Chef

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Un film de Jon Favereau ,
Avec Scarlett Johansson, Jon Favereau, John Leguizamo,

Genre : Comédie
Durée : 1H54
États-Unis

En Bref

Carl aime la bonne cuisine, elle représente le chant de la création et de la perfection quand elle se remet en question. Elle touche plus à l’art qu’à la bouffe… Le jour où le critique culinaire le plus en vogue de Los Angeles s’annonce dans son restaurant, il décide de lui proposer une nouvelle carte avec des plats neufs et ambitieux. Le problème c’est le patron du tripot qui refuse de tenter le diable et préfère rester pépère sur un menu formaté et sans surprise. C’en est trop pour notre esthète qui jette sa toque et démissionne sur-le-champ. Remplacé par son second, on se garde bien d’avertir de son départ le petit aristarque gastronome.

Il l’assassine en parlant d’une cuisine pépère sans originalité bloquée dans le passé. Par l’intermédiaire de son fils qu’il garde par intermittence, s’engage une bataille sur les réseaux sociaux qui tourne au vinaigre. Mis à terre, Carl patine dans la semoule, dérive et se voit déjà coupeur de frites au fast food du coin. Los Angeles se divise entre les anti-Carl donnant raison au critique et les pour soutenant son passé aujourd’hui révolu. C’est dans cette ambiance qu’il décide de repartir de zéro, de se lancer dans une nouvelle croisade pour la reconquête du goût perdu.

Aidé de son ex-femme, d’un vieux copain, de son aide-cuistot et de son fils, il accoste à Miami pour une nouvelle vie. Un vieux camion, quelques tapas à la Cubaine, beaucoup d’huile de coude, et son génie culinaire de retour, il pourrait bien créer la surprise. Le chef repart sur la route, le but de la quête étant de remonter à la découverte de l’honorable cuisine américaine, Texas, New Orléans et bien d’autres pour revenir au point de départ du conflit. Qui revient dans la Ville des Anges, un homme accompli, prêt à révolutionner et défendre l’excellente cuisine ou un type fini, même pas bon pour le fast food du coin ?

Jon Favereau aime le cinéma. Entre grosses productions et petites comédies sympas, il se construit une bonne réputation. Il commence avec Swingers et son premier long Made, avant d’entamer une belle carrière de blockbusters, relançant la franchise Iron Man avec succès. Comme son personnage Carl, il souhaitait revenir à un film moins lourd et plus intimiste où l’on retrouve malgré tout un héros imparfait se remettant en cause pour trouver sa voie. Chef s’inscrit comme un bon divertissement, road movie culinaire et social. Nous retrouvons le fils délaissé qui, dans ce voyage, découvre un père qu’il ne connaissait pas. De la même façon, celui-ci voit son fils d’une autre manière. Ce voyage est un éveil pour les deux, un moyen de tisser de nouveaux liens et de trouver un appui dans l’autre.

C’est un schéma classique que le réalisateur manipule avec humour en jouant sur les réseaux sociaux et un père cuistot, maître dans l’art d’arranger les plats, mais nul avec son Facebook. Nous avons tous à apprendre de l’autre, même parfois de nos enfants. Jon Favereau ne prétend pas révolutionner le genre, mais juste suffisamment lui donner des couleurs et du relief pour nous faire oublier les vieilles ficelles. Chef, avec son voyage initiatique à travers la cuisine américaine, devient un plaidoyer pour nous proposer autre chose que le fast food du clown. Nous savourons la cuisine cubaine, le bon vieux T.bone texan, la cuisine à la française de la New Orléans et d’autres plats que la route nous propose. C’est aussi mettre en avant ces petits camions, loin d’être les baraques à pizza à deux sous, mais de véritables petits trésors de bonne cuisine populaire.

C’est comme si chez nous, un type décidait de monter un camion où bœuf bourguignon, blanquettes de veau et autres plats traditionnels découvraient leurs saveurs et leurs valeurs. C’est la longue route d’un homme tombé à terre qui ne doute jamais que la cuisine soit un art, une alchimie de l’âme, un partage du goût. Il applique la même mise en scène nerveuse où le bon mot se dispute le plan vif, relançant l’intrigue pour entrainer le spectateur dans l’aventure d’un super héros des fourneaux. Nous retrouverons des guest stars comme Dustin Hoffman en patron de restau, excellent, Robert Downey Jr. s’amuse dans le personnage d’un chef d’entreprise complètement loufoque et Scarlett Johansson en ex-femme change de registre. Nous retrouvons avec plaisir un second rôle, John Leguizamo, qui campe avec bonhommie le second de Carl. Le résultat est une comédie bien sympathique qui nous rappelle que la bonne cuisine existe encore et que le goût unique n’est pas pour demain.

Patrick Van Langhenhoven