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affiche Alaska

Alaska

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Un film de Claudio Cupellini,
Avec Elio Germano, , Astrid Bergès-Frisbey,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h05
Italie

En Bref

Fausto travaille comme serveur à Paris dans un établissement de luxe et rêve d’y devenir un jour maître d’hôtel. Dans une salle du même immeuble, Nadine, jeune française d’une vingtaine d’années, participe sans grand enthousiasme à une sélection pour un défilé de mode au cours duquel elle retient l’attention d’un professionnel. Sur la terrasse, elle rencontre Fausto qui lui propose de visiter une des plus belles suites de l’hôtel. Une violente dispute avec le locataire de la chambre, au cours de laquelle Fausto prend la défense de Nadine, signe le début d’une folle passion et d’une série de mésaventures entre la France et l’Italie. Passant de  l’indigence à la richesse et n’hésitant pas à flirter avec le crime, Nadine et Fausto se perdent et se retrouvent comme s’il n’y avait qu’eux seuls au monde.


Emblématique de la nouvelle internationalisation du cinéma transalpin (A Cannes, deux des trois films italiens en compétition étaient en anglais, Tales of tales de Matteo Garrone et Youth de Paolo Sorrentino), Alaska est un film franco-Italien, tant du point de vue de sa double localisation que des deux langues qu’on y parle. A tel point que pendant les deux mois qui ont précédé le tournage, Elio Germano (prix d’interprétation masculine au festival de Cannes 2010 dans La nostra vita de Daniele Luchetti) et  Astrid Bergès-Frisbey, jeune actrice franco-espagnole, se sont réciproquement donné des leçons de français et d’italien pour mieux appréhender leurs rôles. Le film trouve ses sources à la fois dans Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerlad et dans une chanson de Bob Dylan, Tangled Up in blue qui raconte les hauts et les bas d’un couple qui n’a de cesse de se déchirer et de se reconstruire, dont la structure cyclique  n’est pas sans rappeler la construction circulaire d’Alaska avec une séquence d’ouverture (l’univers carcéral) qui répond à la séquence de clôture, mais en inversant les rôles.

Alaska est d’abord une histoire d’amour entre Fausto et Nadine, deux « beautiful losers » (titre de travail du film), qui, alternativement, tutoient les plus hauts sommets et sombrent dans les abîmes les plus effrayants. C’est aussi un récit qui, dans la quête désespérée du bonheur,  mêle sentiments exacerbés et désir fou d’ascension sociale, deux univers qui voudraient cohabiter mais qui s’avèrent bien vite antinomiques. Ainsi, Alaska - du nom de la discothèque milanaise dans laquelle Fausto espère faire fortune - qui évoque parfois un territoire neuf où tout serait possible, fait aussi  penser à la frénétique ruée vers l’or de la fin du XIXe siècle en direction du grand nord à travers le Yukon et le Klondike. Une course d’êtres sans scrupules, prêts à tout sacrifier, comme les deux déracinés que Claudio Cupellini met en scène dans un parcours qui opère des choix absurdes et pourrait déboucher à jamais sur deux  solitudes glaciales.

L’approche filmique de Cupellini est pour le moins inédite pour un réalisateur italien. Sa mise en scène semble ne prendre aucun parti, n’accorder aucune place à une structure précise. Mais c’est sans doute afin de mieux souligner les amours tumultueuses de Nadine et de Fausto et leur itinéraire chaotique. Avec un regard extérieur éloigné de ses personnages, il semble parfois s’en désintéresser et ne crée que peu d’empathie entre Fausto, Nadine et le spectateur. Sauf à la fin du film où les deux personnages prennent conscience que le bonheur ne s’atteint pas  en accumulant les richesses ou en dépouillant autrui mais en suivant ses propres émotions.

Alain Claudot, rendez-vous du cinéma italien de Reims

Note du support : n/a
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