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affiche Débarquement immédiat

Débarquement immédiat

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Un film de Philippe de Chauveron ,
Avec Ary Abittan, Medi Sadoun, Cyril Lecomte,

Genre : Comédie
Durée : 1h30
France

En Bref

José et son copain Guy s’occupent de raccompagner dans leur pays des sans-papiers, clandestins. Après un passage en centre de rétention, ils se chargent de les ramener à la maison. Un boulot comme un autre, c’est plus une situation provisoire pour José qui espère rejoindre la célèbre BRB. Son rêve risque de bientôt être exaucé après une reconduite à la frontière de Karzaoui. Lundi il intègre la prestigieuse brigade de répression du banditisme. Il lui reste quelques petits problèmes à régler pour que le ciel soit au beau fixe. D’abord, faire comprendre à sa femme qui l’a viré que c’était une erreur. La fille était juste en sous-vêtements et c’était une mauvaise idée de son coéquipier Guy. Lui, il ne cavale pas l’hôtesse de l’air ou autre forte poitrine !

Il l’aime sa Maria et allez, il est même prêt à l’épouser. Maria pour l’instant reste difficile à convaincre. Il ne faudrait pas la prendre pour une pigeonne ! Alors quand Karzaoui se plaint de ne pas être Afghan, ça lui passe au-dessus de la tête. Ce n’est pas moi monsieur, j’ai juste volé les mauvais papiers d’un migrant. Le voleur pris à son propre piège, ça lui passe par-dessus la tête. Notre émigré sans papiers veut bien retourner au pays, mais dans le bon, dans sa Kabylie natale. Comble du bonheur pour le spectateur, la route se retrouve jalonnée de nombreuses péripéties et non de péripatéticiennes. L’avion, à cause d’une panne se retrouve à Malte où Kerzaoui profite de l’escale pour faire le maximum pour s’évader. Ce n’est peut-être pas demain que notre pauvre José, embarqué dans tout ce méli-mélo, retrouvera sa Maria et la BRB comme le rivage s’éloigne de plus en plus.


Après le succès surprise de Qu'est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron tente de surfer sur la vague et ça se voit. Nous retrouvons les mêmes thématiques autour du racisme et de l’émigration. Le gag est facile et sympa, on joue une fois de plus sur la discrimination, le doute, et la fidélité. Le cocu est toujours bon client au numéro de clown. Les clichés, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle, comme le steward homosexuel, le quadra cavaleur, les filles, la drague facile au bord de la piscine, la séquence défonce, etc. Pour autant, le film est un bon divertissement pour l’été, une comédie agréable à voir, même.

L’accent berbère caricatural, ça fatigue à la longue. Jusqu'à maintenant, Philippe de Chauveron était réputé pour ses Ducobu, version correcte de la bande dessinée  pour un public jeune et convaincu. Le succès surprise de Qu'est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, le propulse sur le devant de la scène, faisant croire qu’il est le prochain Gérard Oury. C’est vite oublier le reste de sa filmographie, Les Parasites avec Elie Simoun, L’Amour aux trousses, avec Jean Dujardin ou sa production comme scénariste La Beuze par exemple. Il était donc attendu et tout jouait en sa défaveur, sortie en catimini le 13 juillet, une promo quasi absente, et rien sur les réseaux sociaux, comme il se doit. En général, les sorties à cette époque relèvent le plus souvent du fond de tiroir, du film raté à cacher, profitant de l’élan festif du 14 juillet. Philippe de Chauveron ne s’inscrira pas dans la relève de la comédie française, pour l’instant il aura un bon coup à son actif.

Pourtant Débarquement immédiat n’est pas une mauvaise comédie, elle remplit son contrat un film pour l’été où le spectateur ne refera pas la société, mais passera un bon moment. Le trio Ary Abittan, Medi Sadoun, Cyril Lecomte fonctionne bien, mais nous sommes loin de La Chèvre, La Zizanie, incontournables d’un certain âge d’or. S’il rate son regard sur la société dans Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, il s'attaquait à la frilosité franchouillarde face aux mariages mixtes. Il loupe ce qui aurait pu être une autre source de crispation d'une partie de la société française : les sans-papiers. Si le rire ne s’envole pas aux éclats, il reste quelques petits moments sympathiques mais aussi des égarements, comme la fuite en bateau qui n’était pas nécessaire. À l’inverse, le passage en centre de rétention demandait un développement plus approfondi et aurait permis de dénoncer un sujet brûlant. Nous avons peut-être une fois de plus un scénario qui réclamait plus de temps pour gagner en qualité.  Il faudra donc attendre la prochaine production pour savoir si le succès était dû simplement au hasard. Une comédie de l’été, c’est comme les amourettes sur la plage, elles s’oublient à la rentrée. 

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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