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affiche Burning

Burning

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Un film de Lee Chang-dong ,
Avec Yoo Ah-In, Steven Yeun, , Jeon Jong-seo,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h28
Corée du Sud

En Bref

C’est au hasard d’une rencontre, les retrouvailles de la petite fille de notre jeunesse et la vie ouvre une autre route. Jongsoo voulait devenir écrivain comme Faulkner ou Murakami, noircir les pages en quête du sens de la vie. Pour l’instant, il croise Haemi la petite fille qui a bien changé depuis les années de collège. Ils entament la valse des petits cœurs amoureux, désespérés, s’accrochant à un rien pour vivre tout simplement. C’est alors qu’arrive Ben rencontré en Afrique par Haemi. Dandy milliardaire, est-ce une âme désœuvrée en quête de sensation, un joueur ? Il porte un mystère qui charme Haemi et inquiète Jongsoo. Dans ce jeu à trois, les apparences, la réalité suivent le chemin de l’illusion ou de la vérité. Jongsoo devra trouver sa propre vérité et peut-être ouvrir les portes de l’écriture. Entre-temps leur histoire à la Jules et Jim illumine chaque instant des moments fugaces des premières fois. La chambre vide et la disparition d’Haemi modifient la trame d’une histoire d’amour qui pourrait bien virer au drame.


Lee Chang-Dong utilise la nouvelle de Murakami Les Granges brûlées pour lui donner une autre résonance en changeant la trame. Les granges sont remplacées par un élément plus symbolique en Corée, les serres, plus présentes. Il utilise la symbolique comme un nouveau principe narratif pour donner aux spectateurs des pistes de lecture supplémentaires. C’est sur le territoire du non-dit que la réponse aux nombreuses questions que soulève ce trio trouve une partie de ses réponses. Chaque personnage est à un passage de sa vie. En écho, l’action, de façon symbolique, se déroule sur la marge entre les deux Corée. Au loin résonnent les discours de propagande diffusés à longueur de journée. Burning s’appuie sur ce que nous voyons, ce que nous montre la vie et qui souvent n’est qu’un aspect de la réalité. Au fur et à mesure du récit, chacun comprend que ce que nous percevons n’est pas la réalité. Cette histoire simple, un jeune homme rencontre une jeune fille et entame avec elle une danse de la séduction. Très vite, on ne sait plus qui est le séducteur ou la séductrice, qui ment, invente une autre vérité. Dans la première partie se déploie une romance du cœur se transformant dans notre esprit par un parcours secret en Jules et Jim.

C’est la musique d’Ascenseur pour l’échafaud de Miles Davis conduisant à Jeanne Moreau pour finir par Jules et Jim. Tout le film ressemble à cette image évoquant par un voyage personnel autre chose. La deuxième partie bascule dans un trio amoureux - ou pas. Elle finit par aboutir en fin de course à un thriller - ou pas. C’est bien ce jeu de la caméra effleurant le paysage et les protagonistes de l’histoire et leur disparition - comme Haemi devenu fantôme d’un amour éperdu. C’est ce chat qui existe - ou pas. Lee Chang-dong élabore une trame narrative particulière, proche du bouddhisme et de sa notion de la perception du monde. Il faut aller au-delà du par-delà pour toucher les rives du Satori (pour simplifier, l’éveil). Il faut aller chercher la « vérité ultime » des choses. Ce que nous voyons se trouve modifié par notre propre interprétation des choses. Pour faire simple, nous voyons le monde avec notre vécu, nos sentiments, nos désirs.

Burning devient un film différent d’une personne à l’autre, film politique, romance, thriller, histoire de la jeunesse coréenne, délires d’un écrivain. Tout est juste et faux à la fois, c’est bien toutes ces lignes qu’il développe et bien d’autres que nous ignorons. C’est le genre de film qui change, comme les saisons, au fur et à mesure. Plus on le regarde, une première fois, une deuxième fois, plus il ouvre d’autres histoires. Burning ressemble aux films d’Ozu. Une histoire simple dans un premier temps, qui devient plus complexe quand on cherche dans l’ombre la lumière. Il touche au fond de son âme tout un chacun de façon différente. C’est une belle réussite de Lee Chang-Dong à ne pas manquer.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo :
Langues Audio : Coréen Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Edition : Diaphana

Bonus:

  • - un livret avec entretiens, textes de Pierre Rissient et François Bégaudeau, et photos (24 pages)
  • Bande-annonce (VOST)

    Titre international : Burning

    Réalisation : Lee Chang-dong

    Scénario : Lee Chang-dong et Oh Jung-mi, d'après les nouvelles Les Granges brûlées (納屋を焼) de Haruki Murakami1,2 et L'Incendiaire (Barn Burning) de William Faulkner

    Direction artistique : Shin Joom-hee

    Costumes : Lee Choong-yeon

    Photographie : Hong Kyeong-pyo

    Montage : Kim Hyeon et Kim Da-won

    Musique : Mowg

    Production : Ok Gwang-hee

    Sociétés de production : Pinehouse Film, Now Film et NHK

    Société de distribution : CGV Arthouse

    Pays d'origine : Corée du Sud

    Langue originale : coréen

    Format : couleur

    Genre : thriller dramatique

    Durée : 148 minutes

    Dates de sortie : 16 mai 2018 (Festival de Cannes)4 ; 29 août 2018 (sortie nationale)

Distribution

    Yoo Ah-in : Jong-soo

    Steven Yeun : Ben

    Jeon Jong-seo : Hae-mi

    Lee Joong-ok

    Ok Ja-Yeon