Alliés
___
En Bref
Casablanca 1942 le bel espion Max Vatan est envoyé en mission spéciale. Il rejoint la belle résistante et espionne Marianne de Beauséjour, une femme qui échappa aux mâchoires terribles de la Gestapo. Son réseau mis à mal, elle choisit la fuite pour poursuivre la lutte au Maroc. Nos deux espions comprennent très vite qu’autre chose les rapproche, un sentiment indéfinissable qui, au cœur des ténèbres, ressemble à une lanterne pour naufragés, l’amour. Leur mission est un succès. La bête immonde compte un diable de moins et la ville est déstabilisée. De retour en Angleterre, la romance sonne les violons du bal et de la destinée. Nos deux amants décident de transformer cette idylle dans les sables du désert en un beau mariage.
La lutte continue, la guerre n’est pas finie mais deux cœurs unis valent mieux que la solitude des champs de bataille. Max Vatan prend des responsabilités plus importantes au sein du réseau, chapeautant des missions cruciales pour le karma du monde libre. Marianne s’occupe de leur petite fille née sous les bombes du Blitz, un cadeau au cœur de l’enfer. Pourtant, tout ceci pourrait bien être remis en cause, des soupçons pesant dans la balance du bien et du mal. La douce Marianne n’est peut-être pas celle que l’on pense. La vérité est un fardeau lourd à porter surtout quand on vous demande si la vision est juste de mettre une balle dans la tête de votre femme. Que découvrira Max Vatan au bout de sa quête, le diable ou l’ange ?
Après un type sur le fil entre deux tours, Robert Zemeckis revient au cinéma populaire. Il plante le décor d’une histoire d’amour au cœur de l’enfer dans les sombres méandres d’un fleuve nommé guerre et non plus vie. Dans l’antre du démon, il n’existe pas de gris, juste lumière et ténèbres. Le film commence dans les décors du Petit Prince, un désert où le soleil se lève plein d’espoir. Un homme descend du ciel comme un ange pour porter le glaive de la justice et abattre la Bête. Ange ou démon, visage du bien ou du mal, Alliés égrène la petite note d’une symphonie où le gris n’existe pas. La première partie permet de faire connaissance avec nos deux tourtereaux entre mission suicidaire et romance pure. Zemeckis s’amuse avec notre imaginaire, évoquant le cinéma d’après-guerre qui tentait de faire oublier les années noires.
Il prend la lumière pour témoin entre clairs obscurs, soleil effleurant les paysages ou les visages et les coins sombres où se trame le destin du monde. Film d’aventures pur, nous rappelant l’âge d’or du genre, la caméra sait sublimer la séquence pour lui donner plus de force. Dans la deuxième partie, nous sommes dans la romance pure. C’est elle qui prend le pas sur le film de guerre. En fond, les bombes arrachent la paix pour semer le champ de mort. La belle séquence d’accouchement sous les bombes nous ramène à la promesse d’une aube nouvelle. La vie tente de s’installer au cœur de l’enfer, jouant la carte de la passion qui efface toute désillusion. Cet amour si tendre, si beau, dirait le poète, résiste à tout. Dans sa dernière partie, le film, de façon imperceptible, bascule dans le doute. Et si tout ce en quoi vous aviez cru n’était qu’une chimère, un mensonge ? Nous retrouvons là deux questions qui reviennent souvent dans sa filmographie, la romance en toile de fond, le doute, le bien et le mal. Il cache derrière une filmographie populaire une réflexion plus profonde sur le monde.
Elle apparaît plus en avant avec Forest Gump, Retour vers le futur, Seule au monde et The Walk, Beowulf, moins évidente dans le reste de sa production. Elle est filmée avec justesse et finesse sans jouer les violons et les crécelles. Même un plan comme le couple de dos face au désert prend une autre tonalité. Il montre combien l’avant et l’après d’une séquence sont importants. Alliés fera frémir, se serrer Margot contre votre cœur en pensant que l’amour transcende tout même le pire. Qu’il n’y a rien de plus beau, même au cœur de la tempête nazie, que deux cœurs qui s’aiment. La scène de fin est magnifique, s’appuyant à la fois sur les codes du genre comme le reste du film, mais en même temps sublimée par le savoir-faire du réalisateur. Il ne vous restera plus qu’à prendre Margot par la main et lui dire que le monde n’est rien sans elle…
Patrick Van Langhenhoven
• Titre français : Alliés
• Titre original : Allied
• Titre provisoire : Five Seconds of Silence
• Réalisation : Robert Zemeckis
• Scénario : Steven Knight
• Direction artistique : Gary Freeman
• Décors : Raffaella Giovannetti
• Photographie : Don Burgess
• Montage : Jeremiah O'Driscoll
• Musique : Alan Silvestri
• Production : Graham King, Steve Starkey et Robert Zemeckis
Producteurs délégués : Steven Knight, Patrick McCormick, Denis O'Sullivan et Jack Rapke
• Sociétés de production : GK Films, New Regency Pictures, Paramount Pictures et 20th Century Fox
• Sociétés de distribution : Paramount Pictures (États-Unis), 20th Century Fox France (France)
• Budget : n/a
• Pays d'origine : États-Unis
• Langue originale : anglais
• Genre : drame, romance, guerre
• Dates de sortie : 23 novembre 2016
Distribution
• Brad Pitt (VF : Jean-Pierre Michaël) : Max Vatan
• Marion Cotillard : Marianne Beausejour
• Lizzy Caplan : Bridget Vatan
• Jared Harris : Frank Heslop
• Raffey Cassidy : Anna (14 ans)
• Daniel Betts : George Kavanagh
• Marion Bailey : Madame Sinclair
• Anton Lesser : Emmanuel Lombard
• Matthew Goode : Guy Sangster
• Josh Dylan : Capitaine Adam Hunter
• August Diehl : Hobar
• Charlotte Hope : Louise
• Sally Messham : Margaret
• Camille Cottin : Monique
• Thierry Frémont : Paul Delamare
• Xavier De Guillebon : Claude
• Raphaël Desprez : Degas
