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affiche Aquarius

Aquarius

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Un film de Kleber Mendonça Filho ,
Avec Sonia Braga, Maeve Jinkings,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h25
Brésil

En Bref

La plage sur le bord du monde avec ses vagues et ses baigneurs en bordure, incapables d’aller plus loin à cause des requins. Des requins que l’on retrouve au cœur de la ville, avides d’étendre leurs mains sur le passé pour écrire l’avenir. La ville trace une frontière entre pauvres et riches, une sortie d’égout nauséabonde sépare les deux mondes. Clara vit en bordure de la ville coincée entre les tours des immeubles s’élançant pour provoquer le ciel. Elle résiste aux requins humains, ignore la frontière, passant de l’une à l’autre uniquement saisie par le sens de la vie. Rebelle, elle provoque même l’animal au cœur de l’océan où il glisse, sournois, prêt à la dévorer.

Elle peut résister à tout, au cancer  du sein qui lui laisse un triste souvenir, une cicatrice qui ne l’empêche pas de vivre. Elle peut résister au promoteur immobilier qui souhaite l’expulser pour bâtir un nouvel Aquarius. Dernière survivante d’un monde où l’humain tient la première place, elle résiste à la vague des seigneurs de l’argent. Ils tenteront bien de la pousser hors les murs, elle qui en plus, possède cette peau d’or des anciens esclaves. C’est hier contre demain, un avenir que l’on ne désire pas mais que les requins installent de façon pernicieuse. Clara tient bon, capitaine d’un navire qui prend l’eau mais qui survit à la bourrasque. Dernier cœur à chanter le monde au lieu de le compter, mais pour combien de temps, de jours, de minutes avant que l’aurore ne l’engloutisse ou la soulève dans le firmament pour l’éternité.


Aquarius est un film magnifique qui raconte la lutte d’un monde où l’humanité possède encore sa place contre les requins financiers. Deuxième film du réalisateur Kleber Mendonça Filho ou sa ville, Recife sert de métaphore à ce Brésil en pleine expansion. Chaque plan, zoom, sert à la narration du film, d’une femme, d’un pays qui ne veut pas oublier ses racines, son passé pour construire l’avenir. C’est aussi le combat d’une femme que le cancer n’a pas détruite, au contraire, la vie reprend le dessus et l’emporte contre ses menaces dans et hors la maison. La première séquence d’une fête ancienne semble nous égarer sur un personnage qui marque un passage de témoin entre hier et aujourd’hui.

Clara et la tante Julia se ressemblent. Elles sont la ligne d’une histoire qui ne s’effacera pas. C’est le cas du Brésil construit aussi bien par ses anciens esclaves à la peau sombre dont Clara fait partie et ces petits Blancs venus du Portugal. D’ailleurs, le fils du propriétaire, jeune cadre dynamique ayant étudié aux Etats- Unis, c’est tout dire, lui en fera la remarque. Comme si par cette blessure, il voulait marquer un point, prendre le pas sur cette femme qui résiste. Elle tient bon car l’histoire lui donnera sans doute raison, demain ne sera pas fait que de deniers avides. Le film ressemble à Sao Paulo de Liuz Sergio, il parle de la même façon du changement économique et social d’une société. Clara est le dernier témoin d’un temps qui ne veut pas mourir, s’effacer à jamais.

Elle est aussi le futur qui s’élance vers demain sans nier ses origines. Elle entre en résistance contre ces nouveaux riches qui voudraient d’un trait rayer hier, nier l’histoire qui les porte à repousser l’horizon, construire des nouvelles tours de Babel. Ils tenteront tout pour la chasser du bonheur, de la vie qui n’a cure de leur petit jeu. Une orgie au-dessus de chez elle ne la pousse ni à fuir, ni à appeler la police. Au contraire, elle téléphone à un gigolo pour créer sa propre fête. L’existence, le futur ne se fera pas sans elle. De la même manière, les termites qui rongent la maison comme métaphore de ce qui dans l’ombre détruit le Brésil ou ce cancer qui n’a pas eu le dernier mot. La mort n’aura pas le dernier mot c’est la vie qui emporte tout comme dans cette fête où ces vieilles femmes n’ont plus d’âge. Tenace, Clara est marquée par sa fougue, sa folie de jeune fille, la sagesse de l’âge et le temps qui la construit. Le passé ne vient pas comme un leitmotiv qui parlerait d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Il est ce qui porte le présent. L’un et l’autre ne se nient pas mais fabriquent le futur, c’est la vie quoi ! Il faut quand même dire un mot de l’actrice centrale, Sonia Braga, magnifique Femme araignée de notre jeunesse, toujours aussi séduisante et extraordinaire dans son jeu touchant l’essentiel.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.39, Format DVD-9
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1, 2.0
Sous-titres : Français
Edition : Blaq out

Bonus:

Entretien avec Alberto Da Silva, maître de conférences à Paris Sorbonne, spécialiste du cinéma brésilien et d'histoire contemporaine, par Philippe Piazzo (17')

  • "Vinil Verde", court métrage de Kleber Mendonça Filho (2004, 16')

Titre français : Aquarius

    •       Réalisation : Kleber Mendonça Filho

    •       Scénario : Kleber Mendonça Filho

    •       Photographie : Pedro Sotero et Fabricio Tadeu

    •       Pays d'origine : Brésil

    •       Genre : drame

    •       Dates de sortie : France : 17 mai 2016 (Festival de Cannes), 28 septembre 2016

Distribution

    •       Sonia Braga : Clara

    •       Jeff Rosick : Colin McInerny

    •       Irandhir Santos : Roberval

    •       Maeve Jinkings : Ana Paula

    •       Carla Ribas :

    •       Fernando Teixeira : Geraldo Bonfim

    •       Humberto Carrão : Diego

    •       Julia Bernat : Julia

    •       Buda Lira : Antonio

    •       Rubens Santos : Rivanildo

    •       Paula De Renor : Fátima

    •       Daniel Porpino : Adalberto