Discount

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Un film de Louis-Julien Petit ,
Avec Olivier Barthelemy, Corinne Masiero, Pascal Demolon,

Genre : Comédie
Durée : 1h45
France

En Bref

Le glas du discount a-t-il sonné aux cloches du monde, les petits prix pâtissent aussi de la gestion supermarché avec la venue des caisses enregistreuses et la restriction budgétaire. Sofia sous la pression de sa hiérarchie doit couper dans le personnel, choisir les têtes qui tomberont au couperet de la world company. C’est une décision pas facile et pas très dans l’esprit du Discount des petits prix pour des petites bourses. Sous la poussée des hautes instances, des franchises à bas coût, elle passe à l’acte et taille dans la masse en commençant par les plus anciens, les moins rentables. Le troisième millénaire est loin d’être solidaire et spirituel comme le disait un homme célèbre.

Le fric c’est chic et ça demande des sacrifices sur l’autel de la mondialisation. Gilles, Christiane, Alfred, Momo et Emma devront bientôt pointer dans un nouveau pôle ! Ils décident de ne pas laisser le destin les arnaquer une nouvelle fois. Ils prennent le taureau par les cornes et se lancent dans une campagne à la Robin des Bois des temps modernes. C’est décidé, ils créent leur propre Discount alternatif à bas prix en se servant dans les invendus, les périmés, les dates limites, comme eux face à leur employeur. Leur prime de licenciement, ils se la fabriquent tout seuls et aident des milliers d’autres damnés de la terre en créant “Épicerie solidaire”. L’idée tiendra-t-elle encore longtemps, le système risque d’éradiquer ce virus rapidement.

Discount bénéficie d'un très petit budget, le réalisateur et la productrice Liza Benguigui font appel à la générosité du public pour financer la postproduction. La campagne récolte 25 400 euros et compte 184 coproducteurs supplémentaires. Dans la veine de la comédie sociale anglaise, nous pensons à Ken Loach, ou au Full Monty, Discount s’inscrit comme un film sympathique malgré ses défauts. Le projet est sincère, porté par ses comédiens et son réalisateur. L’esprit bande dessinée et le bon choix du casting effacent les petits travers d’un premier film. Parfois les personnages ressemblent à des portraits déjà évoqués dans d’autres récits. Nous retrouvons le beau gosse et son père, la mère de famille, le petit gars naïf, toutes les classes de la société issues des grands ensembles.

Entre l’esprit Robin des Bois, à savoir donner aux pauvres les biens des riches et des pieds Nickelés, il finit par trouver son ton. Le réalisateur évite malgré tout de tomber dans la caricature et tente de prendre une autre voie. C’est une comédie dans l’air du temps avec d’un côté la société de gaspillage et de l’autre la mondialisation à laquelle n’échappent pas les discounts. Il montre la fracture entre le discours de départ, des produits à petit prix pour les plus démunis, l’accès à une marchandise compétitive, face aux super et hypermarchés. Il connaît ses heures de gloire au point que les grosses enseignes créent leurs bas prix. Il finit par montrer ses limites, et se retrouve broyé par la world company. Nos héros, comme nous tous, rêvent d’une vie normale, ne plus survivre, mais tenter d’atteindre cette inaccessible étoile d’une vie meilleure.

Chacun traine sa misère, sa douleur comme une croix parcourant son Golgotha pour accéder au sommet d’une montagne où l’horizon se nomme espérance. Comme le dit la chanson, debout les damnés de la terre, la solidarité et la perte de l’emploi jouent le lien qui réunit ces parcours différents dans un même but. Ils souhaitent ne plus être les victimes, mais devenir les maitres de leur destinées, ne plus subir, mais agir. Le film montre bien comment chacun hésite à un moment ou un autre entre l’argent et la cause. L’intérêt du film réside dans la manière dont chacun finit par s’inscrire dans un projet plus grand. Il renvoie à notre société d’aujourd’hui, quel monde souhaitons-nous pour nos enfants, mais aussi pour nous-mêmes. Entre l’argent et le bonheur il nous faudra bien construire un monde nouveau où chacun trouvera sa place. Discount est donc un film sincère, il mérite d’être encouragé. Louis-Julien Petit ne peut que se bonifier avec le temps, donnons-lui les moyens de le faire.

Patrick Van Langhenhoven