Guillaume est un chauffeur de maître qui attend mieux de la vie. Pour l’instant, sous les ordres d’Arsène, il obtient la mission de la dernière chance. Il doit conduire Anne, spécialiste des parfums, dans sa tournée. Guillaume s’occupe de sa fille de dix ans en espérant des jours meilleurs. Anne était autrefois un nez réputé, mais suite à une anosmie, perte de l’odorat, elle doit tout recommencer et ne trouve que des contrats contre les mauvaises petites odeurs. Elle espère encore décrocher une mission digne de son talent. Anne est une maniaque, centrée sur elle-même. La rencontre de ces deux tempéraments opposés n’est pas sans risque. Ils sont bien décidés à ne pas se laisser faire et imposer leur point de vue. Pourtant, c’est à travers leurs deux solitudes qu’ils trouveront le moyen de se trouver et d’avancer ensemble. C’est bien la route qui compte, une fois de plus, pour changer le voyageur.
Grégory Magne a le nez fin, en réunissant Emmanuelle Devos et Grégory Montel dans une balade en quête de tendresse et de reconnaissance. Il nous confiait comment avoir eu l’idée lors du dernier festival de Sarlat. « J’envisageais les gens par le prisme de l’odeur en imaginant une personne qui aurait un odorat particulièrement développé, à cause duquel son rapport au monde serait différent ». Les deux acteurs apportent beaucoup à cette romance qui ne manque pas de flair ! « Elle est longue la route qui me menait vers vous » chante Barbara. Elle est longue l’absence des sens, de l’autre, du partage. Ils sont en quête de reconnaissance et sans doute de l’amour mais cela, ils l’ignorent. C’est d’abord deux caractères qui s’entrechoquent pour mieux se comprendre et s’apprivoiser.
Enfermée dans sa solitude, Anne perd non seulement l’odorat mais le goût des autres. Elle s’était construit une carapace, une forteresse que Guillaume brise. Ce dernier se découvre un talent qu’il ne se connaissait pas. Il possède un bon professeur pour faire évoluer son nez. Hasard des circonstances, Anne, de nouveau frappée par l’absence, demande à Guillaume de jouer de son odorat. Elle s’aperçoit qu’il est plutôt doué et intuitif. Ils se complètent parfaitement. Elle, plus technique, et lui plus dans le ressenti et le social, ils forment une équipe qui a du nez ! C’est une route de l’éveil quand on comprend ce qu’il manquait dans ce vide de notre vie. La mise en scène est bucolique et prend le temps des détours, concentrée sur ses acteurs.
Elle ne néglige pas l’espace visuel avec les paysages de passage, ces usines nauséabondes, ces hôtels improbables où l’histoire finit par s’incarner. Elle trouve une résonnance à la solitude pour finir par s’éclaircir sur la fin et se transformer en route du bonheur. On adore la séquence avec Gustave Kervern en patron d’Uber, donnant ses ordres dans un restaurant chinois, à l’image d’un film de mafia. Les Parfums est parcouru de moments délicieux, de petites trouvailles s’amusant des codes et du regard, un autre sens mis à l’épreuve. Il est rempli de tendresse et de bienveillance, une qualité parfois rare dans la comédie romantique, souvent prise dans un tourbillon. Aérienne, elle se joue de nos sens.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Les Parfums
Scénario et réalisation : Grégory Magne
Décors : Jérémie Duchier
Costumes : Alice Cambournac
Photographie : Thomas Rames
Montage : Béatrice Herminie et Gwenaëlle Mallauran
Musique : Gaëtan Roussel
Producteur : Frédéric Jouve
Sociétés de production : Les Films Velvet, co-production France 3 cinéma
Sociétés de distribution : Pyramide Films
Pays d'origine : Drapeau de la France France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie
Durée : 100 minutes
Dates de sortie : 1er juillet 2020
Distribution
Emmanuelle Devos : Anne Walberg
Grégory Montel : Guillaume Favre
Gustave Kervern : Arsène
Sergi López : Patrick Ballester
Zélie Rixhon : Léa