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affiche De toutes nos forces

De toutes nos forces

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Un film de Nils Tavernier,
Avec Jacques Gamblin, Alexandra Lamy, Fabien Héraud,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h30
France

En Bref

Comme tous les adolescents, Julien rêve d’aventures et de sensations fortes. Mais lorsqu’on vit dans un fauteuil roulant, ces rêves-là sont difficilement réalisables. Pour y parvenir, il met au défi son père de concourir avec lui au triathlon « Ironman » de Nice : une des épreuves sportives les plus difficiles qui soit. De son côté, Paul vient de perdre son boulot de technicien sur les téléphériques de France. Taciturne et indépendant, il vit mal son retour brutal au bercail et la promiscuité avec une famille trop étrangère. Lui qui jusqu’à présent ne s’était jamais vraiment occupé de son fils va trouver dans le défi que lui lance Julien une ultime chance de se racheter. Autour d’eux, c’est toute une famille qui va se reconstruire pour tenter d’aller au bout de cet incroyable exploit.

Devant un tel axiome, on est forcé de voir venir les bons sentiments avec leurs gros sabots, les grands moments d’enthousiasme, de doute et les rapprochements touchants… Et en effet, tout y est, en rang et au garde à vous. Notre manque d’enthousiasme était d’autant plus légitime qu’on retrouve à la réalisation le documentariste Nils Tavernier (fils de Bertrand), coupable d’Aurore, son premier long, mais aussi des tours de force Tout près des étoiles ou encore Que reste-t-il de nos erreurs ?. C’est peu dire que l’homme est engagé ! Et pourtant, alors qu’on redoutait un film à thèse sur le handicap aux leçons de morale simplistes et à l’apitoiement manifeste, on a plaisir à découvrir une leçon d’humanité pudique dont l’énergie et le courage sont les principaux moteurs. Crédible jusqu’à l’os, De toutes nos forces nous ouvre une page de vie avec ses embuches, ses petites et grandes victoires et ses remises en question, incarnée par des humains formidables. Complètement inoffensif oui, mais redoutablement généreux.


Comme tous les adolescents, Julien rêve d’aventures et de sensations fortes. Mais lorsqu’on vit dans un fauteuil roulant, ces rêves-là sont difficilement réalisables. Pour y parvenir, il met au défi son père de concourir avec lui au triathlon « Ironman » de Nice : une des épreuves sportives les plus difficiles qui soit. De son côté, Paul vient de perdre son boulot de technicien sur les téléphériques de France. Taciturne et indépendant, il vit mal son retour brutal au bercail et la promiscuité avec une famille trop étrangère. Lui qui jusqu’à présent ne s’était jamais vraiment occupé de son fils va trouver dans le défi que lui lance Julien une ultime chance de se racheter. Autour d’eux, c’est toute une famille qui va se reconstruire pour tenter d’aller au bout de cet incroyable exploit.

Devant un tel axiome, on est forcé de voir venir les bons sentiments avec leurs gros sabots, les grands moments d’enthousiasme, de doute et les rapprochements touchants… Et en effet, tout y est, en rang et au garde à vous. Notre manque d’enthousiasme était d’autant plus légitime qu’on retrouve à la réalisation le documentariste Nils Tavernier (fils de Bertrand), coupable d’Aurore, son premier long, mais aussi des tours de force Tout près des étoiles ou encore Que reste-t-il de nos erreurs ?. C’est peu dire que l’homme est engagé ! Et pourtant, alors qu’on redoutait un film à thèse sur le handicap aux leçons de morale simplistes et à l’apitoiement manifeste, on a plaisir à découvrir une leçon d’humanité pudique dont l’énergie et le courage sont les principaux moteurs. Crédible jusqu’à l’os, De toutes nos forces nous ouvre une page de vie avec ses embuches, ses petites et grandes victoires et ses remises en question, incarnée par des humains formidables. Complètement inoffensif oui, mais redoutablement généreux.

