Cold War

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Un film de Pawel Pawlikowski,
Avec Joanna Kulig, Tomasz Kot, Borys Szyc,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h27
Pologne

En Bref

Au sortir de la deuxième guerre mondiale, en Pologne, une musicologue, un musicien et un membre du Parti organisent des auditions afin de sélectionner de jeunes chanteurs et danseurs dans le but de propager la culture populaire, le folklore, à travers la Pologne, les pays de l’Est, voire le monde entier. Il est important maintenant de mettre en valeur le communisme à travers des opérations culturelles de propagande.

Rapidement, Zula, nouvellement recrutée sur l’insistance de Wiktor, le pianiste, et celui-ci vont vivre une passion aussi charnelle, brûlante, qu’impossible.

Cold War est d’abord un film serré, intense, présenté dans un noir et blanc somptueux, dans un écrin spécial qu’est le format quasi carré de l’image. Pawlikowski prend le temps de bien nous faire sentir le poids d’un régime qui vous étouffe et rend l’art « sale » à force de vouloir en faire un instrument au service du pouvoir. Il faut mettre en valeur le peuple courageux ? Allons à la campagne recueillir des pauvres avec leurs chansons populaires et leurs danses traditionnelles pour mettre en avant le communisme fier et conquérant des braves Polonais.

Zula voit pour elle-même une sorte de sécurité dans cette situation. Après une vie dure et de la prison pour avoir poignardé son père car il « la confondait avec sa mère », elle voit là une porte de sortie. Wiktor, en revanche ne songe qu’à quitter cet enfer étouffant pour aller vivre librement de sa musique.

De Varsovie à Berlin en passant par Paris et Zagreb, les deux amants vont se chercher, se perdre, se retrouver, parfois à contretemps. Wiktor s’échappe, elle ne le suit pas mais lui en veut d’être parti sans elle. Elle le rejoint mais leurs vies ont divergé. Et pourtant ni l’un ni l’autre ne peuvent concevoir la vie sans leur amour.

Pawlikowski s’est inspiré de la vie de ses parents pour écrire ce film. Le fait de ramasser l’intrigue sur un temps court, moins d’une heure trente, lui donne toute son intensité. La fusion des sentiments pousse Zula et Wiktor dans un tourbillon dont ils ne sortiront pas indemnes. Et nous sommes suspendus à tous leurs mouvements, leurs déplacements, souvent dangereux sous ce régime qui n’aime guère la liberté.

Cold War est étourdissant et profond, avec une économie de dialogues et une atmosphère très palpable, qu’il s’agisse des clubs de jazz parisiens ou des théâtres remplis d’apparatchiks en Pologne.

On ne peut s’empêcher de penser aux difficultés que Pawlikowski a rencontrées lors de son film précédent, Ida, pour se dire que Cold War a des résonnances bien actuelles, à sa façon.

Françoise Poul