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affiche Café Society

Café Society

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Un film de Woody Allen ,
Avec Jeannie Berlin, Steve Carell, Jesse Eisenberg,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h36
États-Unis

En Bref

Bobby, le fils d'une famille juive new-yorkaise, débarque à Los Angeles pour rencontrer son oncle un agent célèbre d'Hollywood. Il cherche encore sa voie, là où son talent trouvera toute sa force. Ben, son frère ainé, est un mauvais garçon qui grimpe les échelons à la force de ses mauvaises intentions. Comme il le dit, l'apprentissage de la rue se fait par la violence. On règle les problèmes avec la bonne vieille méthode béton et expansion du bâtiment. Vonnie, la secrétaire de son oncle, lui fait visiter Los Angeles, entre les villas Taj Mahal ou celles plus discrètes un sentiment plus puissant prend son envol. Vonnie lui dévoile comment perdre ses illusions sur ce monde de strass et paillettes.

Peu à peu, entre deux sorties et quelques verres, ils finissent par comprendre que l’amour frappe à leur porte. Mais Bobby ignore qu’elle est aussi la maitresse de son oncle. Le dilemme est que la belle attend un miracle, qu'il quitte sa femme pour un amour sans fin. Entre les deux son cœur balance comme le dit la comptine enfantine. L’oncle Phil ose enfin se séparer de sa femme et Vonnie choisit de le suivre, abandonnant notre pauvre Bobby à sa déception amoureuse. Pour s’en remettre il préfère rejoindre Manhattan et Greenwich Village, quitter  ce panier de crabes uniquement intéressés par la gloire et l’argent. Il trouvera enfin sa voie en s’occupant du Café Society où l’art et la musique trouvent à s’exprimer pleinement. Devenu le lieu branché de la capitale où tout le monde accourt à la fin de ces années folles, le début des années trente. Marié, père heureux, tout va pour le mieux jusqu’a ce que Vonnie débarque de nouveau. On change avec le temps en bien ou mal, seule la vie nous le dit…


«La vie est une comédie écrite par un auteur sadique».

 Jazz, amour et cinéma, les trois Grâces de Woody Allen. Comme son double Bobby, il préfère les poètes et musiciens aux stars et cotillons. « Il fallait que je m'éloigne pour que je m'aperçoive que je suis New Yorkais de cœur ». Woody Allen n’a plus à rougir de ses pairs et se demander s’il est à leur hauteur. Après Blue Jasmin,  flirtant avec Joseph L. Mankiewicz, l’homme irrationnel avec Billy Wilder, c’est sur les traces d’Ernst Lubitsch, l'auteur de Sérénade à trois, qu’il inscrit ses pas. Il possède le même effet salvateur. Quand vous sortez de Café Society, la vie vous apparait pleine de promesses et enchanteresse. Derrière le rire et la phrase qui font mouche se cache une réflexion sur le monde du cinéma, la religion juive et l’amour. Nos veilles histoire d'amour ne sont jamais des bluettes qui s'effacent, mais des accroches-cœur qui meurtrissent nos âmes de leurs longues cicatrices. Elles tiennent le haut du pavé et ne meurent jamais. Elles demeurent petite dormeuse du val, au gré d'une rivière calme ou tumultueuse.

Elles deviennent des petits fantômes, prenant plus ou moins de place auprès de la dernière femme aimée. C’est dans l’âme de la déception et l’emballement de ce sentiment universel que nous plonge le film dans sa trame principale: ce que nous perdons à aimer, comment les flèches de Cupidon nous changent…. Que ce soit la prostituée du début avec une séquence pleine de vérité et de dérision, tendre comme un bonbon sucré, la première histoire d’amour ou le choix de Vonnie, peut-être pas le bon. L'amour non réciproque tue plus chaque année que la tuberculose. Ce sont ces amours qui ne tenaient qu’à un fil,  marquant notre âme de regrets bien après, quand le temps ne cicatrise plus nos blessures. Enfin c’est celui plus sage qui construit la famille, les enfants et le temps des désirs se perdant dans le soleil couchant d’une vie. Le père de Bobby à sa femme : « toi tu n'es pas une reine de beauté, mais je ne te mets pas au rebut. »

 C’est un peu tout cela qu’évoque Woody Allen avec pour outils le rire et une mise en scène libre, à la fois folle, poétique et soignée. Il y a de la poésie chez Woody Allen, légère comme la brise, s’envolant sur le récit pour mieux en soulever les coins du voile et nous en livrer ses secrets. L’autre dérision est le regard porté sur la religion juive avec le personnage des parents de Bobby. Comme dans cette séquence où ils apprennent que Ben condamné à mort devient chrétien.

« La mère : D'abord assassin. Et maintenant chrétien. C'est quoi, le pire ?

Le père : Il te l'a expliqué. Les juifs n'ont pas de vie après la mort.

La mère : C'est bête qu'ils ne le proposent pas. Ils auraient beaucoup plus de clients... »

N’oublions pas la réflexion sur le cinéma dans la première partie entre Hollywood et Los Angeles qu’il déteste. Maître du cinéma indépendant, il garde toujours la main mise sur ses choix artistiques. Il reste le jazz et ces années d’ébullition, de gestation des années trente dont la musique envahit tout le film, lui donnant ce petit coté rétro et si moderne. Le dernier Woody Allen, annonçant un automne précoce (d’habitude ses films sortent) en septembre est un des meilleurs crus de cette année. C’est sans doute ce côté vendange précoce et le talent d’un homme qui trouve son plein épanouissement.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Titre original : Café Society

    Réalisation : Woody Allen

    Scénario : Woody Allen

    Direction artistique : Michael E. Goldman, Doug Huszti

    Décors : Santo Loquasto

    Montage :

    Photographie : Vittorio Storaro

    Production : Letty Aronson, Stephen Tenenbaum, Edward Walson

    Producteurs délégués : Ron Chez, Adam B. Stern, Allan Teh

    Sociétés de production :

    Sociétés de distribution : Amazon Studios (États-Unis)3, Mars Films (France)

    Pays d’origine : États-Unis

    Langue originale : anglais

    Format : couleur - 2,00:1 - son Dolby numérique

    Genre : Comédie dramatique

    Dates de sortie : 11 mai 2016

Distribution

     Jesse Eisenberg : Bobby

    Steve Carell : Phil

    Kristen Stewart : Vonnie

    Jeannie Berlin : Rose

    Blake Lively : Veronica

    Parker Posey : Rad

    Corey Stoll : Ben

    Ken Stott : Marty

    Tony Sirico : Vito

    Anna Camp : Candy

    Stephen Kunken : Leonard

    Sari Lennick : Evelyne

    Don Stark : Sol