S’il est manifestement engagé, Nils Tavernier n’en est pas pour autant complaisant en privilégiant dans De toutes nos forces une approche du handicap moins frontale, plus universelle, sans pour autant éluder la question. Un point de vue qui dépasse le simple cadre de l’infirmité pour véhiculer à travers la compétition des valeurs universelles : le dépassement de soi, la solidarité, l’ambition… Au cœur du récit, il y a donc cette nécessité intrinsèque de se dépasser, d’outrepasser ce à quoi on est destiné pour viser plus grand, plus haut. Pour arriver à ce résultat, Tavernier nous débarque dans un plan d’ouverture vibrant montrant, au petit matin, la foule de concurrents au départ de la course, dans une tension et une excitation palpables. Durant cette courte séquence d’ouverture, figure de renaissance et de réussite, Tavernier va prendre en quelque sorte le spectateur en otage pour le parachuter un an plus tôt, dans un quotidien routinier et isolé. Forcé de suivre la trajectoire sans fissure de cette relation certes sincère et juste mais jamais étonnante, on constate qu’il n’y a pas de place au désordre dans l’ouvrage. En attestent une structure en diptyque classique (phase de préparation et compétition) et une mise en scène prévisible (caméra figée en intérieure et virevoltante à l’extérieur). Le film prend une toute autre dimension dès lors qu’il se recentre sur le point de vue de Julien et ce combat qu’il mène pour attirer son père à lui. En dépit du handicap, Tavernier fait du jeune garçon une figure d’identification pour tous ceux qui ont un jour ressenti l’exclusion. Sans emphase ni pathos, quelques plans suffisent à nous faire comprendre l’essentiel de son quotidien — là où certains auraient joué la surdose et insisté sur les difficultés du handicap­ — pour se concentrer sur la partie épique. Au delà de la beauté du geste, le film transcende surtout à travers un second souffle qui trouve écho au sein même de ses personnages. Jacques Gamblin, au top de sa forme physique, est visiblement porté par la bonne humeur communicative de son compagnon et compose avec juste ce qu’il faut de sensibilité, de pudeur et de retenue. En face, Alexandre Lamy ne démérite pas non plus en véritable pilier central de cette famille en reconstitution, fait de rage, de peur et de doute. 

Véritable plaidoyer contre l’indifférence, De toute nos forces met la compétition sportive au service d’un combat plus large, l’indifférence et place la cohésion familiale au cœur du récit, à l’heure où les repères traditionnels viennent à manquer. En cela, Nils Tavernier nous livre une leçon de vie, légèrement romancée mais pas moralisatrice pour un sou, une histoire de courage et d’amour qui saura toucher même les plus récalcitrants.

Eve BROUSSE

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : aucun
Edition : Pathe Distribut

Nous regrettons le manque de Bonus.

Ciné région : Comment est né ce projet ? Vous aviez déjà fait une fiction de l'ordre du conte et de la danse, ainsi qu'un documentaire sur la danse également.

Nils Tavernier : J'ai beaucoup travaillé sur le mouvement, l'enfermement et la danse. J'ai fait principalement des films sur l'exclusion et c'est vrai que j'aime bien revenir à la danse et à la beauté du geste. Ici, dans De toutes nos forces, je reste malgré tout sur ces thématiques, c'est un film qui est quand même fondamentalement basé sur le mouvement.

CR : Qu'est ce qui vous a intéressé dans ce sujet ? Le côté exclusion ou plutôt la situation d'une famille au bord du chaos ?

NT : Avant tout, je voulais raconter une histoire d'amour. Et dans une belle histoire d'amour, si ça va bien tout de suite ça ne marche pas. On voulait faire un film où les gens sortaient de la salle en étant contents, remplis d'émotion et de joie. D'ailleurs je peux le voir, j'en suis à une vingtaine de dates et beaucoup de personnes viennent me voir et me disent : "on est heureux d'avoir vu le film et on a été émus de joie". C'est vraiment un film à l'anglo-saxonne, un film feel good, un peu idéaliste.


CR : Vous avez travaillé sur les films de votre père, il vous a accompagné sur certain des vôtres et on sent la filiation entre vous. On sent cet amour que vous portez à vos personnages, est-ce que c'est cette dimension qui vous a inspiré chez lui ?

