Dans la Brume

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Un film de Daniel Roby ,
Avec Romain Duris, Olga Kurylenko, Fantine Harduin,

Genre : Science-fiction
Durée : 1h29
France

En Bref

Mathieu et Anna, couple séparé, sont réunis autour de leur fille Sarah atteinte d’une maladie la condamnant à vivre dans une bulle - c’est la pollution qui transforme cette nouvelle génération à vivre de plus en plus isolés du monde ! Ils arrivent à construire une vie de bulle à bulle grâce à Internet et aux nouvelles technologies. Mathieu revient d’un voyage au Canada, quête prometteuse pour un nouvel espoir de guérison. C’est alors que suite à un tremblement de terre, une étrange brume jaillit du sol. Elle envahit la capitale et monte vers le ciel, n’épargnant que les derniers étages. Réfugiés chez le vieux couple du dessus, Mathieu et Anna se concentrent sur le moyen de garder en vie Sarah. Prisonnière dans sa bulle, elle ne craint rien tant que la machine ne s’éteint pas. Comment changer les batteries sans mourir dans l’escalier . Comment garder le contact avec la petite, la nourrir . Autant d’épreuves qui les unissent pour le meilleur avant le pire. Il ne reste plus qu’un espoir : trouver une combinaison pour Sarah et fuir la capitale pour le Morvan où l’air semble encore pur. Le temps joue les violons de l’âme et la mort pourrait bien donner le dernier coup de cymbale de cette symphonie.

C’est loin du cinéma d’action hollywoodien que Dans la brume joue sur l’intime. Pas de grandes scènes d’action, de course poursuite, de mort avec hurlement et visage atroce ! Cette science-fiction française d’un réalisateur canadien trouve toute sa justesse autour de ses personnages et de leur difficulté à survivre dans un monde hostile. Ce film de survie s’attache au cœur et à l’âme de ses héros déjà dans une situation particulière. L’amour, la famille, à travers les deux couples et comment grandir dans un monde qui ne veut pas de vous deviennent les points centraux du récit. Chaque personnage, du père à Sarah la fille, réagit par rapport à ses thématiques et les sentiments qu’il partage avec les autres.

C’est donc dans un jeu subtil des non-dits, du souffle du monde, que chacun franchira l’épreuve. C’est aussi sa limite, le manque de regard et de réaction à l’extérieur, il se centre sur la difficulté d’un couple à affronter la maladie et la mort d’un enfant et renouvelle le genre en proposant de l’inscrire dans un contexte qui n’est pas innocent. La fin est une révélation dans ce sens, l’air pur, la pollution, le monde que nous laisserons à nos enfants. La brume prend tout son sens et livre un message proche d’une parabole, d’un conte. Elle est toutefois loin de l’utilisation anxiogène d’un Carpenter dans The Thing, Fog où le brouillard est un véritable personnage. Nous regretterons juste un manque d’originalité dans l’ensemble et des scènes types du "survival". Nous retrouvons les passages obligatoires du genre - l’exploration, la fuite, la gestion des ressources, la sidération face à la catastrophe, le sens du sacrifice, etc.

Le film s’inscrit dans l’air du temps et une science-fiction française remontant aux années soixante-dix : la thématique post cataclysme, écologique, après le nucléaire. Pollution et catastrophe écologique sont les grands sujets du jour. La fin, dans une dernière partie moralisatrice, nous ramène à la première image du film. Nous le rapprocherons du mur invisible de La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher. Il n’est pas étonnant que ce dernier soit à la base de l’idée scénaristique. Les deux films osent bousculer le genre et en cela ils sont dignes d’intérêt et méritent que nous les encouragions.

Patrick Van Langhenhoven