Ils disposent d'une arme nouvelle, des recombinants, avatars Na'vi avec les souvenirs de soldats décédés. Leur chef n'est autre que le porteur de haine, le colonel Quaritch. Il attaque le camp des Na'vi comme le colonel John Chivington massacrant des Amérindiens à Sand Creek en 1864. Jake, Neytiri et leur famille n'ont plus qu'une solution, fuir, pour épargner le peuple de la forêt. Ils trouvent refuge auprès des Metkayina, peuple de l'eau. C'est une nouvelle culture qu'ils apprennent et découvrent. Pendant quelque temps, le danger semble s'éloigner et la vie au fil de l'océan, à l'origine de toute chose, semble paisible. Ailleurs, la vengeance guide Quaritch et ses hommes pour un ultime combat. Comme si la roue du Karma gouvernait chaque histoire et que le destin devenait un éternel recommencement.
Deuxième volet d'une franchise qui devrait en compter cinq, l'histoire est à la fois la même et différente. Dans Avatar, la voie de l'eau nous découvrons une autre culture, celle des Maoris et des îles liées à l'océan, matrice du début et de la fin dans un éternel recommencement. Le récit se centre sur la famille de Sully, devenu un Na'vi. C'est de nouveau la question de l'homme finissant par se fondre dans la masse. Cette fois, c'est non plus sa place au sein du monde mais celle de sa famille. Cette thématique hante le cinéma depuis Naissance d'une Nation qui était plus ancré dans la religion chrétienne. Cameron lui donne une dimension plus universelle en se plaçant au sein du microcosme à travers le mythe et plus encore, du macrocosme.
Il reprend cette idée que nous appartenons à un tout qui nous dépasse. Ainsi s'explique le lien que tisse Lo'ak avec le Tulkun, les baleines de Pandora, bien plus intelligents que l'homme. Le jeune garçon turbulent semble lié de mon âme à ton âme avec l'animal. Il nous interroge sur la non-violence et ses limites. Cette civilisation pacifiste devra choisir quelle voie prendre pour préserver la paix. C'est une question essentielle du film. Pour le reste, l’histoire reprend les thématiques du premier Avatar, celle du western. Jack Sully repousse la frontière, comme chez John Ford. Cette thématique est récurrente chez Cameron de Terminator à Abyss en passant par Alien. C'est souvent un ouvrier, un homme simple qui s'affranchit pour devenir plus grand et se fondre dans l'immensité cosmique, et plus particulièrement l'océan (Abyss, Titanic).
Cela fait dire à certains que Cameron serait un réalisateur marxiste. Ses héros se fondent, se perdent dans la foule, la chose commune. Les peuples d'Avatar fonctionnent sur la notion de la famille et de la tribu et forment un tout, lui-même au sein du cosmos. Face à eux, c'est la nation de l'ego, du désir et de la guerre, s'accaparant tout par le chemin de la violence. Il reprend la notion du Karma, causes et conséquences faisant tourner la roue de la vie. C'est une version de la conquête de l'Ouest avec la victoire des Indiens sur ses Blancs avides de tout. Dans ce deuxième volet, il repousse une autre frontière, celle de la technique en nous immergeant complètement dans le film. Cameron utilise la révolution technique pour servir une histoire qui nous interroge sur notre propre place au sein du Cosmos.
Patrick Van Langhenhoven
Source et légende : version française (VF) sur RS Doublage