De retour d’une mission en Afghanistan, Hubert Bonisseur de La Bath, plus connu sous le matricule d’OSS 117 se retrouve relégué aux services informatiques naissants. Place à la jeunesse. C’est donc OSS 1001 qui embarque pour l’Afrique. À l’heure des rébellions à gogo, il s’agit d’aider nos amis les dictateurs à se maintenir en place. Sans nouvelle du jeune matricule, OSS117, devenu geek, reprend du service actif pour sauver son camarade. Il devra retrouver notre espion perdu, aider nos bons amis africains et au passage, former le gamin. C’est donc pétri de bonnes intentions et de pas mal de clichés qu’il débarque au Kenya. Dans un premier temps, il évite quelques bévues, frôle l’incident diplomatique avant de se retrouver en pleine brousse. En compagnie de son jeune collègue, ils devront démanteler un trafic d’armes, faire échouer la rébellion et consolider nos relations avec le président démocratiquement bientôt réélu à 84 % ! Pour réussir sa mission, il flingue quelques mécréants, séduit deux ou trois demoiselles, combat des fauves, des rebelles au cœur de la savane, le tout avec charme, force et humour.
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire est le onzième film de la saga depuis le premier roman Tu parles d’une ingénue, par Jean Brochet sous le pseudonyme de Jean Bruce, paru en 1949. Il est suivi en 1957 du premier film OSS 117 n’est pas mort par Jean Sacha.
Un écart de douze ans sépare le dernier volet de la nouvelle série en forme de parodie à l’humour irrévérencieux, politiquement incorrect, du premier opus réalisé par Michel Hazanavicius. Les producteurs découvrent dans la bibliothèque de leurs parents des vieux romans de gare, OSS 117 et décident de réveiller l’espion qui m’aimait à la sauce franchouillarde. C’est Michel Hazanavicius, suite aux refus de nombreux réalisateurs, qui accepte le deal. Jean Dujardin le rejoint sur la série pour lui donner les premiers codes, comme Sean Connery ceux de James Bond. Nous étions plus dans l’esprit belmondien et hitchcockien pour les débuts, avec un humour franchouillard à l’image de celui de Louis de Funès, la séduction en moins. OSS117 alerte rouge en Afrique noire marque un changement de réalisateur et de cap, tout en conservant le style parodique et le fond de la franchise.
Nicolas Bedos reprend l’esprit bande dessinée, plus poussé, avec un clin d’œil à Hergé et son Tintin au Congo qui créa à l’époque la polémique. C’est plus sur les terres de James Bond et de Sean Connery que l’équipe chasse. La séquence d’ouverture, jusqu’au générique, ressemble à un hommage aux héros de Ian Fleming. OSS117 n’est pourtant pas la copie de James Bond, paru bien plus tard en 1952, pour le premier roman. C’est l’inverse qui se produit, Ian Fleming s’inspirant, comme Jean Bruce, de son passé d’espion et peut-être de la figure d’Hubert Bonisseur de la Bath. Ce dernier est déjà traduit en plusieurs langues. OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire ressemble plus à un passage de relais se cherchant une nouvelle vigueur. Il manque de l’énergie à la Philippe de Broca dans L’homme de Rio, et un scénario moins prévisible et conventionnel. Le spectateur est embarqué dans une mission qui commence sous de bons auspices pour se perdre au cœur de la savane.
L’idée de départ d’un héros has been, réactionnaire, dépassé par l’époque, se transforme en un film d’espionnage classique. L’humour politiquement incorrect ne prend plus, même s’il défend, dans un monde de béni-oui-oui qu’au cinéma il a toute sa place. L’originalité de Nicolas Bedos, réalisateur de La belle époque, s’efface derrière une mise en scène sans surprise. Quand James Bond se cherche une nouvelle renaissance après Daniel Craig, OSS117 appartiendrait-il à un temps que les moins de vingt ans ne veulent plus connaître ? Pourtant dans la salle, le rire est encore au rendez-vous et le film agréable. Il enterre peut-être pour ce jeune public, à l’heure des remises en cause discriminatoires, cette France à papa archaïque et dépassée qui ne fait plus rire qu’au cinéma.
Patrick Van Langhenhoven
Titre québécois : OSS 117 : Bons Baisers d'Afrique
Réalisation : Nicolas Bedos
Scénario : Jean-François Halin, d'après l’œuvre de Jean Bruce
Montage : Florence Vassault
Costumes : Charlotte David
Décors : Stéphane Rozenbaum
Musique : Anne-Sophie Versnaeyen
Photographie : Laurent Tangy
Producteurs : Eric et Nicolas Altmayer
Sociétés de production : Mandarin Cinéma, Gaumont et M6 Films
Société de distribution : Gaumont
Pays d'origine : Drapeau de la France France
Langue originale : français
Genre : comédie, espionnage, action, comédie policière
Format : couleur — cinémascope — 35 mm
Durée : environ 100 minutes
Date de sortie : 4 août 2021
Distribution
Jean Dujardin : Hubert Bonisseur de La Bath / OSS 117
Pierre Niney : Serge / OSS 1001
Fatou N'Diaye : Zéphyrine Bamba
Natacha Lindinger : Micheline Pierson
Gilles Cohen : Lépervier
Wladimir Yordanoff : Armand Lesignac7
Ibrahim Koma : Promedi
Ricky Tribord : le serveur
Brice Fournier
Nicolas Bedos