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En Bref
Abandonné trop tôt, Adam, bientôt majeur, se retrouve après une longue errance en foyer d’accueil à son point de départ. C’est ici que sa mère l’abandonne au destin meilleur qui ne sera qu’un chemin de douleur. Il est balloté, trainé comme un paquet, parfois aimé, parfois rien que le silence comme mots d’amour. Adam se construit sur les terres de la rage, emporté par la violence qu’il traine comme une mauvaise compagne. Il échoue chez Fiona, une brave femme qui en a vu d’autres de ces cœurs en peine ! Il n’a plus le droit à l’erreur c’est la station de la dernière chance avant la plaine de l’oubli du pénitencier, de la maison de correction. Dans cette ville au bord de l’océan, il retrouve la trace de cette mère indigne, sans cœur. Il découvre Makayla et les battles de rap. C’est un bon moyen pour rentrer ses poings et sortir le verbe comme revolver de sa rage. C’est un bon moyen pour commencer à voir le monde autrement, car derrière l’aveugle colère se cache une autre vérité. C’est l’histoire d’un gamin perdu qui trouve enfin le sens de sa vie.
Ce premier film prometteur s’appuie sur l’environnement social d’une Angleterre meurtrie, celle de cette jeunesse accrochée aux battles comme moyen de contestation, d’expulsion de la haine et de la colère. On s’affronte à coup de mots sans se faire de cadeau. On exulte, on exploite les moindres failles de l’adversaire pour le mettre à terre sur ce ring particulier. Adam gagne ses lettres de noblesse dans des luttes sans partage, sans mirage, aux mots parfois blessants comme la lame du couteau. Il passe de la violence physique à la colère verbale trop longtemps contenue. Il ignore encore qu’il est dans l’erreur. C’est toute la quête d’un chemin qui finit par aboutir au bord de la plage à une nouvelle aurore. Rejetant tout sauf lui-même il finit par comprendre qu’il n’est pas seul sur la route.
Il apprendra le pardon, la bienveillance qui mène à un monde meilleur où construire son avenir. La dernière séquence confirme tout le chemin parcouru par Adam. La mise en scène, au début, semble un peu partagée, répétitive entre le social et les battles de rap. À travers les mots, c’est toute la détresse d’une jeunesse que découvre le spectateur. C’est une jeunesse sacrifiée sur les terres du libéralisme, comme celle de Lisa, la mère d’Adam, accouchant trop tôt. Une jeunesse abandonnée sur le bord de la route d’un monde concentré sur l’argent. C’est la triste réalité des foyers d’accueil, entre le meilleur et le pire. Les figures de l’éducateur et de Fiona deviennent les derniers rochers où espérer encore s’accrocher pour ne pas sombrer. On pense forcément aux premiers films de Stephen Frears dénonçant le système avec humour, ou à ceux, plus réalistes, de Ken Loach. C’est dans les pas de ces deux réalisateurs qu’Ed Lilly trouve son style naissant.
Patrick Van Langhenhoven
