« Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur. »
Dans trois jours les navires accosteront sur les rivages de France, en Normandie. Des jeunes gens pleins d’espérance s’élanceront sur les plages, comme à Gallipoli pour achever leur course dans les bras de la Camarde. Ils paieront le prix du sang pour que l’aube nouvelle se lève sur un jour radieux. Le vieil homme, le Lion, est hanté par un souvenir qui remonte à la Première Guerre mondiale, péninsule de Gallipoli. Des jeunes garçons, promesses de leur mère et d’un pays qui ne verront que le bois des cercueils pour unique horizon. Il connaît le solde à verser à la faucheuse pour une défaite, tempête encore tenace en son cœur. Dans trois jours, l’histoire se répètera peut-être, deux cent cinquante mille hommes sacrifiés sur l’autel de la destinée pour chasser le démon. Dwight Eisenhower et Montgomery sont persuadés que le débarquement sur les côtes normandes est la seule carte à jouer. Winston Churchill leur oppose le sang des valeureux soldats de la coalition jetés dans les bras d’Hadès. Pendant trois jours, il tente tout ce qui est en son pouvoir pour convaincre le roi et les généraux d’agir autrement. La victoire valait-elle le prix de la mort de tant de jeunes garçons fougueux ? L’histoire en débat encore.
« La grande leçon de la vie, c’est que parfois, ce sont les fous qui ont raison. »
Il existe sans doute des figures et des sujets que l’on ose transcender, trop sages, trop vénérables dans le regard que nous portons. Martin Luther King, Gandhi, Winston Churchill appartiennent à cette longue liste d’intouchables. Pourtant David Lean, avec Lawrence d’Arabie, Richard Attenborough, Gandhi réussissent à saisir la figure vénérable pour l’emporter vers les hauts sommets. Jonathan Teplitzky a réalisé l’excellent Les voies du destin sur un sujet peu facile entre réconciliation et haine. Avec Churchill, il reste trop sage dans sa mise en scène et dans son regard. Il évite la complaisance, n’escamotant pas les rapports entre Churchill et sa secrétaire, victime de ses colères, avec les généraux et sa femme évoqués sans insistance. Cette dernière, campée avec assurance et talent par Miranda Richardson, méritait un développement plus important. Elle reste la seule à ne pas se laisser prendre au piège par le vieux Lion.
Brian Cox passe avec succès de The Jane Doe Identity à la stature de Churchill. Les plans au bord de la plage rappellent le cauchemar d’un homme que la guerre a sans doute usé. Clémentine rappelle la stature du Lion face au Blitz qui ne concède rien à l’ennemi et entraine son peuple à résister avec force contre le nazisme. Churchill est hanté par cette vision des Dardanelles et la mort de ces jeunes gens sacrifiés pour rien. Il est dommage que sauf une plage de sang et des barbelés évoquent cette période. Il n’utilise pas une vision récurrente de ce cauchemar comme un rappelle des erreurs anciennes. Il s’appuie surtout sur les dialogues pour évoquer avec trop de respect le refus de Churchill. Il réussit à capter le poids de la solitude avec la silhouette se découpant dans un paysage vide, vu de loin. Une belle rencontre entre le roi et le Lion, ils sont conscients du poids de leur décision et de l’inévitable. C’est deux silhouettes au cœur des fastes, lambris doré de la Royauté au cœur du palais écrasé par leur solitude. Churchill trouve son intérêt dans son sujet, cette incertitude face à une décision lourde de conséquences. Le sacrifice est plus important pour que le monde puisse de nouveau rire en écrivant ton nom, Liberté. L’histoire ne reprochera jamais cette décision à celui qui, dans la tempête de fer et de flammes, galvanisa une nation.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original et français : Churchill
Titre de travail : Warlord
Réalisation : Jonathan Teplitzky
Scénario : Alex von Tunzelmann
Direction artistique : Beata Brendtnerovà, Mick Lanaro, Laure Lepelley, Stanislas Reydellet
Photographie : David Higgs
Montage : Chris Gill
Production : Nick Taussig, Paul Van Carter, Piers Tempest, Claudia Bluemhuber
Sociétés de production : Salon Pictures, en association avec Tempo Productions Limited, Head Gear Films et Metrol Technology
Sociétés de distribution : Cohen Media Groupe (Royaume-Uni), Orange Studio / UGC Distribution (France)
Pays d'origine : Royaume-Uni
Langue : anglais
Format : Couleur
Genre : drame biographique
Durée : n/a
Dates de sortie : 31 mai 2017
Distribution
Brian Cox : Winston Churchill
Miranda Richardson : Clementine Churchill
John Slattery : Dwight Eisenhower
James Purefoy : le roi George VI
Ella Purnell : Helen Garrett , la secrétaire de Churchill
Julian Wadham : Bernard Montgomery
Danny Webb : Alan Brooke
Richard Durden : Jan Smuts
Jonathan Aris : Mallory
George Anton : l'amiral Bertram Ramsay
Steven Cree : le capitaine Stagg
Angela Costello : Kay Summersby
Peter Ormond : Briggs