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affiche Pacific Rim

Pacific Rim

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Un film de Guillermo del Toro,
Avec Charlie Hunnam, Idris Elba, Rinko Kikuchi,

Genre : Science-fiction
Durée : 2H11
États-Unis

En Bref

Nous les attendions venant du ciel, armada de vaisseaux célestes, immenses, fendant les cieux pour nous apporter la colère divine ou l’éveil. Nous nous trompions, ils viennent du fond des océans, des entrailles de la terre comme des démons jaillis de l’enfer pour nous punir de la noirceur de nos péchés. Les « Kaiju » ne possèdent aucune pitié. Leur but, appauvrir notre terre et nous en chasser pour prendre la place. Au début, le combat était inégal, mais l’homme a fait appel à son inspiration, son génie créateur pour enfanter la riposte au mal, les « Jaegers ». Ce sont des robots géants guidés par l’osmose de deux hommes et de la machine, le “drifting”. La fusion des esprits possède un risque, la mort assurée pour qui ne sait pas la dominer. Pendant un temps, ils ont tenu la ligne de défense, créé leurs héros, et leur légende, donné vie à une nouvelle mythologie pour que l’homme se sente en sécurité.

La ligne de front aujourd’hui s’apprête à faiblir, à éclater, sous les coups de boutoir des créatures démoniaques. La vieille idée d’un mur refait surface, celui de nos forteresses, de la muraille de Chine qui ne résistait que très peu à l’envahisseur. La muraille se fissure, les monstres possèdent plus d’un tour dans leur sac, la fin est proche. Il ne reste plus que la prière ou une poignée de rebelles qui rêve encore la victoire des « Jaegers ». Pour conduire le dernier vieux modèle, il faut un pilote de légende, une ombre disparue dans la foule anonyme. Depuis la mort de son frère, son binôme, Raleigh, ne souhaite plus qu’une chose, l’oubli, se fondre dans la masse. Il n’aura pas le choix le sort de l’humanité repose en partie dans sa capacité à reprendre en main le vieux modèle. Depuis la mort des siens, Mako rêve de rejoindre l’équipage d’un Jaeger. Mako et Raleigh seront-ils assez compatibles pour sauver l’humanité ou le néant deviendra notre prochaine demeure ?


Des gros robots affrontent d’immenses créatures aux allures des grands anciens. Le film pouvait tenir de Transformers mâtiné d’un Godzilla. Sous ses apparences de film à grand spectacle, Pacific Rim cache plus de surprises qu’il n’y paraît. D'abord, ses influences puisent dans la génération des enfants de Goldorack, et de toute la vague du cinéma nippon de séries B, Z avec d’immenses créatures jaillissant du fond de l’océan, par des failles où d’innocents lézards boostés aux radiations détruisaient la terre. Guillermo Del Toro se place dans la lignée de ce cinéma spectacle avec un petit fond de réflexion, souvent écologique. Issus du Japon post-Hiroshima, les créatures géantes venaient des entrailles de la Terre.

Certains chercheront une part freudienne, celle de notre inconscient, d’autres, les terreurs plongeant dans la mythologie démoniaque de l’enfer. C’est peut-être quelque part la même chose. Elles représentent sans doute une part de ces cauchemars que nous n’osons affronter. Nous devons les dépasser et les vaincre pour construire notre avenir. Le zombie envahit la littérature et le cinéma, entre la mort et la vie. Il avance sans but, se cogne au mur du monde, sans avenir. Voici qu’avec les Kaiju, la science-fiction revient peu à peu sur le devant de la scène. L’objectif serait donc de vaincre nos peurs pour que s’ouvre le futur. Ce point est intéressant notamment avec la fin qui rejoint le point chamanique, mourir pour renaître, devenir un être accompli. Ici les combattants devront donc subir le même sort pour que le monde renaisse. Cet affrontement basique contient beaucoup plus de sous-entendus, de lectures au second degré, qu’un simple film dopé à la testostérone. La notion de nature, n’est jamais très loin.

