'Autre comme moi de José Saramago

    Direction artistique : Patrice Vermette

    Décors : Sean Breaugh

    Costumes : Renée April

    Photographie : Nicolas Bolduc

    Montage : Matthew Hannam

    Musique : Danny Bensi et Saunder Jurriaans

    Production : M.A. Faura et Niv Fichman

    Sociétés de production : Mecanismo Films, micro_scope, Rhombus Media et Roxbury Pictures

    Société de distribution : Alliance Atlantis

    Pays d’origine : Canada, Espagne

    Langue originale : anglais

    Format : couleur - 35 mm - 2,35:1 - son Dolby numérique

    Genre : thriller fantastique

    Durée : 90 minutes

Distribution

    Jake Gyllenhaal : Adam Bell / Anthony St. Claire

    Mélanie Laurent : Mary

    Isabella Rossellini : la mère d'Adam

    Sarah Gadon (V. F. : Alice Taurand) : Helen

    Jane Moffat : Eve

    Joshua Peace : Carl

    Kiran Friesen : Sad

    Tim Post : Anthony, le concierge

    Darryl Dinn : l'employé du vidéo-shop

    Stephen R. Hart : le videur

    Loretta Yu : la réceptionniste