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affiche 96 Heures

96 Heures

___

Un film de Frédéric Schoendoerffer,
Avec Gérard Lanvin, Niels Arestrup, Sylvie Testud,

Genre : Thriller
Durée : 1h36
France

En Bref

Kidnappé par un truand qu’il avait placé derrière les barreaux trois ans auparavant, Carré, chef de la BRB (Brigage de Répression du Banditisme), se retrouve menotté dans la cave d’une villa de la banlieue parisienne. Entre le flic et Victor Kancel, le voyou, les rôles sont désormais inversés. C’est au commissaire de subir un interrogatoire de 96 heures durant lesquelles il va devoir cracher le nom de la taupe qui a balancé Kancel et qui l’a conduit au placard. S’en suit un 1 contre 1 à l’intensité palpable qui alterne périodes de questionnement, menaces, intimidation, abandon, mais c’est sans compter sur la parfaite connaissance du comportement des gangsters et sur le don pour la manipulation de Carré, prêt à tout pour cacher le secret qui l’a conduit à l’arrestation de l’intéressé.  

Sans cantonner le cinéma français aux deux seuls genres que sont la comédie et le polar, on est forcé de constater qu’il s’y complet manifestement. Frédéric Schoendoerffer fait partie de ces réalisateurs qui ont très nettement délimité leur camp. A l’image d’Olivier Marchal, le faiseur a choisi de persister dans un domaine bien de chez nous : le polar noir. Depuis une quinzaine d’année, il s’est illustré dans un carrière irrégulière, aussi bien au cinéma (Scènes de crimesTruands, Switch) qu’à la télévision (Braquo saison 1) et décide aujourd’hui de s’atteler pour la première fois à un scénario signé par un autre. Alors, réussite ou échec total ? Ni l’un ni l’autre. Il est important de rester pondéré pour analyser comme il faut ces 96 heures, qui durent en réalité 96 minutes. Le bon point vient du fait de mettre face à face Gérard Lanvin et Niels Arestrup, deux géants du ciné français qui transpirent le charisme. Il vient aussi du parti pris scénaristique qui impose un huis clos intense et fiévreux, parfait pour illustrer cet interrogatoire inversé. En revanche, pour un film qui base presque tout sur sa temporalité, le manque de rythme et la perte de vitesse du récit sont quasi impardonnables. Toute l’énergie du film est remise entre les mains des deux protagonistes et insufflée par un jeu de mise en scène démonstratif. Peut mieux faire…


Kidnappé par un truand qu’il avait placé derrière les barreaux trois ans auparavant, Carré, chef de la BRB (Brigage de Répression du Banditisme), se retrouve menotté dans la cave d’une villa de la banlieue parisienne. Entre le flic et Victor Kancel, le voyou, les rôles sont désormais inversés. C’est au commissaire de subir un interrogatoire de 96 heures durant lesquelles il va devoir cracher le nom de la taupe qui a balancé Kancel et qui l’a conduit au placard. S’en suit un 1 contre 1 à l’intensité palpable qui alterne périodes de questionnement, menaces, intimidation, abandon, mais c’est sans compter sur la parfaite connaissance du comportement des gangsters et sur le don pour la manipulation de Carré, prêt à tout pour cacher le secret qui l’a conduit à l’arrestation de l’intéressé.  

