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affiche Sidonie au Japon

Sidonie au Japon

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Un film de Élise Girard,
Avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h35
France

En Bref

« Le pays où nous vivons n’existe pas »

Sidonie sort de sa grotte pour se rendre au Japon pour la réédition de son premier livre et une tournée de rencontres et interviews. Depuis longtemps, Sidonie laisse l’écriture derrière elle et  le silence s’installer. Elle se renferme entre les quatre murs de son appartement depuis ce drame qui l’a rendue orpheline de l’amour. Elle trépigne, cherche tous les prétextes jusqu’au dernier moment pour refuser ce voyage. Quitter la tombe qu’elle a créée pour affronter le monde. Elle finit par partir ailleurs, dans un monde différent, étrange, où elle retrouve le fantôme de son mari. Elle va malgré elle entreprendre un voyage qui l’amène à comprendre cette coupure avec le monde grâce à son éditeur, Kenzo Mizoguchi, qui n’a rien à voir avec le grand réalisateur. Comme dans les contes, c’est une princesse endormie qui s’éveille sous le baiser d’un prince.


« J’avais peur, je crois, de l’inconnu. Tout est étrange. Je me sens modifiée. Toute cette nouveauté me bouleverse. »
Au début, Sidonie Perceval, au nom porteur de rêve et de mythe, s’enferme dans son monde. Elle semble figée dans le temps depuis la mort de son mari. Elle finit par accepter de sortir de sa grotte pour découvrir un monde nouveau, le Japon. Ailleurs, tout devient étrange, silence, absence, fantôme viennent bousculer cette princesse endormie. Il y a un petit air de conte dans Sidonie au Japon. C’est surtout le voyage inversé d’Eurydice cherchant son Orphée aux enfers. Plus que la route et le but, c’est la confrontation avec les lieux, les gens et la mutation qu’elle provoque sur Sidonie. C’est au cœur du silence qu’elle trouve une nouvelle force. Ce dernier lui permet de renouer avec son âme. Peu à peu, un lien étrange la relie à Kenzo, son éditeur silencieux. Peu à peu la parole s’installe, parcimonieuse, juste et profonde, quand le voyage les entraine dans des lieux propices à l’éveil. Ce monde bouscule en profondeur l’écrivaine, qui retrouve le goût perdu à arpenter et aimer le monde. Il y a le fantôme de son mari qui ferme une porte, celle du deuil. Il est temps d’accepter que l’on puisse vivre ailleurs, autrement. Elle partage avec Kenzo le pays des oubliés de la mort.
Elle n’a jamais voulu, dans les drames qui les frappent, les choisir pour le grand voyage. Les sentiments reprennent le chemin de l’existence, pour elle qui s’était égarée dans un chemin de douleur et de vide. Le vide prend toute son importance. Il n’est pas le même que celui de l’absence, du deuil. Au Japon, Sidonie découvre ce vide, plein de promesses, qu’il reste à combler. Les rencontres marquent un passage, un pas de plus vers la lumière. Elle quitte cette noirceur de la veuve pour le sentier de la vie et de l’espérance. Les mots s’assemblent, les phrases ne sont plus des écueils. Sidonie dit : « L’écriture, c’est ce qui reste quand on se retrouve sans rien. Il y a le désespoir, et parfois, il n’y a même plus de désespoir. Il n’y a plus rien. » Tout était là, en attente, dans le néant du cœur attendant l’espérance des jours nouveaux.
La musique ressemble à celle du koto, épurée, presque proche de la résonance de la note qui s’anime et devient sonate. La mise en scène est fragile. Parfois elle prend des chemins connus, déjà vus, mélangeant l’urbain et la nature, le vide et les chambres closes où s’anime le fantôme d’un amour perdu. Il y a le voyage dans la voiture, fait de conversations, de gestes qui peu à peu, deviennent plus profonds. L’île devient un lieu de renaissance mais aussi cette île informelle que s’est construit Sidonie pour survivre à la souffrance du deuil. La parole n’est parfois pas nécessaire, tout se dit, se joue dans un plan, un regard, un geste, un rien. Sidonie au Japon est un voyage enchanteur, au cœur de la vie, quand on abandonne enfin les morts au tombeau de la mémoire. Isabelle Huppert et Tsuyoshi Ihara forment un couple, improbable au départ, qui lui aussi se transforme et guérit. La petite taille de l’actrice et le grand corps élancé de l’acteur apportent des séquences comiques à la Tati. Sidonie au Japon appartient à ces films qui, longtemps après le mot fin, résonnent encore au fond de nos territoires intérieurs inconnus.
Patrick Van Langhenhoven
Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


  Titre original : Sidonie au Japon
    Réalisation : Élise Girard
    Scénario : Élise Girard, Sophie Fillières et Maud Ameline
    Musique : Gérard Massini
    Décors : Reinhild Blaschke
    Costumes : Dorothee Hohndorf
    Photographie : Céline Bozon
    Son : Masaki Hatsui, Nicolas van Deth
    Montage : Thomas Glaser
    Production : Sébastien Haguenauer
    Production exécutive : Christelle Michel
    Coproduction : Elena Tatti et Felix von Boehm
    Sociétés de production : 10:15 Productions, Box Productions et Lupa Film
    Société de distribution : Indie Sales et Art House
    Pays de production : France, Suisse, Japon, Allemagne
    Langue originale : français et japonais
    Genre : Drame
    Durée : 95 minutes
    Dates de sortie : 31 août 2023 (Venise) 3 avril 2024

Distribution
    Isabelle Huppert : Sidonie Perceval
    Tsuyoshi Ihara : Kenzo Mizoguchi

    August Diehl : Antoine Perceval