Nous pourrions aussi faire une autre lecture de Pacific Rim, le vétéran qui revient, le goût amer de la défaite, la mort, la peur à surmonter, et le monde à sauver. Derrière, se cachent les bases du film de guerre. Nous retrouvons bien les éléments appartenant au genre, comme l’héroïsme, le patriotisme, le courage, l’ultime affrontement, etc. Raleigh représente la figure du vétéran ayant tout quitté. Il le ramène pour ses compétences et son héroïsme. L’accueil qu’il reçoit en est le meilleur exemple. Stacker Pentecost représente la figure du général, avec un lourd secret caché. Homme fier il ne faiblit pas et ne montre souvent que peu de sentiments. Il doit rester l’île où les hommes trouvent à se rassurer. Chuck c’est la forte tête, le vantard, sûr de lui. Il est en général en conflit avec le vétéran. Mako est la jeune recrue, peu sûre d’elle-même. Il faudra la protéger de son engouement, c’est le rôle du vétéran. Je vous laisse continuer l’exercice, en rajoutant le savant fou Dr Newton. Il manque le débrouillard qui vous procure tout, Hannibal Chau. Dernier point que nous aimerions aborder, la fusion, le deux en un. Le principe de base du Taoïsme, le Tao est un concept métaphysique stimulant et guidant l'univers tout entier. Lao Tseu enseigne que l'individu peut atteindre le bonheur et le contentement en recherchant l'unité avec le Tao. En fusionnant, les deux esprits ne forment plus qu’un, permettant de faire avancer et agir la machine. Il est donc important, pour que les hommes détruisent les créatures reptiliennes à deux cerveaux, qu’ils retrouvent leur unité. Ils la retrouvent non pas par la violence, mais par le « drifting », la fusion le partage des deux esprits en un.

Un autre aspect nous interpelle, elle se fait entre père et fils, homme et femme, frère et frère. Cela demande donc déjà une certaine connivence, un lien d’âme à âme comme le maitre et le disciple. Pacific Rim serait donc beaucoup plus qu’un simple film d’action. Il contiendrait une part des interrogations du réalisateur évoquées dans sa filmographie, la guerre, le bien et le mal, l’identité de l’homme. Nous retrouvons sa passion anthropologique pour les monstres, comme il le déclarait dans une interview à Léonard Lopate et des auteurs comme Lord Dunsany, Clark Ashton Smith, Howard Phillips Lovecraft, et Jorge Luis Borges. Si nous regardons bien, toutes ses influences se retrouvent en partie dans son œuvre et dans Pacific Rim en particulier. Il n’a jamais caché s’inspirer des grands anciens, de Lovecraft pour les Kaiju. Il reste encore des pistes à explorer, que je vous laisse le plaisir de découvrir en allant voir le film.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9
Langues Audio : Anglais , Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Warner Home Video

Bonus:

  • - l'Ultra HD Blu-ray 4K du film (HDR10)
  • - le Blu-ray du film (VF DTS-HD MA 7.1 / VOST DTS-HD MA 5.1)
  • - un pin's métallique exclusif "Pan Pacific Defense Corps"
  • - un poster collector format A3
  • Bu-ray :
  • Commentaire audio de Guillermo del Toro (VO)
  • "Lumière sur", making of en 13 parties (62'26", VOST) :
  • - Un film de Guillermo del Toro
  • - Aperçu des Kaijus et des Jaegers
  • - Complexité du design des robots
  • - Hommage à la tradition des Kaijus
  • - Importance de la masse et de l'échelle
  • - Liste des Rangers du Shatterdome
  • - L'élégance humain suggérée des Jaegers
  • - À l'intérieur de la dérive
  • - Technologie gothique
  • - Décors gigantesques
  • - Visite au bébé Kaiju
  • - Visite sur le décor de l'allée de Tokyo
  • - Sons d'orchestre de l'Anteverse