Les Misérables

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Un film de Ladj Ly,
Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga,

Genre : Policier
Durée : 1h42
France

En Bref

Stéphane, un jeune policier arrivé de Cherbourg, intègre la BAC (brigade anti-criminalité) de Montfermeil dans le 9-3 comme on dit là-bas. Accueilli par ses collègues et briefé par sa cheffe, il n’a guère le temps de s’imprégner du lieu et va plonger dans le grand bain sans gilet. Où il est question de petits délits et de gros ratages qui conduisent tout droit à la bavure…

Prix du Jury à Cannes et encensé par la plupart des critiques, ce n’est pas sans quelque appréhension que nous voyons le film. Ladj Ly, très impliqué dans ce long métrage qui est le développement d’un court, va jusqu’à y inclure son fils, c’est dire. Il a la bonne idée de faire passer la narration à travers le regard de Stéphane, stupéfait de découvrir un milieu auquel il est loin d’être préparé. Illico rebaptisé « Pento » par ses deux collègues, Chris et Gwada, à cause de ses cheveux (« ils sont gras ou tu le fais exprès ? ») il sent bien qu’il est décalé comme nous, spectateurs, ou supposément.

Ce qui frappe assez rapidement, c’est la grille de lecture des policiers. On n’est pas loin de se demander si, à force de traquer la délinquance partout, on ne finit pas par l’induire. Il y a du « eux » et du « nous ». Mais tous, « bacqueux » de la police, microbes (les gamins) et adultes sont bien du quartier. Ils y ont grandi, ils y vivent. Et tous partagent un même genre d’existence dure dans un environnement aride. Les frontières ne sont pas vraiment étanches. A bien se connaitre, on s’appuie sur le caïd reconverti en épicier, on parlemente avec les mères pour maintenir un semblant d’ordre.

La vie ordinaire telle que la dépeint Ladj Ly est hautement inflammable, nous le sentons dès le départ. Un lionceau évadé d’un cirque va être l’étincelle.Ladj Ly fournit un canevas faussement neutre. Il semble dire « voyez, c’est comme ça ». Mais suffit-il de décrire pour convaincre ? Certes, le regard est affuté, nous savons qu’il connait bien le sujet. Pour autant, ce qui reste malgré tout une fiction semble un peu terre à terre à un moment où, de l’autre côté de la Méditerranée des œuvres comme Papicha ou Noura rêve bousculent les cadres au lieu de les dépeindre.

Françoise Poul