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affiche Adieu Paris

Adieu Paris

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Un film de Édouard Baer,
Avec Pierre Arditi, Jackie Berroyer, François Damiens,

Genre : Comédie
Durée : 1h36
France

En Bref

Chaque année, à la Closerie des Lilas, haut lieu de la culture parisienne depuis 1860, se réunit une bande de vieillards ayant fait les beaux jours de la culture. Ils remplacent les Renoir, Monet et Sisley, Pissarro des débuts, plus connus sous le nom d’Impressionnistes. On y rencontrait aussi Émile Zola, Paul Cézanne, Théophile Gautier, Charles Baudelaire et les frères Jules et Edmond de Goncourt. Aujourd’hui, d’autres figures se retrouvent autour d’un pot-au-feu, un écrivain, un sculpteur, un chanteur, un philosophe, un directeur de théâtre, un acteur financier de la culture. Ils invitent un de leurs pairs à les rejoindre et reconduisent chaque année le mécénat à Yoshi. Ce dernier est l’excellence même de l’artiste, le plus fainéant, celui qui n’a jamais rien fait, l’art avant l’art. « Yoshi n’a rien fait de ses talents, c’est là toute sa gloire ». Cette année, une petite erreur et beaucoup au compteur des vieux lanterniers risquent de bousculer le protocole.


« Le mouvement immobile, c’est la plus belle plénitude »

 Pour son quatrième long métrage, Édouard Baer continue son exploration de l’âme humaine. Comme il le dit lui-même, c’est la franche camaraderie de ces repas particuliers qui l’intéresse. Même si on rit beaucoup, le ton est plus à la nostalgie et au temps qui passe. Il réunit une pléiade de talents autour d’une variation sur le pot-au-feu, les abattoirs, et quelques autres faits de société. C’est d’abord une galerie de personnages hauts en couleur, comme lui seul sait les croquer. Au fur et à mesure des films et des pièces de théâtre, il construit sa propre comédie humaine du vingt et unième siècle. Dans ce huis-clos de la table on trouve le patron du restaurant, dernier rôle de Jean-François Stévenin, qui se voit plus comme une pièce rapportée qu’invité de marque. L’acteur à la parole éclatante, Pierre Arditi, est toujours prompt à remettre les choses en cause.

L’artiste moderne aux sculptures improbables est le roi du mikado, François Damiens. Daniel Prévost, artiste en fin de carrière, a la parole pesée. Bernard Le Coq, chanteur à belle gueule et à l’unique succès, lorgne sur la petite serveuse. Bernard Murat, le carnet de chèques, est un haut responsable de la culture. Benoît Poelvoorde, dans son propre rôle, représente l’invité recalé à cause d’une de ses frasques, que nous ne connaitrons pas. Tous ces personnages échangent sur le monde, l’art, la vie, la mort et l’amour, comme dans les films de Claude Lelouch. On s’engueule, se déchire, s’embrasse et tout recommence. À cette galerie haute en couleur, il faut rajouter deux figures en demi-teintes, apportant un ton plus sombre que d’habitude. Gérard Depardieu en maitre de cérémonie fatigué, refuse son dernier tour de piste. « Vieillir c’est le plaisir de radoter », dira son personnage. Jackie Berroyer est remarquable en philosophe à la mémoire qui flanche.

« Pianiste de bar, le plus beau métier du monde, ça donne de l’élégance à l’ennui. » On découvre une belle réflexion sur les pianistes de bar (due à Françoise Sagan). Le rôle est tenu par Gérard Daguerre. Yoshi Oida, écrivain, acteur, metteur en scène officie dans son propre rôle. Il est l’auteur de L’acteur invisible et de L’acteur rusé, peut-être en partie sources d’inspiration du film. Qu’est-ce que la parole ? .Que peut-on dire aujourd’hui ? Qu’est-ce que l’artiste en fin de carrière à la gloire éphémère ? Les mots auront grande importance, comme toujours chez notre trublion, Édouard Baer. Il en ressort que ces êtres extraordinaires, maîtres de la scène, dans les coulisses nous ressemblent beaucoup. En toile de fond se détache un regard sur la nostalgie du temps qui passe et la dernière porte de plus en plus proche. Ils ne sont pas loin, pour certains, du dernier tour de piste. Une fois de plus, avec Adieu Paris, Édouard Baer, dans l’esprit des philosophes cyniques, comme Diogène le chien, nous bouscule. Il nous force à réfléchir sur nous-mêmes à travers ses personnages célèbres.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : 16:9 compatible 4/3 format d'origine respecté 2.35
Langues Audio : français - Dolby Digital 5.1
Sous-titres : audiodescription
Edition : Le Pacte


    Titre : Adieu Paris

    Réalisation : Édouard Baer

    Scénario : Édouard Baer et Marcia Romano

    Photographie : Alexis Kavyrchine

    Décors : Emmanuel de Chauvigny

    Costumes : Caroline Spieth

    Montage : Fabrice Rouaud

    Musique : Gérard Daguerre

    Son : Olivier Mauvezin, Jules Laurin, Mathieu Gasnier, Stéphane Thiébaut

    Sociétés de production : Artémis Productions - Cinéfrance Studios - Les Productions en cabine

    Société de distribution : Le Pacte

    Pays de production : France

    Langue originale : français

    Format : couleur — 1,85:1 — son 5.1

    Genre : comédie

    Durée : 96 minutes

    Dates de sortie : 10 octobre 2021 (Festival Lumière, Lyon) 26 janvier 2022

Distribution

    Pierre Arditi : Jacques

    Benoît Poelvoorde : Benoît

    François Damiens : Louki

    Bernard Le Coq : Enzo

    Bernard Murat : Pierre-Henry

    Isabelle Nanty : Isabelle

    Léa Drucker : l'auxiliaire de vie d'Alain

    Gérard Depardieu : Michael

    Ludivine Sagnier : fille de Michael

    Daniel Prévost : Bertrand

    Jean-François Stévenin : Jeff

    Jackie Berroyer : Alain

    Yoshi Oida : Yoshi

    Gérard Daguerre : le pianiste

    Édouard Baer : Édouard

    Sigrid Bouaziz

    Christophe Meynet