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affiche The Dead Lands

The Dead Lands

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Un film de Toa Fraser ,
Avec James Rolleston, Lawrence Makoare, Te Kohe Tuhaka,

Genre : Historique
Durée : 1h47
Nouvelle-Zélande

En Bref

Dans l’ombre de la terre des morts règne un démon maléfique interdisant tout passage. Autrefois vivait une tribu paisible, transformée en autant d’âmes errantes silencieuses marquées du signe de l’infamie. Elle fut anéantie, rayée du monde des vivants par le diable maori. Aujourd’hui les fantômes errent, dévorant les vivants que le guerrier démon épargne. Aujourd’hui la tribu du jeune Hongi, fils du chef, n’existe plus non plus, rayée de la carte par Wirepa, un ennemi venu pour signer la paix. Il apporte la mort. Hongi, seize printemps, est le dernier de sa tribu.

Sur lui repose la soif de la vengeance, s’il ne veut pas que les siens errent dans les limbes entre vivants et morts. Wirepa, guerrier orgueilleux, fils de chef lui aussi, brave les fantômes en passant sur leur terre. Hongi quémande l’aide du guerrier sans nom, ogre sanguinaire. Il finit par guider le garçon sur la terre de néant, dans une quête pour apporter le repos aux âmes de sa tribu. Est-ce une façon de payer sa dette ? Le retour de Wirepa se transforme en longue trainée de sang et s’achève au centre de la terre de malédiction, là où les hurlements des damnés semblent les plus aigus !  


Le cinéma maori baigne dans la violence et le sens de l’honneur marquant la quête des origines comme dans L’âme des guerriers. Le cinéma maori comme le cinéma amérindien puise sa source dans ses racines pour narrer la quête de l’âme d’un peuple. Les quelques films qui nous parviennent racontent la difficulté de vivre aujourd’hui ou de se confronter à l’envahisseur comme Utu. Sur les pas d’Apocalypto, Rapa Nui, Bang Rajan, The Dead Lands prend sa source dans les brumes des premiers pas. Toas Fraser propose un film magnifique, mélange de spiritualité, de légendes, d’histoire, et de cinéma d’art martial. La violence s’incarne au cœur d’un paysage, celui de la Nouvelle-Zélande, les forêts profondes où le bois, la pierre et le végétal s’enlacent aux premiers feux du monde.

Dans le choc des combats, la parole parle du respect et de la tradition, du poids des ancêtres comme dans les sociétés asiatiques ou amérindiennes. La lignée, la trace laissée par les anciens évoque le cœur sur lequel le Maori construit sa vie. Une partie des tatouages représente la route des ancêtres, chaque Maori peut citer sa descendance, du premier homme et de la première femme à aujourd’hui. C’est ainsi que le film s’ouvre sur le devoir aux morts. Dans leur quête Wirepa et Hongi se ressemblent, sauf que le premier vient en chien trompeur. Nous retrouverons en écho le même cheminement du jeune garçon et du guerrier du pays des morts. Ces deux tribus sont effacées de la carte et sur les épaules du survivant repose le devoir de mémoire.

C’est le parcours initiatique, spirituel et guerrier d’un jeune Maori. Le guerrier de la terre des morts devient le guide et le formateur du jeune homme. Il remet son sort entre ses mains et Hongi devient à son tour le gardien de son âme perdue. Nous retrouvons le cheminement des héros de la table ronde ou du disciple révélant une autre part de l’âme du maitre. L’un et l’autre sont liés étroitement dans leur progression spirituelle. A la fin, le disciple devient le guide du maître. Toa Fraser construit une grammaire cinématographique s’appuyant sur trois formes différentes, la spiritualité souvent aux lueurs des flammes. La parole se délie, parle toujours des ancêtres, des âmes perdues, de l’honneur bafoué, d’actes que les pères imposent au fils. La figure de la grand-mère morte rappelle le devoir des vivants aux morts.

  La violence d’une société archaïque où la chair de son ennemi représente le mets le plus délicat. Le cannibalisme est une partie indissociable de la société, manger les morts c’est leur faire honneur. Nous pouvons penser que derrière se cache le mythe qu’en dévorant son ennemi on lui vole sa force et son âme. La vie est marquée par les luttes incessantes. Le guerrier sans nom transforme le jeune garçon peureux en un illustre combattant. C’est un maitre du Mau rākau, cet art martial lié à l’utilisation des armes traditionnelles maories. La plus belle séquence demeure celle d’un affrontement dans un petit lac aux rayons de la lune. Il représente la métaphore de The Dead Lands. La caméra s’approche du film d’art martial avec le fameux haka pour se moquer de l’ennemi.

Toa Fraser impressionne quand il en saisit les gestes, langue vivace, gestes amples, ballet de mort avant le choc primaire, animal. Nous apprendrons qu’il exprime beaucoup plus qu’une simple danse, c’est une autre partie de l’âme du Maori. Chaque tribu possède le sien. Enfin, troisième élément, la nature, l’espace entre prairies et montagnes, forêts et torrents, pierres et mousse, arbres et fleurs. Elle marque chaque chapitre comme la caméra de Terrence Malick dans La ligne rouge. Toa Fraser construit un film où, derrière la violence, se cache l’âme des guerriers et des Maoris.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
4
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format DVD-9
Langues Audio : Maori Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Le Pacte, The Jokers

Bonus :

 Making of (28')    

Le réalisateur et son équipe reviennent sur la genèse du film.

"La renaissance de la culture Maori" (53') 

C’est un magnifique  voyage au cœur du renouveau identitaire de la culture Maori. Derrière les images d’Épinal, le Haka des All Blacks se cache une société plus complexe que nous découvrons à travers ce très beau reportage, très juste.

Titre original : Hautoa

Titre français : The Dead Lands - La Terre des Guerriers

    Réalisation : Toa Fraser

    Scénario : Glenn Standring

    Décors : Grant Major

    Direction artistique : Brendan Heffernan

    Costumes : Barbara Darragh

    Montage : Dan Kircher

    Musique : Don McGlashan

    Photographie : Leon Narbey

    Son : Lee Herrick

    Production : Matthew Metcalfe et Glenn Standring

    Sociétés de production : Matthew Metcalfe, Glenn Standring

    Sociétés de distribution : Modèle:New Zeland-d Transmission Films

    Pays d’origine : Nouvelle-Zélande

    Langue originale : Maori de Nouvelle-Zélande

    Format : couleur - 2,35:1 - son Dolby numérique

    Genre : Film d'action

    Durée : 108 minutes

    Dates de sortie : 29 Juillet  2015

Distribution

    James Rolleston : Hongi

    Lawrence Makoare : le guerrier

    Te Kohe Tuhaka : Wirepa

    Xavier Horan : Rangi

    George Henare : Tane

    Rena Owen : la grand-mère