NT : En tout cas, si à 70 ans je suis encore capable de faire des films comme mon père les fait, avec autant de profondeur et de détails et si j’arrive encore à avoir la curiosité qu'il a, je serai bien content. Après, de savoir ce que je lui ai pris, ça ne se pose pas dans ces conditions là. Les enfants prennent des choses de leurs parents, des choses de leur environnement, de leur époque et moi, comme n'importe quel enfant au monde, je suis le résidu de mes parents.


CR : Le documentaire semble être une école où vous avez pas mal puisé, plus d'ailleurs que la fiction. Pourquoi avoir fait ce choix, la vérité des gens était ce qui vous importait le plus ?

NT : J'ai fait du documentaire parce que je suis tombé sur des sujets qui me mettaient en colère donc j'ai fait des documentaires pour clamer ma révolte. Pour ceux autour du milieu de la danse, c'était un sujet qui me passionnait et j'ai fait des documentaires aussi parce que c'était une manière de me rencontrer moi-même, de me construire, d'apprendre sur moi, de grandir... Juste avant De toutes nos forces, j'avais fait un film qui s'appelait Destin de famille qui m'a pris deux ans durant lesquels j'ai suivi cinq destins de familles formidables dans les services de neurologie et de pédiatrie. Ce sont des gens qui m'ont apporté plein de choses et de bonheur, j'ai eu envie de le partager dans un film de fiction.


CR : On a d'ailleurs l'impression que vous allez plus volontiers vers la fiction. Mais dans une fiction réalité qui renvoie toute la sincérité et la beauté des films.

NT : On est content quand les personnes à la sortie du film nous disent : "On oublie très vite que c'est un film sur le handicap. Ce n'est pas un film sur le sport ou sur le handicap, c'est une histoire d'amour". C'est vrai que j'avais envie d'une histoire d'amour ultra crédible. C'est pour ça que j'ai demandé aux acteurs de jouer de façon très pudique ; je ne voulais pas avoir une mise en scène démonstrative. Après c'est un film très épique, il y a des plans de course, il y a un côté grand spectacle à assumer.


CT : Vous avez abandonné la carrière d'acteur ?

NT : Ca fait six ans que je ne joue plus, je crois que je n'avais pas l'ego pour ça. Très vite ça ne m’a pas suffit d'être acteur. J’ai quand même fait quarante films mais les rôles qu'on me proposait m'enfermaient et me bridaient.


CT : Vous avez plus de choses à dire et à défendre à travers la réalisation.

NT : Ce qui m'éclate dans la vie c'est de rencontrer des gens. Alors de faire des documentaires me permet de rencontrer des gens. J'ai fait les films que je voulais faire sincèrement et cette liberté, c'est une perle que je mets dans un écrin pour ne pas la perdre.

CT : On sent une immense cinéphilie, on sent toutes les influences que vous avez mais en même temps l'émancipation que vous avez choisie pour construire vos propres projets.

NT : Je suis certainement moins cinéphile que mon père. Par contre, j'ai été élevé en voyant des films. J'ai passé toute mon enfance à regarder des films. Je n'ai pas en mémoire tous les films que j'ai vu mais j'ai été nourri à l'image. Je me souviens que je commençais à faire de l'image à l'âge de 15 ans, j'étais hystérique. C'est vrai qu'il y a des films qui m'ont changé, d'autres qui m'ont fait réfléchir mais par exemple quand je monte un film ou durant un tournage, je vais assez rarement au cinéma le soir. J'ai du mal à être sur une table de montage six à sept heures par jour et en voir le soir. Quand je suis en écriture je peux y aller deux fois par jour par contre.


CT : On découvre une Alexandra Lamy sublime dans un rôle qui s'éloigne de ses personnages de rigolotes. Pour autant, elle n'en fait pas trop dans la démonstration. Est-ce que c'est du à la direction d'acteur ou c'est elle qui a su se retenir ?

NT : Je lui ai dit : "On va faire un film ensemble et ce qui est important, c'est que tu joues en pudeur." Il ne fallait jamais surligner l'émotion, c'était primordial. Il fallait une retenue et un maintien, ce qui rendait le personnage de la maman encore plus élégant. Alexandra a une énergie d'enfer mais je ne voulais pas du tout d'une maman burlesque. Elle s'est effacée complètement derrière son personnage.

 Interview Réalisé par Patrick Van Langhenhoven retranscrit et corrigé par Eve Brousse