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affiche Un été à Osage County

Un été à Osage County

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Un film de John Wells,
Avec Meryl Streep, Julia Roberts, Ewan Mc Gregor,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h01
États-Unis

En Bref

En famille, on se soutient. En famille, on se déchire... Suite à la disparition de leur père, les trois filles Weston se retrouvent après plusieurs années de séparation, dans leur maison familiale. Barbara, l’ainée, accompagnée de son époux et de leur progéniture,  Ivy, la discrète restée au bercail et Karen, la cadette exubérante et naïve se retrouvent donc à nouveau réunies avec la mère paranoïaque et lunatique qui les a élevées. A cette occasion, des secrets et des rancœurs trop longtemps gardés vont brusquement refaire surface. A peine le cercueil du défunt en terre, les tensions refont surface, amenant leur lot de révélations brulantes. Tout le monde va y passer.

Une ôde à la vie ? Pas très sûr. Ne vous fiez pas à son affiche doucereuse et à ses tons chauds ou à son titre équivoque qui laisse présager un moment agréable, Un été à Osage County va plus flirter avec l’acrimonie qu’avec la gentillesse et l’humanité. En d’autres termes, si vous souhaitez un petit film anodin pour vous détendre avec votre cher(e) et tendre, passez votre chemin. Ici, il est bien question de réunion de famille, de retrouvailles, de sentiments cachés, mais l’amertume, la rancœur et les antidépresseurs en plus. Dans cette analyse au microscope des relations conflictuelles dans le modèle familial puis dans différents types de couples, règne une hystérie fatigante pour les nerfs. Témoin de l’action, impuissant, le spectateur ne peut qu’assister au déchirement de cette famille, presque inéluctable, dans une rage constante et incontrôlée. John Wells (The Company Men) place la notion complexe du lien familial au cœur du récit, au-delà même du deuil ou de l’addiction aux médicaments. Sauf qu’il a plutôt tendance à mettre le paquet : l’amoncèlement des traumatismes nous donne rapidement l’impression d’une noyade cinématographique. En ressort un ensemble à fleur de peau, à une goutte du débordement tragique, parfait pour placer ses rôles puissants paramétrés pour les Oscars.


En famille, on se soutient. En famille, on se déchire... Suite à la disparition de leur père, les trois filles Weston se retrouvent après plusieurs années de séparation, dans leur maison familiale. Barbara, l’ainée, accompagnée de son époux et de leur progéniture,  Ivy, la discrète restée au bercail et Karen, la cadette exubérante et naïve se retrouvent donc à nouveau réunies avec la mère paranoïaque et lunatique qui les a élevées. A cette occasion, des secrets et des rancœurs trop longtemps gardés vont brusquement refaire surface. A peine le cercueil du défunt en terre, les tensions refont surface, amenant leur lot de révélations brulantes. Tout le monde va y passer.

Une ôde à la vie ? Pas très sûr. Ne vous fiez pas à son affiche doucereuse et à ses tons chauds ou à son titre équivoque qui laisse présager un moment agréable, Un été à Osage County va plus flirter avec l’acrimonie qu’avec la gentillesse et l’humanité. En d’autres termes, si vous souhaitez un petit film anodin pour vous détendre avec votre cher(e) et tendre, passez votre chemin. Ici, il est bien question de réunion de famille, de retrouvailles, de sentiments cachés, mais l’amertume, la rancœur et les antidépresseurs en plus. Dans cette analyse au microscope des relations conflictuelles dans le modèle familial puis dans différents types de couples, règne une hystérie fatigante pour les nerfs. Témoin de l’action, impuissant, le spectateur ne peut qu’assister au déchirement de cette famille, presque inéluctable, dans une rage constante et incontrôlée. John Wells (The Company Men) place la notion complexe du lien familial au cœur du récit, au-delà même du deuil ou de l’addiction aux médicaments. Sauf qu’il a plutôt tendance à mettre le paquet : l’amoncèlement des traumatismes nous donne rapidement l’impression d’une noyade cinématographique. En ressort un ensemble à fleur de peau, à une goutte du débordement tragique, parfait pour placer ses rôles puissants paramétrés pour les Oscars.

