Abdelinho
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En Bref
Abdellah surnommé Abdelinho est un jeune Marocain d'une petite ville reculée, fan du Brésil. Il vit au rythme des couleurs brésiliennes, porte la perruque ébouriffée, donne des cours de samba, regarde les telenovelas et plus particulièrement les aventures de la belle Maria. Amoureux de cette dernière, il ne rêve que du jour de leur rencontre. C'est la femme qu'il aime et toutes les belles Marocaines ont beau le courtiser, son cœur ne fléchit pas. Cette passion débordante qui ne faiblit pas avec le temps fait le désespoir de sa mère. Cette dernière est accro aux émissions de l’obscur Amr Taleb, télévangéliste musulman. Amr Taleb décide de répondre à la requête de celle-ci, sauver l'âme de son fils. La confrontation d'une passion innocente et de l’obscurantisme ne vont pas forcément faire bon ménage. On se demande bien qui doit se faire le plus de souci. Une chose est certaine, c'en est fini de la tranquillité des habitants.
Après Animalia fresque onirique, c'est de nouveau la religion qui est au centre du récit avec Abdelinho. Les deux films nous prouvent que le cinéma marocain se porte bien et n'hésite pas à explorer des thématiques plus osées. Abdelinho n'est pas qu'une satire, une fable, un conte sur les prédicateurs. Il aborde aussi le pouvoir du rêve, la comédie romantique impossible et la société. Toutes ces thématiques prennent des couleurs universelles, dépassant le Maroc. C'est la figure de l'amoureux convaincu qu'à l'impossible nul n'est tenu. Abdelinho vit son rêve sans faire de mal à personne, conscient de son aspect naïf.
Par le pouvoir de la magie, du rêve transcendé, le film bascule dans la fantaisie, le merveilleux quand Maria et Abdelinho finissent par se parler à travers le poste. Un merveilleux que traite, par quelques effets et une fleur du cœur, le réalisateur. Abdelinho devra se confronter à Amr Taleb et sa mère pour garder son rêve. Hicham Ayouch choisit la voie de la réflexion, de l'humour et non la polémique pour traiter son sujet. Il est clair que le prédicateur est bien plus un charlatan qu'un vrai croyant. Nous entrons dans son intimité, lors d’un dialogue surréaliste avec un poisson rouge et le fantôme de son père, ce qui dévoile les failles d'un homme qui n'a peut-être pas pris la bonne voie.
Pendant ce temps, Maria se confronte à des politiciens sournois. Ainsi la réalité d'Abdelinho prend des allures de rêve et la fiction télévisée de réalisme. Derrière l'humour se cache une interrogation sur les promesses faites à la foule des gens heureux qui ne seront jamais tenues, que ce soit sur le versant politique ou le religieux. Le village, sous la parole mielleuse, devient comme fou. Un vieil imam est la dernière voie de la sagesse. Le prédicateur comme le politicien, plus intéressés par l'argent sont prêts à tout pour garder leur pouvoir. Abdelinho et Maria représentent la figure des doux rêveurs, des idéalistes qui devront surmonter les obstacles pour que le bien triomphe.
Patrick Van Langhenhoven
Réalisation : Hicham Ayouch
Scénario : Hicham Ayouch
Photographie : Ludovic Zuili
Montage : Julien Foure
Son : Sara Kaddouri
Production : Hicham Ayouch et Gianluca Chakra
Coproduction : Chadi Abo
Société de production : Canal Plus Image International
Société de distribution : Urban Distribution
Pays de production : Maroc
Langue originale : arabe et portugais
Format : couleur — 2,35:1
Genre : comédie dramatique
Durée : 100 minutes
Dates de sortie : 16 août 2023
Distribution
Ali Suliman : Amer Taleb
Aderrahim Tamimi : Abdelinho
Inês Monteiro : Maria
José Guedes : Roberto Coutinho
