« Le monde a tellement changé. Ce qui est passé est passé »
Un instant, la présence des êtres chers accroche nos souvenirs. Un autre les voit s’évanouir dans le néant. Le temps pour Clint Barton de se retourner et plus rien, que le vent balayant la campagne. Thanos raye du cosmos une moitié du vivant pour recommencer la route. Peut-on lui en vouloir de choisir la voie des mouroirs ? Dans l’espace, une main actionne la commande d’un casque. Dans la dérive d’un vaisseau aux portes de la mort, laisser un testament, une voix de mémoire dans l’histoire d’un couple. Dans cet ouragan, on s’apitoie. On pleure les morts. On réconforte les vivants. On baisse les bras et on laisse le temps nous laminer comme un rocher face à la mer.
On espère et on continue la lutte. Trop tard ! Thanos a détruit les pierres. Plus rien ne permettra de revenir en arrière. Même sa mort n’apporte aucune joie, aucune espérance pour revenir à la source des jours anciens. Pourtant, le temps et le destin s’amusent des humains et un petit grand-homme frappe à la porte de ce qu’il reste des Avengers. Scott Lang, Ant-Man jaillit du cul du monde quantique pour porter une brise d’espérance. Il est temps de reprendre le chemin de l’espoir et de la lutte. Mais il possède dans la balance des âmes, un prix cher à payer.
« Ce qu’il y a de meilleur en nous vient peut-être de ces époques passées dont nous pouvons maintenant à peine saisir directement le sentiment ; le soleil s’est déjà couché, mais il éclaire et enflamme encore le ciel de notre vie, même si déjà nous ne le voyons plus. » Nietzsche Humain trop humain.
Il serait temps de cesser de marquer des frontières entre le cinéma d’auteur et les blockbusters. Comme si le premier avait tout à nous dire sur le monde et nos désirs et le second, rien. Dans ce dernier volet clôturant une saga, nous lirons notre destin à la mesure du temps et du néant. Il prendra la forme des vieilles tragédies antiques, de Shakespeare, des philosophes, Nietzsche en particulier, et bien d’autres. Derrière le divertissement se cachent des questions essentielles sur notre place au sein de l’univers. Face à la mort des êtres chers, tous ces super héros réagissent comme de simples humains entre larmes et vengeance. Déjà, Miss Marvel, Capitain Marvel posaient la question : Comment rester humain face à ces super pouvoirs absolus ? Qu’est-ce qui nous tient debout et au dernier souffle, agite notre pensée, notre désir de rester encore un instant ? C’est bien l’amour que nous portons aux êtres chers, sa bien-aimée pour Iron Man, sa famille pour Hawkeye, l’amitié, l’humanité. Face à ce sentiment, les super pouvoirs, l’argent, la puissance ne vous servent à rien et n’effaceront pas vos pleurs.
C’est ce qui jette à terre certains ne devenant plus que l’ombre d’eux-mêmes, lance dans la vengeance et l’oubli d’autres. Pour le reste, ils s’accrochent à l’espérance, dans ces multiples versions du temps d’un recommencement, d’un retour en arrière. C’est ensemble qu’ils réussiront à transcender l’avenir pour construire une histoire différente. Ils payeront un prix, celui de la mort. Mais quelques vies pour en sauver des milliers s’avèrent peu de chose. Avengers Endgame, comme tous les films de super héros, soulève de nombreuses questions philosophiques et existentielles. Il conduit le spectateur de notre petite boule bleue aux confins du cosmos. Il montre que micro et macro-cosmos sont liés. Il faudra passer par l’infiniment petit pour remettre en ordre l’infiniment grand. Dans ce jeu, le mensonge, l’amour, la trahison jouent leurs partitions habituelles. Nous comprendrons que la fin n’est que le commencement.
« Dieu est mort… Et c’est nous qui l’avons tué ! » (Le Gai Savoir, 1882).
« La foi en la vérité commence avec le doute de toutes les “vérités” en quoi l’on a cru jusqu’à présent. » Nietzsche – Humain trop humain.
Le film prend la forme de moments épiques et tragiques construisant une nouvelle mythologie s’appuyant sur les anciennes sagas, mythes de nos origines. Le voyageur, l’éveilleur, le quêteur possèdent aujourd’hui le champ des étoiles comme terre en jachère. La première image montre ce temps paisible du bonheur parfait. Il s’efface par la main de Thanos, mais parfois par nos propres actions. Il ouvre la porte aux regrets. Nous retrouvons ces fragrances d’utopie merveilleuse dans plusieurs moments du film où le héros tentera de les chérir et les préserver. Il nous ramène à cette notion de l’ici et maintenant. Chaque instant est un diamant précieux dont il faut profiter.
