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affiche Démolition

Démolition

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Un film de Jean-Marc Vallée ,
Avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h41
États-Unis

En Bref

Pour Davis banquier d’affaires et sa femme, la vie est belle. Unis par un amour tendre et indéfinissable c’est un printemps éternel. L’existence est une traitresse qui n’aime pas le bonheur, une voiture, un camion, un choc et vient le temps de la douleur. L’âme vide, le cœur perdu à la mort de sa bien-aimée, il ne ressent plus rien. Pas de larmes, pas de douleur, il ne reste que la rage au fond de soi. Petit à petit elle grandit, chasse tout, hurle sa rancœur à la vie. Un distributeur refuse de livrer sa barre chocolatée et le monde explose. La meute hurlante jaillit du terroir de l’oubli. Il écrit une lettre de réclamation à l’entreprise contenant beaucoup plus qu’une simple réclamation.

Elle crache tout ce bonheur perdu, jeté par la mort dans le port de l’enfer. Elle raconte l’amour si fort, si beau qui ne reviendra plus. Derrière son bureau, Karen finit par accepter le contact avec cet inconnu en souffrance. Peu à peu, dans le vide qui envahit sa vie, Davis trouve un point d’ancrage près de Karen et son fils de 15 ans, Chris. Ce dernier cache aussi une blessure, un mal-être qui érode son cœur. Davis et Chris se comprennent, deviennent complices et finissent par emprunter le même chemin pour se révéler pour le garçon ou renaitre pour l’homme perdu. Davis trouve un drôle de moyen pour évacuer les ténèbres et le vide qui l’envahissent et enfin sourire de nouveau à la vie.


Depuis ses débuts, Jean-Marc Vallée s’intéresse aux personnages en marge, hors norme, touchant souvent le fond. C.R.A.Z.Y son premier film et la difficulté d’être soi, Café de Flore, Dallas Buyers Club creusent ce sillon prenant à chaque fois un angle différent. Wild est sans doute celui qui se rapproche le plus de Démolition où déjà une jeune femme à bout de souffle réalise l’impossible pour s’en sortir. Démolition est une métaphore d’un personnage qui pour redonner un sens à une vie perdue applique à la lettre le message de son beau-père. Démonter sa vie pour la reconstruire, c’est donc dans la démolition qu’il se lance, fracassant les murs comme son existence.

La mort de sa femme lui enlève une part de son âme et son envie de vivre. C’est l’histoire d’un paradis perdu, d’un Eden où la mort chasse Davis dans notre monde. Peu à peu il perd le goût de tout, se retrouve à s’accrocher à cette lettre qui raconte plus qu’une réclamation. Elle devient l’histoire d’un bonheur s’effaçant dans les méandres du temps qui n’a peut-être jamais existé. Il n’a sans doute jamais été que son utopie le rendant aveugle à la réalité. C’est un peu ce que la fin nous révèle. Il a peut-être construit lui-même ce monde idéal, cette existence sans faille qui tout à coup éclate. La mort de sa compagne l’éloigne de la réalité. Il perd pied, ne trouve plus rien de désirable, le néant devient son unique chant futur. Nous allons assister à sa renaissance, sa rédemption comme Cheryl dans Wild, Ron dans Dallas Buyers Club, en partie Zachary de C.R.A.Z.Y ou Jacqueline et Antoine de Café de Flore.

Nous le voyons, cette thématique semble le point central de son œuvre. Avec Démolition il applique à la lettre l’idée de démonter et reconstruire une nouvelle vie. Davis se lance dans la démolition d’abord sur des chantiers, fracassant les murs, démontant les maisons du bonheur. Il finit par détruire sa propre demeure, métaphore symbolique de ce monde matérialiste qui était le sien. Cette dernière phase  arrive au moment où s’ébauche peut-être une nouvelle histoire avec Karen. La clef pour ouvrir la porte à tout cela est la lettre où il épanche son cœur et raconte son bonheur. Les mots conduisent à l’action, la parole aux actes, au bout de la route, il trouve la voie du renouveau.  Nous retrouvons tout le cinéma de Jean-Marc Vallée comme dans C.R.A.Z.Y, là aussi un jeune garçon finit par s’accepter tel qu’il est. Le film peut paraître assez complexe dans sa lecture, mais l’interprétation de Jake Gyllenhaal appuyé par Naomi Watts et Chris Cooper nous aide à ne pas perdre le fil. 

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Titre original : Demolition

    Réalisation : Jean-Marc Vallée

    Scénario : Bryan Sipe

    Direction artistique : John Paino

    Décors : Robert Covelman

    Costumes : Leah Katznelson

    Montage : Jay M. Glen

    Photographie : Yves Bélanger

    Production : Lianne Halfon, Sidney Kimmel, Thad Luckinbill, Trent Luckinbill, John Malkovich, Molly Smith, Russell Smith et Jean-Marc Vallée

    Sociétés de production : Black Label Media, Sidney Kimmel Entertainment et Mr. Mudd

    Sociétés de distribution : Fox Searchlight Pictures (États-Unis), 20th Century Fox France (France)

    Pays d’origine : Drapeau des États-Unis États-Unis

    Langue originale : anglais

    Format : couleur

    Genre : drame

    Durée : 100 minutes

    Dates de sortie: 6 avril 2016

Distribution

    Jake Gyllenhaal : Davis Mitchell

    Naomi Watts : Karen Moreno

    Chris Cooper : Phil

    Brendan Dooling : Todd Koehler