En deux films, Ryan Coogler construit un univers particulier et personnel. Le racisme reste une de ses thématiques majeures, magnifiquement illustrée par son premier long Fruitvale Station en 2014. Il confirme ses qualités de metteur en scène avec Creed — L’Héritage de Rocky Balboa. Elle éclate avec Black Panther, personnage apparu dans les années soixante en pleine vague des droits civiques aux Etats-Unis. Pantherman son premier nom en France nait sous le crayon de Jack Kirby et la plume de Stan Lee. Don McGregor en fait une série dès 1973 dans la revue Jungle Action. Nous retrouvons la thématique de la différence chère au super- héros, plus particulièrement sur la condition des Afro-Américains aux Etats-Unis, en pleine lutte des droits civiques et de Martin Luther King.

Nous sommes loin du bon sauvage de la colonisation du XIX^e siècle, avec un peuple plus avancé que nos civilisations. Ryan Coogler revient sur l’image d’une Afrique sauvage, celle de l’indigène resté à l’âge de pierre, il se rapproche de Claude Lévi-Strauss, bousculant une idéologie arriérée. Il revient à ces civilisations du Dahomey, du continent africain en général, en avance sur l’Occident barbare. Le Wakanda possède une technologie léguée par le vibranium, plus moderne, en avance sur les autres sociétés. Il choisit de vivre oublié, masqué du monde et de progresser en harmonie avec la nature, réussissant une écologie utopique. Le film soulève la question du partage en s’ouvrant un peu plus au reste de l’humanité. Que faire de ses connaissances ? Faut-il les mettre entre les mains de ces sauvages ? Deux courants apparaissent, celui de T’Chaka le père de T’Challa et l’autre de son frère N’Jobu, partisan de l’ouverture.

Le réalisateur rajoute un secret de famille, une faute impardonnable pour des humanistes non-violents. Violence et non-violence parcourent Black Panther, comme technologie et sauvage, mort et vie, amour et haine. Il donne une mise en scène proche des tragédies antiques avec la place du divin dans l’histoire des hommes. Marvel nous avait habitués à un discours plus complexe, loin des premiers super-héros assez manichéens. Black Panther pousse plus loin l’exploration de la nature humaine et du sens à donner au monde. La figure de Killmonger  prend plus de profondeur et de conflit intérieur, admirablement joué par Michael B. Jordan, l’acteur fétiche de Ryan Coogler. Derrière le divertissement se cachent de nombreuses questions de société actuelles, transformant Black Panther en une saga pleine de surprises. Après Dr Strange c’est un nouveau passage réussi sur grand écran en espérant un jour voir un nouveau Surfer d’Argent.

 Patrick Van Langhenhoven

•  Titre original et français : Black Panther

    •       Titre québécois : Panthère noire

    •       Réalisateur : Ryan Coogler

    •       Scénario : Ryan Coogler et Joe Robert Cole, d'après les personnages créés par Jack Kirby et Stan Lee

    •       Direction artistique : Marlie Arnold

    •       Décors : Hannah Beachler

    •       Costumes : Ruth E. Carter

    •       Photographie : Rachel Morrison

    •       Montage : Claudia Castello et Michael P. Shawver

    •       Musique : Ludwig Göransson

    •       Production : Kevin Feige

    ◦       Production déléguée : Victoria Alonso

    •       Société de production : Marvel Studios

    •       Société de distribution : Walt Disney Studios Distribution

    •       Budget: 200 000 000 $

    •       Pays d'origine : États-Unis

    •       Langue originale : anglais

    •       Format : couleur — 2,39:1

    •       Genre : super-héros

    •       Durée : 134 minutes

    •       Dates de sortie : 14 février 20183

Distribution

    •       Chadwick Boseman (VF : Namakan Koné ; VQ : Pierre-Yves Cardinal) : T'Challa / la Panthère noire

    •       Michael B. Jordan (VF : Diouc Koma ; VQ : Christian Perrault) : Erik "Killmonger" Stevens

    •       Lupita Nyong'o (VF : Fily Keita ; VQ : Catherine Hamman) : Nakia

    •       Danai Gurira (VF : Géraldine Asselin ; VQ : Julie Beauchemin) : Okoye

    •       Martin Freeman (VF : Julien Sibre ; VQ : François Sasseville) : Everett K. Ross (en)

    •       Daniel Kaluuya (VF : Rody Benghezala ; VQ : Eric Paulhus) : W'Kabi

    •       Letitia Wright (VF : Aurélie Konaté ; VQ : Catherine Brunet) : Shuri

    •       Winston Duke (VF : Asto Montcho ; VQ : Thiéry Dubé) : M'Baku

    •       Sterling K. Brown (VF : Mohad Sanou ; VQ : Alexis Lefebvre) : N'Jobu

    •       Angela Bassett (VF : Maïk Darah ; VQ : Claudine Chatel) : Ramonda

    •       Forest Whitaker (VF : Thierry Desroses ; VQ : Normand D'Amour) : Zuri

    •       Andy Serkis (VF : Jérémie Covillault ; VQ : Manuel Tadros) : Ulysses Klaue

    •       Isaac de Bankolé (VF : Jean-Michel Martial ; VQ : Stéphane Rivard) : le chef de la tribu de la Rivière

    •       Florence Kasumba : Ayo

    •       John Kani (VF : Saïd Amadis ; VQ : Didier Lucien) : T'Chaka

    •       Nabiyah Be (VF : Corinne Wellong) : Tilda Johnson

    •       Sydelle Noel : une Dora Milaje

    •       Denzel Whitaker (VF : Jean-Michel Vaubien ; VQ : Jean-François Beaupré) : James / Zuri jeune

    •       Atandwa Kani (VF : Jean-Paul Pitolin) : T'Chaka jeune

    •       Bambadjan Bamba : le chef de la milice

    •       Sebastian Stan (VF : Axel Kiener ; VQ : Nicholas Savard L'Herbier) : Bucky (scène post-générique)

    •       Stan Lee (VF : Jean-Claude Montalban ; VQ : Jean-Jacques Lamothe) : un joueur de poker à Busan