On n’aime rien tant que les films qui nous transportent dans des univers méconnus. Sur la trame somme toute classique d’un voyou sans envergure poursuivi par d’autres pour une combine éventée et un paquet de dettes, nous pénétrons dans le monde insolite des salles de musculation et des « prépas », comprendre la préparation à un concours local.
Antoine, un petit malfrat ordinaire, a semé une telle pagaille autour de lui que lorsque son appartement est mis à sac par ceux qui veulent récupérer leur fric, sa mère, hors d’elle, le fiche à la porte. Il n’a plus nulle part où aller, sauf chez « le padre », son père, qu’il n’a pas vu depuis des années et avec qui il n’a aucune relation.
On assiste d’abord au choc des contraires, le baratineur, glandeur et gringalet face au mutique, dur à l’effort, qui met son temps, son énergie et tout ce qu’il gagne à se sculpter une identité, à relever le défi qu’il s’est fixé, gagner la compétition du Monsieur muscle du coin, catégorie Master, c’est-à-dire plus de 50 ans, chapeau !
Les relations entre les deux hommes, pour difficiles qu’elles soient, vont les bonifier tous les deux, l’un va s’humaniser en retrouvant maladroitement son rôle de père pendant que l’autre, après avoir épuisé son stock d’entourloupes, va finalement redresser un peu le cours de sa vie.
Nous assistons à des scènes inédites, comme le fait de gérer pour ainsi dire une pharmacie complète pour se préparer, mettre le réveil à deux heures du matin pour absorber quelques gélules, ou encore passer des soirées en regardant des DVD de Schwarzenegger au temps de sa splendeur. Il y a du glorieux et du dérisoire en même temps chez les personnages. Ils courent après des chimères de toutes leurs forces, l’un pour exister, l’autre pour s’en sortir, mais après tout, la vie n’est que du vent…
Roschdy Zem a beaucoup de tendresse pour ses acteurs. Il manie les petits travers humains pour les rendre encore plus attachants. On est agacé par le mensonge pathologique, on a envie de se moquer un peu de l’athlète monomaniaque et on a une pensée compatissante envers sa compagne. Mais finalement, Zem arrive très vite à faire passer que personne n’est à même de juger ses personnages.
On peut dire qu’au fur et à mesure que l’histoire se déroule, on frémit et on accompagne le bodybuilder de tous nos vœux. Le seul reproche que je ferai, est que la bande annonce déflore une scène comique qui aurait dû nous surprendre. Pour le reste, voilà un film de chair et de sang qui va droit au cœur.
Titre original : Bodybuilder
Réalisation : Roschdy Zem
Scénario : Julie Peyr et Roschdy Zem, d'après le roman The Bodybuilder and I de Bryan Friedman
Costumes : Emmanuelle Youchnovski
Photographie : Thomas Letellier
Montage : Monica Coleman
Production : Roschdy Zem
Productrice déléguée : Martine Cassinelli
Sociétés de production : Hole in one, Why Not Productions, Mars Films, avec la participation de Rhône-Alpes Cinéma, Canal+, Ciné+, TMC, Cinémage 8, Cofinova 10, Sofica Manon 4 et Soficinéma 101
Distribution : Mars Distribution
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Genre : comédie dramatique
Distribution
Vincent Rottiers : Antoine Morel
François Yolin Gauvin : Vincent Morel
Marina Foïs : Léa
Nicolas Duvauchelle : Fred Morel
Roschdy Zem : Vadim
Adel Bencherif : Luigi
Dominique Reymond : Muriel, la mère d'Antoine
Alice de Lencquesaing : Lucie
Xavier Beauvois : le comptable