Amin

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Un film de Philippe Faucon,
Avec Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos, Marème N'Diaye,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h31
France

En Bref

Amin, loin de son Sénégal natal et de sa famille, travaille dur sur des chantiers sans se plaindre. Les journées à rallonge, les changements de programme et des entrepreneurs qui demandent toujours plus sans se préoccuper trop des réglementations, voilà son quotidien. S’il se donne tout ce mal, c’est pour envoyer de l’argent au pays, pour permettre à ceux qu’il a laissés d’avoir une vie meilleure. Il monte même une collecte dans son foyer de banlieue pour apporter une belle somme destinée à soutenir l’école du village. Le hasard l’amène à faire des travaux chez Gabrielle, infirmière divorcée…

Philippe Faucon brosse des portraits simples, insérés dans un quotidien très réel. Amin a une mission, être irréprochable en tant que soutien financier de ses proches et de sa communauté. Il respire l’honnêteté et la droiture dans un milieu (celui du bâtiment) qui ne partage pas toujours ces valeurs. Quand il revient au pays, il met un point d’honneur à prôner le savoir, le courage qui doit mener à l’ascension sociale. Mais sa femme s’en fiche. Elle voudrait partager sa vie, venir en France plutôt que de retrouver trop rarement ce mari qui devient petit à petit un étranger.

La solitude, l’isolement sont le pivot du film. Si Amin se rapproche de Gabrielle, c’est bien parce qu’il trouve chez elle du réconfort et de l’écoute. Et cela fonctionne symétriquement. Gabrielle se sent désirée, attendue, espérée. Elle a l’impression de revivre. Ni l’un ni l’autre ne font de projets. D’ailleurs leur havre de douceur sensuelle ne dépasse pas les murs de la maison de Gabrielle. Dehors, tout leur dit que cette histoire n’a pas lieu d’exister.

Amin décrit des destins parallèles qui se croisent un jour. Subtilement, le réalisateur glisse des observations plus efficaces qu’un manifeste politique. On voit comment le travail au noir toute une vie ne permet pas d’assurer ses vieux jours, comment petit à petit, la vie quotidienne au Sénégal évolue vers des contraintes religieuses qui mettent à mal les relations intrafamiliales.

Philippe Faucon traite un sujet sensible sans jugement ni manichéisme. Comme les impressionnistes, il procède par petites touches et nous livre une tranche de vie ordinaire mais pas banale.

Françoise Poul