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affiche Dark Places

Dark Places

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Un film de Gilles Paquet-Brenner,
Avec Charlize Theron, Nicholas Hoult, Chloë Grace Moretz,

Genre : Thriller
Durée : 1h53
États-Unis

En Bref

1985. Libby Day a huit ans lorsqu’elle assiste au meurtre de sa mère et de ses sœurs dans la ferme familiale. Son témoignage accablant désigne son frère Ben, alors âgé de seize ans, comme le meurtrier. 30 ans plus tard, un groupe d’enquêteurs amateurs appelé le Kill Club convainc Libby de se replonger dans le souvenir de cette nuit cauchemardesque. De nouvelles vérités vont émerger, remettant en cause son témoignage clé dans la condamnation de son frère.

Derrière Dark Places, il y a le frenchie Gilles Paquet-Brenner, dont la filmographie échappe à toute logique – de la comédie dramatique qui a révélé Marion Cotillard (Les Jolie Choses), il passe aux comédies nigaudes (Gomez & Tavarès) puis se prend d’affection pour le thriller (U.V., Walled In) et s’affère ensuite au drame avec Elle s’appelait Sarah dont le succès à dépassé nos frontières. Mais il y a aussi et surtout Gillian Flynn, auteure américaine connue pour ses intrigues affutées, dont Dark Places est la troisième adaptation au cinéma après Sharp Objects et le récent Gone Girl de David Fincher. Et puis, il y a Charlize Theron, dont le masque de beauté glacial épouse parfaitement les trais de Libby Day, dans un sujet proche du drame familial qui a frappé son enfance. Malgré ce trio infernal, Dark Places n’échappe pas à un certain conformisme relayé dans une adaptation maladroite aux ambitions revues à la baisse, moins sombre que prévu, divertissant, de bonne tenue, mais foncièrement frustrant.


Doté d’un capital sombre et dramatique considérable (meurtre et attouchements sur enfants, satanisme, misère, mensonges en famille…) et réalisé avec envie, moyens et stars à l’affiche, Dark Places avait tous les ingrédients de l’œuvre “bankable“ par excellence. Sans compter le récent succès de Gone Girl qui a mis l’auteure Gillian Flynn sous les projecteurs. Sauf que si ce point commun a eu le mérite d’attirer l’attention sur son film, il a aussi engagé involontairement une certaine attente, une qualité de facture qui n’est visiblement pas au rendez-vous dans Dark Places. Ici, Paquet-Brenner retrouve le genre de thriller initié dans U.V. (polar étrange, hommage à La Piscine) et sonde le cinéma américain glauque des années 90 pour façonner un thriller d’atmosphère qui tâche.

Visiblement amoureux du genre et disciple de Denis Villeneuve (Prisoners), G.P.B. va donc puiser toute l’essence des polars de l’époque (sacrifices abominables, gouffre social, ambiance texturisée et script à raccourcis) pour forger un objet de cinéma qui, plus que le fruit d’un auteur, est surtout le produit de l’intégration d’influences variées. En cela, le réalisateur ne va pas rendre hommage comme il se doit à l’œuvre de Flynn. D’abord parce qu’à l’écran, la mécanique à tiroirs ponctuée d’allers-retours perpétuels entre passé et présent est souvent prise en défaut par les mensonges et les émotions des personnages. Sur un rythme cadencé mais plan-plan, l’intrigue va faire son petit bonhomme de chemin, dévoilant progressivement ses secrets et ses pistes, mais va se réduire peu à une série de dévoilements sommaires, comme si la narration subtile de l’auteure avait perdu des plumes au contact de la réalisation malhabile de G.P.B.

Heureusement, le cinéaste va compenser son manque de rythme et de surprise par une esthétique et une ambiance très soignées. La minutie avec laquelle il soigne ses décors, ses textures et ses mises en lumières à la façon du polar rural sont autant d’atouts qui le rapprochent de cinéastes comme David Fincher ou Jonathan Demme. La photographie impressionnante lèche les paysages d’une Amérique profonde en difficulté, gangrénée par les inégalités, la drogue et la corruption. Car derrière la mécanique du thriller quelque peu grippée, G.P.B. dépeint avec justesse la réalité sociale précaire de ces familles englouties dans la spirale des dettes. De plus, il dresse en filigrane une réflexion sur les raccourcis des médias et de la justice américaine, influencée par l’opinion publique et les apparences. Sans surprise, G.P.B. décharge une grande partie de son film sur les épaules de Charlize Theron, tête d’affiche cinq étoiles, dont les performances hollywoodiennes et le gout pour les rôles sans lumières faisaient d’elle la candidate idéale. L’actrice va en effet mettre sa « poker face » et son regard glacial vissé sous casquette au service de son personnage sombre, paumé et traumatisé, pour un résultat sans fausses notes.

Divertissant et généreux, Dark Places déroule son sujet sans accrocs et sans invoquer l’ennui ni l’animosité. Par contre, le spectateur fervent du genre ne manquera pas d’être agacé par le conformisme mis en œuvre par G.P.B et par un sentiment de déjà-vu qui trouve son paroxysme dans le traitement final très binaire. Force est de constater que le cinéaste construit son sujet avec minutie mais sans prendre le moindre risque. Non moins qualitatif, le résultat n’est pas suffisamment costaud pour faire des vagues derrière Gone Girl. Dommage.

Eve Brousse

Note du support : n/a
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Titre original : Dark Places

    •       Réalisation : Gilles Paquet-Brenner

    •       Scénario : Gilles Paquet-Brenner, d'après Les Lieux sombres (Dark Places) de Gillian Flynn

    •       Direction artistique : Laurence Bennett

    •       Décors : Daniel Turk

    •       Costumes : April Napier

    •       Photographie : Barry Ackroyd

    •       Montage : Billy Fox

    •       Production : Prince Azim, Stéphane Marsil, Matthew Rhodes, Cathy Schulman et Charlize Theron

    •       Sociétés de production : Daryl Prince Productions; Exclusive Media Group, Hugo Productions, Mandalay Entertainment et VisionCuatro Plus Films

    •       Distribution : Mars Distribution

    •       Pays d’origine : États-Unis,  France

    •       Langue originale : anglais

    •       Format : Couleur

    •       Genre : Film policier

Distribution

    •       Charlize Theron : Libby Day

    •       Nicholas Hoult : Lyle

    •       Christina Hendricks (VF : Christine Bellier) : Patty Day

    •       Chloë Grace Moretz : Diondra Wertzner, jeune

    •       Miko Hughes : Harry Trucco

    •       Tye Sheridan (VF : Gabriel Bismuth-Bienaimé) : Ben Day, jeune

    •       Corey Stoll : Ben Day, adulte

    •       Andrea Roth : Diondra Wertzner, adulte

    •       Drea de Matteo (VF : Emmanuelle Rivière) : Krissi Cates, adulte

    •       Sean Bridgers (en) : Runner Day

    •       Addy Miller (en) : Krissi Cates, jeune

    •       Glenn Morshower : Jim Jeffreys

    •       Richard Gunn (en) : Lou Cates

    •       Dan Hewitt Owens (en) : Robert

    •       Lori Z. Cordova (VF : Ethel Houbiers) : Magda

    •       Denise Williamson : Crystal

    •       Sterling Jerins (en) : Libby Day, jeune

    •       Laura Cayouette : la mère de Krissi Cate