Baby, le walkman vissé aux oreilles aime les belles voitures et la vitesse dans la cité. Elles l’emportent loin dans un autre monde où l’oublie efface tout. Quand vous volez un bolide inconnu, cela coûte cher. Cela vous oblige à bosser pour le Doc, un organisateur de braquages impossibles. Il est important, dans ces situations, de se tirer à l’arraché. C’est la marque de fabrique de Baby Driver. C’est un petit cadeau miraculeux pour l’équipe, un bonus avec sa conduite capable de vous extraire de toutes les nasses. Il faut une équipe différente à chaque fois, mais le même chauffeur pour vous emporter loin de la sarabande des sirènes bleues. La vie pourrait durer longtemps avec cette petite affaire, si un jour le gamin, la dette remboursée, ne décidait de tout laisser tomber. Doc est un vieux roublard et l’amour vous donne des ailes et de fortes pressions. Le petit cœur de Baby en pince pour la jolie Debora, serveuse dans un bar de la dernière chance. C’est un bon moyen de lui forcer la main. Et si, sous ses airs de nigaud, le petit cachait plus des neurones que ne lui soupçonne pas l’équipe ? Il faudra jouer serrer pour se sortir d’une impasse où la conduite extrême ne suffit plus.
Baby Driver pourrait bien être la surprise de l’été, film remarquable sur un scénario assez basique. C’est en gros une bande de braqueurs, un conducteur fou et l’amour perturbant le jeu. La séquence d’ouverture avec sa course poursuite rappelle le choc de Bullitt. Mais il ne se contente pas d’aligner les échappées en voitures impossibles, il se dote d’une histoire entre Roméo et Juliette et les classiques de braquages. Tout tient dans sa galerie de personnages typés, entre le couple à la Bonnie and Clyde, le gros bras revisité et le cerveau manipulateur. L’innocence face à la noirceur du monde semble être la toile de fond du récit. C’est un amoureux de la vitesse à la vie brisée portant un lourd secret qu’il noie sur l’asphalte. La fuite en avant pour ne pas voir hier quand l’orage grondait et que le monde n’était que ténèbres. Il faudra bien redescendre en enfer pour sauver son Eurydice et retrouver le chemin du paradis. Il y a du mythe, du symbole dans une histoire simple sans fioriture et pourtant profonde. Tout se joue sur les non-dits, les secrets que les uns et les autres dissimulent dans leurs âmes. Au cœur de la nuit, c’est toujours la lumière qui se voit le mieux. C’est millimétré et précis, tout est à sa place et s’enchaîne pour surprendre le spectateur. Il redistribue les cartes du jeu d’une autre façon et la donne est magique. Les figures du genre, portées par des acteurs inspirés prennent un tout autre relief. Chacun dévoile une face cachée, un point sombre en écho à celui du driver. C’est pourquoi Baby Driver pourrait bien soulever l’engouement du public et créer la surprise de cet été.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original et français : Baby Driver
Titre québécois : Baby le chauffeur
Réalisation et scénario : Edgar Wright
Direction artistique : Justin O'Neal Miller
Décors : Lance Totten
Costumes: Courtney Hoffman
Photographie : Bill Pope
Montage: Paul Machliss
Musique: Steven Price
Production: Tim Bevan, Eric Fellner et Nira Park; James Biddle, Liza Chasin, Adam Merims et Michelle Wright (délégués)
Sociétés de production: Media Rights Capital, Big Talk Productions et Working Title Films
Sociétés de distribution : TriStar (États-Unis), Sony Pictures Releasing France (France)
Pays d'origine : États-Unis/ Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur - 2.35:1 - 35 mm - son Dolby Atmos
Genre : comédie policière
Durée : 115 minutes
Dates de sortie : 19 juillet 2017
Distribution
Ansel Elgort (VF : Gauthier Battoue ; VQ : Gabriel Lessard) : Baby
Kevin Spacey (VF : Gabriel Le Doze ; VQ : Pierre Auger) : Doc
Lily James (VF: Alexia Papineschi; VQ: Kim Jalabert): Deborah
Jon Hamm (VQ: Patrick Chouinard): Buddy
Jon Bernthal (VQ: Frédérik Zacharek): Griff
Jamie Foxx (VF: Jean-Baptiste Anoumon; VQ: Benoit Éthier): Bats
Eiza González (VF: Claire Morin; VQ: Catherine Brunet): Darling
Flea (VQ : Antoine Durand) : Eddie No-Nose
Sky Ferreira : la mère de Baby
Lanny Joon (VF: Jérémy Bardeau; VQ: Martin Watier): J. D.
CJ Jones : Joseph