Mais réduire le film à la seule case « formaté pour les Oscars » serait franchement malhonnête. Certes, scénario et mise en scène portent de concert toute la théâtralité des rôles mais la résonnance du thème va plus loin. Adapté d’une pièce de théâtre de Tracy Letts (dramaturge révélé par Bug et Killer Joe) par ce même dernier, Un été à Osage County se risque à traiter de la famille (chose particulièrement sacrée aux Etats-Unis) et même à l’écorcher vif pour un résultat bien plus noir et torturé qu’attendu. Une famille déchirée par la distance et par le comportement de la matriarche, malade et maladroite dans sa façon d’aimer comme d’éduquer. Elle s’illustre d’ailleurs dés la première scène et pose le décors de ce que sera la suite du film : entre coups de gueule hystériques, rires exagérés et ambiance oppressante. L’amertume domine en maitre sur le récit, parfois dans une intensité exagérée. A mesure que les ouailles rentrent au bercail, le psychodrame sort ses gros sabots : un cancer de la bouche, une addiction aux antidépresseurs, un adultère entre sœur, un peu d’inceste, et on passe même à deux doigts du détournement de mineure. Un catharsis majuscule qui n’a de cesse de sortir un nouveau lapin de son chapeau tout au long du métrage. D’autant que la mise en scène distanciée de John Wells nous laisse souvent sur notre faim, préférant nous placer au rang de spectateur contemplateur, inutile. Mais alors que le tout frise l’indigestion et que le terrible spectacle devient détestable, l’écriture précise de Tracy Letts diffuse dans le mélodrame une sincérité et donne de la valeur à des scènes attendues et ostentatoires. Derrière le flot d’injures, les yeux exorbités et les bousculades plus ou moins violentes, flotte une violence sous-terraine indélébile qui offre au film toute sa propension à explorer les tréfonds de l’âme humaine qui souffre, derrière tous ces maux, de la plus simple solitude.

Chemin faisant, Un été à Osage County dépasse le simple cadre de la réunion familiale et s’inscrit dans une tragédie âpre qui aura raison de l’humour caustique de la pièce originelle. En effet, Letts arrive à enchainer à un rythme éreintant des dialogues acerbes éminemment inspirés, qui par leur finesse arrivent à sauver le tout de la noyade. Evidemment, cette écriture habile offre un véritable écrin aux personnages, libres de libérer leur démon intérieur. Meryl Streep, en premier plan, déçoit peut-être autant qu’elle ne fascine. D’une scène à l’autre, elle peut passer d’une sincérité perturbante à une démesure mesurée, parfois exagérée. En face, Julia Roberts, décatie, n’hésite pas à hausser le ton et à prendre des airs malheureux et cruels mais se laisse prendre au piège du surjeux en roue libre. Juliette Lewis, décalée, tire son épingle du jeu et Benedict Cumberbatch, méconnaissable est toujours juste.

Reste néanmoins une drôle d’impression à la sortie, celle d’avoir été embrouillé, battu à froid puis floué lors d’une séquence ultime lâchement adoucie. Triste façon d’épiloguer une telle débâcle alors que la fin de la pièce était d’une noirceur étonnante. Même si on évite la happy-end, on sent la pression en coulisse pour rendre la chose moins désagréable et c’est bien dommage. Un été à Osage County excelle dans le récit d’une véritable dégénérescence du modèle familial et de la notion de couple et malgré un épilogue décevant, s’élève sur le haut du panier face à des comédies familiales comme les dispensables Tout… sauf en famille ou Esprit de famille. Ici, on ressort touché, égratigné, convaincu de la véracité de la citation du poète T.S. Eliot : « La vie est très longue », énoncé à l’ouverture du film.


Eve BROUSSE

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