A Cure for Life

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Un film de Gore Verbinski ,
Avec Dane DeHaan, Jason Isaacs, Mia Goth ,

Genre : Fantastique
Durée : 2h27
États-Unis

En Bref

« Une maladie sommeille en nous, insidieuse, elle fait son chemin. Nous en sommes tous atteints. » Lochât, jeune trader ambitieux, doit ramener Pembroke, le PDG disparu dans un sanatorium en Suisse afin de conclure la fusion prochaine du groupe. Ce dernier laisse comme testament une étrange lettre, incompréhensible, aux propos frôlant la folie. Ils sont face à une échéance qui met en danger leur univers et risque de mettre à jour certaines pratiques peu recommandables. Lockhart doit retrouver Pembroke, sa folie pourrait bien arranger la part d’ombre de l’entreprise. Il le trouve au cœur d’une forêt sombre, dans un château suspendu au sommet du monde.

Il semble avoir découvert le bonheur parfait et un nouveau corps, retrouvant le chemin de l’éternelle jeunesse. Lockhart, victime d’un accident, se retrouve à son tour pensionnaire du sanatorium. Les réponses qu’on lui donne semblent ne pas le satisfaire et la curiosité étant un vilain défaut, il ouvre des portes et dévoile des secrets qui l’entrainent dans une autre voie. Peu à peu la vérité qui apparaît dépasse la compréhension humaine. Que se passe-t-il au sein de cette maison de repos particulière ? Quel secret possède l’eau qu’on donne régulièrement à boire aux patients ? Qui est cette étrange jeune fille qu’il croise lors de ses promenades, une innocente oubliée ou un démon caché ? Pourquoi certains patients disparaissent-ils et ne reviennent jamais ? Qu’est-il arrivé à Pembroke, pourquoi refuse-t-il de revenir ? Il est comme hypnotisé, sous l’emprise d’une autre conscience, laquelle ? Il existe des secrets qui doivent rester enterrés à tout jamais sous peine de mettre votre raison en péril.

Gore Verbinski, réalisateur atypique, après un parcours de blockbusters tels Pirates des Caraïbes, Le Mexicain, l’excellent remake de The Ring et Rango revient au cinéma gothique de l’âge d’or du cinéma fantastique avec un soupçon de thriller. C’est après l’échec de Lone Ranger qui n’est pas un mauvais film qu’il décide, avec le scénariste Justin Haythe, de composer cette fable sur la fontaine de jouvence. Nous retrouvons tous le talent du réalisateur dans une mise en scène soignée, inspirée par l’univers des classiques du genre et la mythologie. L’arrivée en train rappellera celle de Dracula, comme la caméra aérienne le long d’une route sinueuse Shining. C’est dans l’atmosphère qu’il recompose que le film trouve toute sa beauté et sa magie. Les décors sont impressionnants, le château Hohenzollern en Allemagne pour le sanatorium d’inspiration gothique nichée au sommet d’une colline et un hôpital allemand désaffecté pour ses intérieurs oppressants.

Chaque plan devient un tableau, entre espace et ambiance des couloirs, des portes closes donnant sur un mystère, ouvrant des boites de Pandore aux nombreuses questions. Il joue sur les peurs primaires, la maladie et la folie. La quête de l’éternelle jeunesse est aussi au centre du récit et nous ramène aux mythes anciens, plus particulièrement celtes et grecs. La Gorgone et son corps de serpent, entre amour et vie éternelle, le cerf propre à la mythologie celte, l’eau, lieu de passage entre les vivants et les morts. L’ambiance rappelle par moment celle de Shutter Island avec ses rébus, ses puzzles à reconstituer, ici des mots croisés. Les villageois prennent des allures de ceux de Frankenstein pour une fin surprenante, prenant racine dans le refus de l’étranger et de l’étrange, comme pour Frankenstein. Les noms en disent en long, par exemple Lock porte fermée, Hart, cerf. Dans la mythologie, le cerf, particulièrement blanc, est le messager de l’autre monde.

Mi-bête mi-forêt, il engendre dans le panthéon celtique le dieu Cernunnos, plus ancienne divinité connue de la Gaule. Il vient du fond des âges, peut-être des tuatha de danann. La figure de la jeune fille innocente, vierge éternelle, apparaît pour marquer la progression de la quête. Le vert peut signifier la saleté dans l’esprit et le corps, d’où son utilisation bien précise dans le film. Pour ne pas vous dévoiler un point important, je ne peux en dire plus. Tout ceci se retrouve en seconde lecture, pour ceux qui veulent bien faire le voyage. Il reste, en première lecture, un remarquable film fantastique, à la fois marqué par les origines du genre et complètement moderne. L’aspect juvénile de Lockhart, interprété avec malice par Dane DeHaan et d’Hannah, excellente Mia Goth, est en contraste avec l’âge des pensionnaires. Une fois de plus, Gore Verbinski nous propose une fable sur la maladie et la fontaine de jouvence, pleine de surprises, à ne pas manquer.

Patrick Van Langhenhoven