Sans cantonner le cinéma français aux deux seuls genres que sont la comédie et le polar, on est forcé de constater qu’il s’y complet manifestement. Frédéric Schoendoerffer fait partie de ces réalisateurs qui ont très nettement délimité leur camp. A l’image d’Olivier Marchal, le faiseur a choisi de persister dans un domaine bien de chez nous : le polar noir. Depuis une quinzaine d’année, il s’est illustré dans un carrière irrégulière, aussi bien au cinéma (Scènes de crimes, Truands, Switch) qu’à la télévision (Braquo saison 1) et décide aujourd’hui de s’atteler pour la première fois à un scénario signé par un autre. Alors, réussite ou échec total ? Ni l’un ni l’autre. Il est important de rester pondéré pour analyser comme il faut ces 96 heures, qui durent en réalité 96 minutes. Le bon point vient du fait de mettre face à face Gérard Lanvin et Niels Arestrup, deux géants du ciné français qui transpirent le charisme. Il vient aussi du parti pris scénaristique qui impose un huis clos intense et fiévreux, parfait pour illustrer cet interrogatoire inversé. En revanche, pour un film qui base presque tout sur sa temporalité, le manque de rythme et la perte de vitesse du récit sont quasi impardonnables. Toute l’énergie du film est remise entre les mains des deux protagonistes et insufflée par un jeu de mise en scène démonstratif. Peut mieux faire…

Dans la magnifique villa qui sert de huis clos à l’histoire, nos deux pointures du crime se jaugent et s’observent attentivement. La confrontation est surtout verbale, parfois tendue et échauffée, parfois courtoise, presque amicale et constitue la colonne vertébrale dans une œuvre qui joue la carte du temps. Pour insuffler un peu d’action, il n’y a donc guère que les affrontements psychologiques, non moins intenses, pour rythmer le canevas, au risque d’élucider rapidement l’orientation, évidente. De même, la notion de temporalité, si elle est souvent pointée du doigt (peu subtilement) par le tableau de Dali ou la montre du flic, n’est que très peu exploitée et on est même surpris de voir qu’il n’y a aucune tension construite autour de la deadline fatidique, comme si c’était le cadet de leur soucis. Il faut dire que Schoendoerffer a manifestement fait un choix. Le choix de faire la part belle à ses personnages et de les mettre parfaitement en situation et en lumière, au détriment du scénario. La mise en scène, soignée, met donc parfaitement en valeur le duo grâce à une esthétique gris-bleutée qui renforce la tension ainsi qu’une variation en continu des échelles de plan qui place l’action dans différents espaces, malgré l’unité de lieu. L’important donc dans tout ça, c’est le duel qui se joue entre Lanvin et Arestrup, tous deux excellents dans cette tragédie quasi shakespearienne. Le premier, à l’aise dans une partition qu’il connaît bien, celle du flic intègre et stratège, s’illustre parfaitement dans le flegme et l’inquiétude dissimulée, tandis que Niels Arestrup retrouve les lignes du truand qu’il avait déjà expérimentées dans Un Prophète. Ce dernier signe une interprétation impeccable et très juste, aussi bien dans le calme que dans ses accès de furie. Autour de ces deux individus seuls au monde, gravitent pourtant un bon nombre de personnages, dont trois femmes. Insérées dans le récit le temps d’en parler, leur seul et unique mission dans la besogne va être d’apporter une dimension émotionnelle aux deux hommes, incapables de garder leur sang-froid lorsqu’il va s’agir des femmes de leur vie. Côté casting, si Anne Consigny n’a pas franchement le temps de faire mouche et Laura Smet ne casse pas trois pattes à un canard, seule Sylvie Testud hérite d’un personnage substantiel et se donne les moyens de sortir du lot. Malheureusement, l’enquête qu’elle mène en parallèle de l’histoire va venir parasiter l’ambiance feutrée du huis clos sans ajouter une once de suspense.

Sous couvert de polar serré, 96 Heures se révèle être un duel cinématographique intéressant, non sans valeur ajoutée, qui a de quoi plaire. D’un côté, il n’y a rien d’inédit, tout est vu et revu : l’ambiance, la tension, l’histoire, mais Schoendoerffer arrive à distiller un style habile et à insuffler à son scénario maladroit un semblant de rythme relayé par un petit rebondissement final. L’action manque vraisemblablement à l’appel et ça cabotine à tous les étages côté comédiens, mais le duel qui se joue au sommet va suffire à camoufler un peu de ces défauts pour sortir un film honorable, loin des pointures du genre, mais honorable.

Eve BROUSSE

Note du support : n/a
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