Hubert Jacquin ne va pas bien, son petit cœur ne fait plus boum chaque jour et lui rappelle l’absence de celle qui partagea les années bonheur. C’est presque les matins chagrin, plus envie, plus le goût, si ça continue il ne tardera pas à rejoindre madame au cimetière des éplorés. Son vieux pote Samuel tente bien de le secouer, de lui suggérer petites pépées et éloignement de la zone du sinistre. Ce serait une cause désespérée si sa boulangère, une bonne vivante, ne lui proposait une petite annonce qui va changer sa vie. Le hasard, une erreur transforme les mauvais jours. C’est ainsi qu’un beau matin débarque au domicile un vent de folie, un torrent de joie et de bonne humeur. Manuela s’impose comme colocataire, forçant la main à un Hubert désolé qui ne sait plus dire non comme la poupée de la chanson.
Comble du bonheur, ce n’est pas un, mais deux autres locataires qui ne tardent pas à squatter la maison. Chacun, avec son petit spleen ou sa joie des lendemains qui chantent, ramène le printemps à la fin de l’hiver. Paul Gérard est en instance de séparation et il espère toujours que sa belle reviendra. Marion semble effacée et la vie lui marche dessus allègrement comme si elle ne la voyait pas. Au début, Hubert est réticent par rapport à tout ce petit monde envahissant son espace. Il finit par comprendre, comme les autres locataires, que les petits soucis entre amis valent bien l’amélioration d‘une vie.
François Desagnat commence par la comédie provocante à la française La Beuze, Les onze commandements. Il continue dans l’humour plus délicat, 15 ans et demi, Le jeu de la vérité et Adopte un veuf. Le point de départ est un personnage qui n’a plus de goût à rien et qu’un évènement transforme ou ramène à la vie. Dans la lignée de la comédie sociale française, il examine un groupe d’individus que la vie n’épargne pas. Même la truculente et pétillante Manuela cache une blessure de l’âme. Ils se retrouvent déstabilisés par cette existence à plusieurs où le partage est de mise. Adopte un veuf joue sur les différentes figures qui composent cette colocation et le conflit des générations.
Dussollier s’impose en veuf meurtri finissant par dire oui et retrouver, avec ses trois jeunes locataires, le goût de l’existence. C’est la longue remontée d’un noyé à la surface. Là encore, le but, partager les frais d’un appartement ou éviter la solitude, semble moins important que la route et la transformation du voyageur. Manuela est tout aussi perdue qu’Hubert. Elle cherche, comme les deux autres colocataires, une raison de vivre. Chacun trouve un nouveau départ, de nouvelles espérances et surtout, aucun ne laisse le temps lui dicter sa loi. C’est le choc des générations où chacun apprend de l’autre et trouve dans la solidarité un soleil pour éclairer sa vie. Le vieillard hirsute et pleurnichard du début laisse la place à un homme retrouvant la joie de vivre. Il retrouve une nouvelle famille qu’il prend sous son aile. Certains penseront à L’étudiante et monsieur Henry dans la même lignée. Adopte un veuf s’en éloigne en choisissant d’autres pistes à explorer. Cette comédie généreuse, légère et sans prétention trouve sa place dans le paysage actuel et nous séduit.
Patrick Van Langhenhoven
Titre : Adopte un veuf
Réalisation : François Desagnat
Scénario : Jérôme Corcos et Catherine Diament
Musique : Fabien Cahen
Montage : Béatrice Herminie
Photographie :
Costumes : Khadija Zeggaï
Décors : Samantha Gordowski
Producteur : Antoine Pezet et Jérôme Corcos
Producteur associé :
Production : Nac Films et Someci
Distribution : SND
Pays d'origine : France
Durée : 97 minutes
Genre : Comédie
Dates de sortie : 20 avril 2016
Distribution
André Dussolier : Hubert Jacquin
Bérengère Krief : Manuela Baudry
Arnaud Ducret : Paul-Gérard Langlois
Julia Piaton : Marion Legloux