Wolverine pourrait presque se décomposer en deux parties et deux thématiques, la quête existentialiste et la notion des pouvoirs, l’ermite et l’action pure et dure avec la jeune princesse à sauver du danger du monde. Il oscille entre le cœur de l’âme en résonance avec l’univers à explorer et approfondir pour découvrir sa voie. Le sens à donner à sa vie, et le conte avec sa princesse prisonnière des méchants dans sa tour. C’est aussi la confrontation de la mécanique du monde moderne à l’animal, la nature de nos origines. Après la scène d’ouverture, lumière blanche et tunnel, elle nous rappelle ce fameux passage entre le monde des vivants et des morts. Bouddhisme et chamanisme marquent profondément la première partie du film. Le chaman, l’homme animal, n’oublions pas le rôle du totem, pour Wolverine, c’est clair. Une jeune fille, innocente en apparence, sort la bête de sa tanière, le yogi, lama de sa période méditative en quête de l’éveil. La mise à mort de l’ours, compagnon de chasse et du partage du territoire marque la fin de l’animalité pure pour revenir à l’humanité. Au bout de la route, un chasseur dit: « quelle créature monstrueuse es-tu ? Je suis Wolverine. » Il accepte sa part d’animal et d’humanité dans un seul homme, Wolverine.
La reconstruction de l’individu s’achève, ouvrant deux nouvelles quêtes. La première rejoint l’utilisation des pouvoirs, une thématique qui revient régulièrement en ce moment avec la perte de ceux-ci. Comme Iron Man, Superman, il faudra qu’ils disparaissent. Tout le questionnement de à quoi servent-ils, quelle responsabilité et surtout qu'est-ce qui fait le super héros, ses pouvoirs ou l’homme qui les utilise ? La deuxième question tient à l’immortalité, est-ce un don ou une malédiction ? La réponse de Logan est claire : « crois-moi mon gars. Ce n’est pas bon pour ce que tu as ! » C’est bien l’affrontement de la nature face au capitalisme et au modernisme. La vipère, à la question « qui êtes-vous ? » répond « je suis chimiste et capitaliste ». Ses origines russes en disent long sur cette vieille guerre froide qui n’est pas tout à fait close. Ce qu’affronte Wolverine, c’est bien l’homme-machine, l’industrie et le pouvoir de l’argent, face à la nature, la paix de l’âme dans le silence de l’harmonie. Cela nous ramène à l’aspect bouddhiste et le principe de l’éveil, brisant le cercle des renaissances, notre attachement comme Yashida à la vie et ses désirs. Ce dernier compare Wolverine à un ronin, un samouraï sans maître sans un sens à sa vie. Nous pourrions nous interroger sur le sens de la vie du maître. N’est-ce pas la notion du disciple et du maître qui ne forment en réalité qu’un ? La fin relève du conte, le chevalier affronte les ténèbres, les armées de l’ombre gravissent la tour pour, à son sommet, affronter le démon et délivrer la princesse. Nous pourrons même voir dans la scène du village pour atteindre la tour le chemin de croix, le Golgotha à gravir avec une image très christique que je vous laisse découvrir.
La deuxième partie est moins intéressante, elle tient plus du film d’action bien ficelé. James Mangold bascule de la première partie plus profonde à la deuxième par le voyage en avion, point de passage entre un film sur l’intérieur et une course poursuite, survivre au chaos. James Mangold cite comme influence Le narcisse noir, Chinatown, Une vie volée et la volonté d’un film noir au japon. Le réalisateur de 3h10 pour Yuma ou de l'oscarisé Walk The Line aime ces personnages solitaires, tiraillés entre l’ombre et la lumière, le modernisme et un certain temps révolu. Restez pour le générique de fin qui vous livrera les premières images du prochain Xmen. Malgré tout, nous aimons bien ce Wolverine, il contient de nombreuses questions si l’on sait lire entre les lignes.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Fin alternative
Dans les coulisses du film X-Men : Days of Future Past
Le parcours créatif d'un Ronin
Bande-annonce
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