Nous sommes en 1969. Paul Coutard journaliste sportif au quotidien le Champenois se voit confier par sa direction l’organisation de la prochaine kermesse du journal. Dragueur, il passe la majorité de son temps à draguer les petites midinettes. Il est moins concentré sur sa mission sportive. Emmanuelle Bruno, secrétaire de direction, est chargée de l’épauler dans sa lourde tâche. Après pas mal de propositions saugrenues, match de foot de nains, ils trouvent une idée géniale. Ils se lancent dans l’organisation d’un match de foot féminin. Ceci n’est pas pour déplaire à notre play-boy de la presse quotidienne régionale. La pauvre Emmanuelle semble emballée, mais pas à la fête avec le frimeur glandeur. Ils commencent par réunir une équipe de onze femmes d’âges et de milieux différents n’ayant pas toujours la magie du ballon. Ils doivent convaincre les maris, frères et autres misogynes que le foot c’est aussi pour les filles. Au bout de quelques essais, elles se montrent plutôt douées et l’idée fait son chemin de passer à un stade plus haut. C’est à partir de ce moment que tout se complique et que la fédération, aux mains de vieux messieurs pleins de bonne volonté, menace de mettre un point final à l’aventure. C’est ici que le vrai combat commence, dans la foulée de mai 68 et de pas mal de vieilles idées remises en cause.
Pour son premier long métrage, Julien Hallard s’inspire de faits réels pour composer une comédie sociale enlevée. Il s’inscrit dans la veine de la comédie à la française de l’âge d’or -Yves Robert, Oury, Claude Zidi, Weber - avec un soupçon de celle à l’américaine des années soixante. Il compose d’abord une galerie de personnages typés, entre la petite midinette en mini-jupe, la fan de foot, la femme au foyer, la jeune fille timide, la grande gueule, la féministe, etc. Max Boublil est parfait dans le rôle et s’inspire du vrai journaliste de L’Union, Pierre, qui créa la première équipe féminine à l’occasion d’une kermesse. Les filles n’avaient qu’une envie : le jeu ! Elles se rendront compte bien plus tard de la révolution qu’elles provoquèrent.
C’est avec intelligence et sous le biais du rire que le réalisateur s’attaque à l’image d’une société patriarcale et misogyne. Du recrutement des joueuses à la confrontation avec les patrons de la fédération il n’épargne pas ces idées aujourd’hui réactionnaires. Il réinvente le décor et l’atmosphère des sixties dans un mélange de réalité et d’imaginaire. Il évite la couleur orange, et respecte l’esprit pop de l’époque. Comme des garçons annonce l’émancipation des femmes et la vague qui, dès soixante-dix, bouscule le vieux monde. Pour donner corps à cette équipe, il demande à ce que les filles s’entraînent vraiment pendant trois mois, ce qui permet de souder les actrices, devenues complices. Il raconte la route initiatrice de plusieurs d’entre elles qui trouveront le sens de leur vie. Cette figure s’incarne dans le personnage d’Emmanuelle, joué par Vanessa Guide. Elle révèle ses talents de joueuse exceptionnelle maniant le ballon avec brio.
C’est la route parcourue ensemble qui nous transforme : Coutard, le journaliste, change au contact de ces femmes face à l’adversité qu’ils affrontent ensemble. Le dragueur, frimeur, glandeur devient un homme responsable et amoureux. Comme des garçons nous rappelle tout ce chemin parcouru depuis les années soixante et la libération de la femme, et combien il est important de le préserver ! Il peut se lire à plusieurs niveaux : comédie sportive sur la première équipe féminine reconnue par la fédération, comédie d’époque et d’initiation ou film féministe. Il est aidé au scénario par Claude le Pape (coscénariste de Petit Paysan ou Vent du Nord) et Fadette Drouard (coscénariste de Patients). Comme des garçons marquent le retour de la comédie à la française comme nous l’aimons.
Patrick Van Langhenhoven
Titre : Comme des garçons
Réalisation : Julien Hallard
Scénario : Jean-Christophe Bouzy, Julien Hallard, Claude Le Pape et Fadette Drouard
Photographie : Axel Cosnefroy
Montage : Jean-Christophe Bouzy
Costumes : Charlotte David
Décors : Johann George
Musique : Vladimir Cosma
Producteur : Frédéric Jouve et Marie Lecoq
Producteur associé : Matthieu Zeller
Coproducteur délégué : Reginald de Guillebon et Marion Delord
Production : Les Films Velvet
Coproduction : Les Armateurs, Mars Films et C8
Distribution : Mars Films
Pays d’origine : France
Genre : Comédie
Durée : 90 minutes
Dates de sortie : 25 avril 2018
Distribution
Max Boublil : Paul Coutard
Vanessa Guide : Emmanuelle Bruno
Bruno Lochet : Alain Lambert
Solène Rigot : Corinne Fricoteau
Carole Franck : Raymonde Deuquet
Delphine Baril : Francine Marchand
Zoé Héran : Annie Leroy
Julie Moulier : Béatrice Bergeron
Sarah Suco : Nicole Waquelin
Mona Walravens : Jeanne Simon
Luca Zingaretti : Giacomo Bruno
Ludovic Berthillot : le mari de Francine
Grégory Gatignol : le frère d'Annie
Éric Naggar : le rédacteur en chef
Jean-Louis Barcelona : le mari de Raymonde
Wilfred Benaïche : Riboulet
Christian Abart : le commissaire