Il puise d’autres moments forts au sein de la tragédie comme la seconde séquence, un crâne d’acier, un casque et nous pensons à Hamlet et ce dialogue mythique. C’est un testament, une déclaration d’amour et du temps perdu à oublier l’essentiel. Il emprunte à la tragédie grecque, ponctuant le récit de batailles, d’action et de moments de réflexion sur l’univers et l’humain. Pour finir, les femmes prennent une place plus importante annonçant un monde nouveau. Avengers Endgame, en bouclant un cycle annonce peut-être un nouveau type de blockbuster, des films d’auteur divertissants et portant des messages à méditer.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original et français : Avengers: Endgame
Titre québécois : Avengers : Phase finale
Réalisation : Anthony et Joe Russo
Scénario : Christopher Markus et Stephen McFeely, d'après les personnages créés par Stan Lee et Jack Kirby
Direction artistique : Ray Chan
Décors : Charles Wood
Costumes : Judianna Makovsky
Photographie : Trent Opaloch
Montage : Jeffrey Ford et Matthew Schmidt
Musique : Alan Silvestri
Production : Kevin Feige
Production déléguée : Victoria Alonso, Louis D'Esposito, Jon Favreau, Alan Fine, Stan Lee
Coproduction : Mitchell Bell
Société de production : Marvel Studios
Société de distribution : Walt Disney Studios Distribution
Budget : n/a
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : super-héros
Durée : 181 minutes
Dates de sortie : 24 avril 2019
Distribution
Robert Downey Jr. (VF et VQ : Bernard Gabay) : Tony Stark / Iron Man
Chris Evans (VF : Alexandre Gillet) : Steve Rogers / Captain America
Mark Ruffalo (VF : Rémi Bichet) : Bruce Banner / Hulk
Chris Hemsworth (VF : Adrien Antoine) : Thor
Scarlett Johansson (VF : Magali Rosenzweig) : Natasha Romanoff / Black Widow
Jeremy Renner (VF : Jérôme Pauwels) : Clint Barton / Ronin
Don Cheadle (VF : Sidney Kotto) : James « Rhodey » Rhodes / War Machine
Paul Rudd (VF : Damien Boisseau) : Scott Lang / Ant-Man
Brie Larson (VF : Élisabeth Ventura) : Carol Danvers / Captain Marvel
Karen Gillan (VF : Laëtitia Lefebvre) : Nébula
Danai Gurira (VF : Géraldine Asselin) : Okoye
Bradley Cooper (VF : Alexis Victor) : Rocket (voix)
Josh Brolin (VF et VQ : Paul Borne) : Thanos (voix et capture de mouvement)
Zoe Saldana (VF : Nathalie Karsenti) : Gamora
Benedict Cumberbatch (VF : Jérémie Covillault) : Stephen Strange / Dr Strange
Tom Holland (VF : Hugo Brunswick) : Peter Parker / Spider-Man
Chadwick Boseman (VF : Namakan Koné) : T'Challa / Black Panther
Chris Pratt (VF : David Krüger) : Peter Quill / Star-Lord
Elizabeth Olsen (VF : Charlotte Corréa) : Wanda Maximoff
Sebastian Stan (VF : Axel Kiener) : James « Bucky » Barnes / le Soldat de l'hiver
Anthony Mackie (VF : Jean-Baptiste Anoumon) : Sam Wilson / le Faucon
Evangeline Lilly (VF : Vanina Pradier) : Hope van Dyne / la Guêpe
Tom Hiddleston (VF : Alexis Victor) : Loki
Tessa Thompson (VF : Aurélie Konaté): Valkyrie
Dave Bautista (VF : Serge Biavan) : Drax le Destructeur
Vin Diesel (VF : Guillaume Orsat) : Groot (voix)
Pom Klementieff (VF et VQ : elle-même) : Mantis
Angela Bassett : Ramonda
Letitia Wright (VF : Aurélie Konaté) : Shuri
Winston Duke : M'Baku / L'Homme-singe
Samuel L. Jackson : Nick Fury
Cobie Smulders : Maria Hill
Gwyneth Paltrow (VF : Barbara Kelsch) : Pepper Potts
Jon Favreau (VF : Yann Guillemot) : Harold « Happy » Hogan
Frank Grillo (VF : David Krüger) : Brock Rumlow / Crossbones
Robert Redford (VF : Samuel Labarthe) : Alexander Pierce
Rene Russo (VF : Véronique Augereau) : Frigga
Natalie Portman (VF : Sylvie Jacob) : Jane Foster
Michael Douglas (VF : Hervé Jolly) : Henry « Hank » Pym
Michelle Pfeiffer : Janet van Dyne
Tilda Swinton (VF : Françoise Cadol) : L'Ancien
Benedict Wong (VF : Enrique Carballido) : Wong (en)
Hayley Atwell (VF : France Renard) : Peggy Carter
James D'Arcy (VF : Constantin Pappas) : Edwin Jarvis
John Slattery (VF : Guy Chapellier) : Howard Stark
William Hurt : Thaddeus « Thunderbolt » Ross
Linda Cardellini (VF : Hélène Bizot) : Laura Barton
Marisa Tomei : May Parker
Ty Simpkins7 : Harley Keener
Hiroyuki Sanada : Akihiko
Kerry Condon (VF : Anne Dolan) : FRIDAY
Ross Marquand (VF : Féodor Atkine) : Crâne rouge
Taika Waititi (VF : Stéphane Ronchewski) : Korg
Jacob Batalon : Ned
Callan Mulvey : Jack Rollins
Maximiliano Hernández (VF : Fabien Jacquelin) : Jasper Sitwell
Ken Jeong : un garde de sécurité
Yvette Nicole Brown : un agent du SHIELD
Stan Lee (VF : Jean-Claude Montalban) : le conducteur des années 1970 (caméo)