Depuis quelques années, les séries télévisées à succès ont été portées à l’écran avec plus ou moins de bonheur. La transposition sur grand écran de la désormais mythique série « Downton Abbey » est, elle, fidèle aux mésaventures de la famille Crawley, puisqu’écrite par le même scénariste, le britannique Julian Fellowes.
Ce long métrage, réalisé par l’américain Michael Engler, n’est pas une reprise des épisodes, mais bel et bien une suite avec, qui plus est, les mêmes comédiens. Julian Fellowes reprend donc son intrigue, là où il l’avait achevée, soit au 52è et dernier épisode de la sixième saison, diffusé en décembre 2015. A situation exceptionnelle, il fallait bien une intrigue exceptionnelle et même royale ; alors qu’imaginer de mieux que la visite du roi George V et de la reine Mary au château, pour ébranler tout ce petit monde.
Nous sommes alors en 1927, dans un pays très attaché à leurs souverains, la nouvelle provoque donc un émoi considérable. L’appréhension - mêlée à une certaine excitation - de recevoir comme il se doit le couple royal se ressent aussi bien chez les Crawley que chez le personnel. Car là se situe l’ADN de « Downton Abbey », deux mondes qui se côtoient tout au long de la journée et vivent sous le même toit, les maîtres et les domestiques - ceux d’en haut et ceux d’en bas, en quelque sorte. Thème cher à Julian Fellowes, qui avait écrit quelques années auparavant le scénario de « Gosford Park » réalisé par Robert Altman et qui lui valut un Oscar en 2002.
Le film distille une escalade de scandale, attentat déjoué, vol, conspiration, sabotage, tromperies, mesquinerie, manigances en tout genre voire blagues potaches, pendant deux heures. Autant d’intrigues secondaires qui auraient pu être développées dans six épisodes. Mais le plus passionnant dans Downton, c’est l’étude des mœurs de la société britannique à travers le prisme d’une famille d’aristocrates et de leurs serviteurs, en ce début de XXè siècle. Comment l’on vit, comment tenir son rang, comment s’élever au sein même de sa hiérarchie, qu’est-il convenable de faire ou de ne pas faire ? La mécanique est bien huilée, chacun est à sa place.
Seulement, la grande guerre a insufflé un vent de changement radical, c’est la fin d’une époque. Place à la modernité avec les conséquences qu’elle entraîne dans son sillage. Les femmes de toutes les classes sociales coupent leurs cheveux, raccourcissent leurs robes et bannissent les corsets, elles demandent le droit de vote, elles écrivent et peuvent même prendre la direction d’un journal. Même les princesses peuvent épouser des bergers. « Choking !» Ce mot (littéralement : je suffoque) aurait pu être déclamé par la douairière Violet Crawley (magnifique Maggie Smith) gardienne des convenances, dans lesquelles elle a été élevée. C’est d’ailleurs certainement à elle qui revient la palme des meilleures répliques. Les dialogues sont savoureux, les bons mots font mouche. La finesse de l’écriture n’a d’égal que le souci du détail apporté aux costumes. Il ne manque ni un rang de perles, ni un diadème. Les robes délicieusement art déco côtoient les robes empesées de la noblesse fin de siècle.
Et c’est en ce sens que le film mérite aussi toute notre attention.
Véronique Regoudy-Bazaia
Titre original : Downton Abbey
Réalisation : Michael Engler
Scénario : Julian Fellowes d'après sa série éponyme et librement inspiré de faits réels
Photographie : Ben Smithard
Montage : Mark Day
Directeur artistique : Simon Walker
Directrice de casting : Jill Trevellick
1er assistant réalisateur : Toby Ford
Maquilleuse : Annette Field
Concepteur de production : Donal Woods
Régisseuse générale : Valentina Coccia
Production : Julian Fellowes, Gareth Neame et Liz Trubridge
Coproduction : Mark Hubbard
Producteur délégué : Nigel Marchant
Sociétés de production : Carnival Films et Focus Features
Sociétés de distribution : Focus Features ; Universal Pictures International
Pays d'origine : Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : drame historique
Durée : 123 min
Dates de sortie : 25 septembre 2019
Distribution
Famille Crawley
Hugh Bonneville (VF : Patrick Bonnel) : Lord Robert Crawley, comte de Grantham
Elizabeth McGovern (VQ : Isabelle Leyrolles) : Lady Cora Crawley (née Levinson), comtesse de Grantham
Michelle Dockery (VF : Ingrid Donnadieu) : Lady Mary Josephine Talbot (née Crawley), fille aînée de Lord et Lady Grantham
Laura Carmichael : Lady Edith Pelham (née Crawley) marquise d'Hexham, fille cadette de Lord et Lady Grantham
Maggie Smith : Lady Violet Crawley comtesse douairière de Grantham, mère de Lord Grantham
Penelope Wilton : Isabelle Grey (ex Crawley) (Isobel Grey) Lady Merton
Allen Leech : Tom Branson, ancien chauffeur, époux puis veuf de Lady Sybil, co-gestionnaire du domaine et associé d'Henry
Matthew Goode : Henry Talbot,ancien joueur-automobiliste , second époux de Lady Mary et beau-père du petit George
Oliver et Zac Barker : George Crawley, premier né de Lady Mary qu'elle a eu avec son premier époux : Mathieu Crawley
Domestiques
Jim Carter : Charles « Charlie » Carson ex-majordome de Downton, époux d'Elsie Carson
Phyllis Logan : Elsie Carson (née Hughes), gouvernante, épouse de Charles Carson
Brendan Coyle (VQ : Tristan Harvey) : John Bates valet de chambre de Lord Grantham, époux d'Anna Bates
Rob James-Collier (VF : Stéphane Pouplard ; VQ : Frédérik Zacharek) :Thomas Barrow, majordome de Downton
Joanne Froggatt (VF : Olivia Luccioni) : Anna Bates (née Smith), femme de chambre de Lady Mary, épouse de John Bates
Lesley Nicol : Beryl Patmore, cuisinière
Sophie McShera : Daisy Mason (née Robinson), cuisinière
Kevin Doyle (VF : Jean-François Lescurat) : Joseph Molesley
Raquel Cassidy : Phyllis Baxter, femme de chambre de Lady Grantham
Jeremy Swift : Spratt (coupé du scénario )
Sue Johansson : Miss Denker (coupée du scénario)
Autres
Imelda Staunton : Lady Bagshaw
Geraldine James : Mary de Teck
Kate Philipps (VF : Bénédicte Bosc) : Mary du Royaume-Uni
Simon Jones : George V
David Haig (VF : Patrice Dozier) : Wilson
Tuppence Middleton : Lucy
Stephen Campbell Moore :