C'est l'histoire d’un jeune fils prisonnier, d’un père meurtri, d’un enfant formé ailleurs devenu un combattant légendaire et sanguinaire. C'est ainsi que débute l'histoire de Vlad, l’empaleur de retour chez les siens pour gouverner en homme sage. Le temps de la moisson pour la faucheuse s'achève et celui du retour au foyer où pousser le sillon de la charrue commence. Le guerrier sanguinaire s’efface et enfante un souverain magnanime. Il se pensait en paix, tranquille au cœur de son royaume, en roi pieux.
Disons-le, quand le glaive reste dans le fourreau, les naissances envahissent le pays et les morts oubliés nourrissent la Terre où pousse le blé. La guerre revient aux portes des cités. C’est la dîme versée à l'ennemi sous la forme d'enfants volés à leurs parents pour devenir des guerriers. Vlad se retrouve face à un cruel dilemme comme son père avant lui. Il hésite entre abandonner son fils ou partir en guerre contre un ennemi plus puissant. Les Ottomans, les Turcs ne sont pas prêts à choisir la voie de la négociation. C'est de nouveau le chant des armes et des larmes de sang qui couvriront le sol de la Transylvanie.
Vlad plonge au cœur de la montagne pour affronter une créature prisonnière des forces de la nuit, ouvrir une porte entre les ténèbres et lui. Il donne sa vie et son âme pour un pouvoir supérieur qui lui permet de vaincre son adversaire. Il pourra revenir, une fois le temps écoulé, à sa condition humaine et lever la malédiction. Pour cela il ne devra pas franchir le portail des Enfers, en évitant de boire du sang humain, ce qui le conduirait dans l’antre du démon. C'est le dilemme qu’affronte le Seigneur de la Transylvanie, se transformera-t-il en Dracula ? Où préservera-t-il son humanité pour redevenir un homme ordinaire ?
« Il n'y a aucune différence entre cette vie et la suivante puisque nous sommes nés de la précédente ».
Dracula Untold revient aux sources de la légende historique, pour composer une nouvelle version où le bien et le mal s'affrontent à travers l'amour, dans la lignée de Francis Ford Coppola, dans une version plus proche de la série B. La première partie renoue avec l'histoire comme pour Athènes sacrifiant ses jeunes enfants au roi Minos. Le père de Vlad n'a d'autre choix que d'envoyer son fils chez l'ennemi. Le film mélange le récit antique et la réalité historique d'un personnage et d'un royaume aux portes de l'Occident. Il n'hésite pas à empaler ses ennemis, faisant courir la légende d'un homme sanguinaire et sans pitié. Le récit s'appuie sur la réalité historique pour construire une nouvelle légende entre Shakespeare et le film d'action pur et dur. C'est aussi la notion de sacrifice.
Pour sauver son peuple et son fils, il ne voit d'autre issue que celle de plonger dans les ténèbres. Dans la réalité, pour stopper l'invasion ottomane, Vlad l’empaleur bascule dans une montée en puissance de la peur et de la violence. Le film restitue cette idée du basculement d'une âme noble au cœur des ténèbres. C'est d'ailleurs son amour, la reine, qui lui demande l'ultime sacrifice, la damnation éternelle. Dans ce sens, il confronte donc le bien et le mal, dans toutes les nuances de gris qui les séparent. La grande question qu'il pose reste de savoir si l'homme de bien doit devenir un barbare pour affronter le mal.
Il nous interroge aussi sur ce grand sentiment qu’est l'amour, celui de notre bien-aimé, celui de nos enfants. Nous retrouvons la notion de famille et du sacrifice du patriarche pour préserver son bonheur. Dracula Untold est donc un film beaucoup plus subtil que nous le pensions, derrière le clinquant de l'action, se cache une vraie interrogation. Il n'en oublie pas d'être un divertissement et nous propose une mise en scène flamboyante emportée dans un ouragan d'images qui tiennent le spectateur en haleine d'un bout à l'autre. Il fait même parfois montre de bonnes idées, de cadrages sympathiques, comme le reflet de la bataille dans la lame d'une épée. C'est donc une nouvelle version qui mérite que l'on s'y attarde.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
- Luke Evans : créer une légende
- Ouverture alternative
- Scènes coupées
- Un jour dans la vie de Luke Evans
- Dracula revient
- 1000 victimes
- Le monde de Dracula
- Commentaires du réalisateur Gary Shore et du chef décorateur François Audouy
Titre original : Dracula Untold
Titre français : Dracula Untold
Réalisation : Gary Shore
Scénario : Matt Sazama et Burk Sharpless d'après Dracula de Bram Stoker
Direction artistique : François Audouy
Décors : Paul Inglis
Costumes : Ngila Dickson
Photographie : John Schwartzman
Son :
Montage : Richard Pearson
Musique : Ramin Djawadi
Production : Michael De Luca
Sociétés de production : Michael De Luca Productions
Distribution : Universal Pictures
Pays d’origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur - 35 mm
Genre : Film fantastique
Durée : 1h32
Distribution
Luke Evans (V. F. : Raphaël Cohen) : le comte Dracula
Sarah Gadon : Mirena
Samantha Barks : Baba Yaga
Charles Dance (V. F. : Féodor Atkine) : le vieux vampire
Dominic Cooper : Mehmed
Zach McGowan : Shkelgim
Charlie Cox
Art Parkinson
Paul Kaye : frère Lucian
Dilan Gwyn : le gouverneur
Noah Huntley : le capitaine Petru
Joana Metrass : Handmaiden
Diarmaid Murtagh : Dimitru
Ronan Vibert : Simion « The Wise »