La tendresse avec laquelle Mia Hansen-Løve, nous livre sa vision de la French Touch est honorable mais manque malheureusement de corps, d'une ligne directrice qui rendrait ces personnages forts et émouvants, aspects qui manquent cruellement à Eden.

Car, si au fur et à mesure que le film se déploie nous parvenons à entrevoir quelque chose de touchant, de singulier dans l'histoire de Paul, les premières séquences manquent cruellement de sens. Manifestement dans sa démarche de laisser vivre les instants musicaux du film, la réalisatrice en oublie presque ses personnages pour ne nous offrir que de longs (trop longs) plans démonstratifs, usant et abusant des plans séquence. Hélas, comme dans les relations amoureuses et la musique, les premières minutes sont capitales et Eden, ne parvient malheureusement pas à capter notre attention.

Le tout survole le sujet sans l'aborder frontalement, et la détresse passagère, ou plus longue, de certains personnages nous semble bien lointaine et souvent trop banale pour nous faire vibrer.
Sous couvert d'un souhait naturaliste et biographique, Mia Hansen-Love oublie d'utiliser ses outils de scénariste et de cinéaste. Le montage est en inertie, les dialogues semblent écrits à la va-vite, et non naturels, comme des clichés de ce que souhaiterait dire cette génération.

L'énergie créatrice de ces artistes est mise à mal dans Eden, elle apparaît au contraire malade et ennuyante.

Finalement trop peu audacieuse malgré quelques séquences réussies, cette fresque nostalgique ennuie bel et bien et prouve qu'à vouloir brasser tant d'années musicalement riches, la réalisatrice se permet des ponts narratifs sûrement un peu trop grands.

Eden laissera sûrement les non-officionados sur le carreau.

Sarah Lehu