Nous sommes dans les années 1900. Émile dirige un petit studio de cinéma. Il fabrique des saynètes en tout genre pour les baraques foraines. Bon vivant, il se laisse porter par les jolies femmes et la joie de vivre. Il transmet à son fils adoptif ses critères d’une existence optimiste. Jacques est un peu maladroit avec les jolies filles. L’arrivée de Madeleine Célestin, la fille d’un bon ami d’Émile, bouleverse cette tranquillité. Il la prend sous sa coupe et lui offre des rôles dans ses saynètes. Il ne tarde pas à succomber à ses charmes, n’hésitant pas à la séduire. De retour du service militaire, Jacques rencontre la damoiselle par hasard et s’éprend de son joli minois. Le père et le fils ne tardent pas à comprendre, suite à une série de quiproquos, qu’ils aiment la même femme. Le vieil homme s’effacera-t-il pour que jeunesse s’embrasse ?
René Clair est un cinéaste du bon sens, comme il aime à le dire. Il rêve de littérature avant de se lancer dans le cinéma muet. Il signe son premier film Paris qui dort en 1923. C’est Entracte en 1924 qui attire l’attention des avant-gardistes. Loin de disserter sur la condition humaine, le cinéma de René Clair, à l’exemple du Silence est d’or, parle du bonheur simple avec poésie. Sur la fin de sa vie, il tourne La beauté du diable, Les Belles de nuits, Les grandes manœuvres qui pourraient nous dire le contraire. C’est avec le parlant qu’il signe ses œuvres les plus belles Sous les toits de Paris. Il accorde une grande importance au montage. Il ne s’agit pas pour lui de coller des plans les uns derrière les autres. Il invente le cinéma moderne.
Suite à l’échec du Dernier milliardaire, il s’exile en Angleterre et aux États-Unis. Il est considéré comme le chantre du cinéma à la Française. Il revient en 1946, tourne Le silence est d’or. Ce film est l’occasion de parler en toile de fond de ce Paris canaille qu’il connaît bien. L’histoire déroule son fil de façon simple sans jamais verser dans le drame. Il reste toujours sur la trame de ce petit bonheur simple et poétique mentionné plus haut. Pourtant le suspense et l’humour, nous entrainent sans jamais faiblir. Il se permet même un film miroir dans le film avec un sultan âgé amoureux finissant par le suicide de la jeune fille. Devant la réaction du Roi invité à découvrir son cinéma, il modifie la fin.
Le Sultan magnanime laisse les deux jeunes tourtereaux vivre leur bonheur comme Émile. En seconde lecture, c’est un regard sur les studios et le cinéma d’hier, assez truculent. C’est l’occasion de plonger dans une époque aujourd’hui révolue. Nous finirons par les mots d’Henri Langlois qui résument parfaitement le personnage. « Dans le monde entier, depuis vingt-cinq ans, un seul homme personnifie le cinéma français : René Clair. Mieux encore, il résume aux yeux de l’étranger non seulement notre cinéma, mais l’esprit même de notre nation ; il est considéré à la fois comme le successeur de Feydeau et de Molière. »
Patrick Van Langhenhoven
Bonus : Comme toujours les bonus assez conséquents permettent de découvrir le réalisateur et son cinéma. «Un sacre en trompe l’œil» : entretiens autour du film - Actualités Pathé d’époque.
Titre : Le silence est d'or
Titre anglais : Man About Town
Titre allemand : Schweigen ist Gold
Titre italien : Il silenzio è d'oro
Réalisation : René Clair
Scénario, Adaptation et Dialogue : René Clair
Assistant réalisateur : Pierre Blondy
Costumes : Christian Dior, René Decrais
Décors : Léon Barsacq, et Guy de Gastyne
Assistants décorateurs : André Bakst, Robert Clavel
Photographie : Armand Thirard
Montage : Louisette Hautecoeur et Henri Taverna
Son : Antoine Archimbaud
Musique : Georges Van Parys
Régisseur général : Georges Charlot
Administrateur : André Deroual
Caméraman (cadreur) : Alain Douarinou
Ensemblier : Maurice Barnathan
Tournage : du 14 octobre 1946 au 1er février 1947
Production : Pathé Consortium Cinéma, R.K.O.
Producteur : Adrien Rémaugé (non crédité)
Producteur associé : Robert Pirosh (non crédité)
Chef de production : René Clair
Directeur de production : Henri Lepage
Pays d'origine : France, États-Unis
Langue originale : français
Format : noir et blanc – 35 mm – 1,37:1 – mono (RCA Sound System)
Genre : comédie dramatique
Durée : 100 minutes
Date de sortie :
Drapeau de la France France : 21 mai 1947
Drapeau des États-Unis États-Unis : 21 octobre 1947 (New York)
Visa d'exploitation : 5487
Distribution
Maurice Chevalier : Emile Clément, un réalisateur de cinéma
François Périer : Jacques Francet, son fils adoptif
Marcelle Derrien : Madeleine Célestin, une jeune provinciale qui séduit le père et le fils
Dany Robin : Lucette, l'ex-petite amie de Jacques
Raymond Cordy : Le Frisé
Bernard La Jarrige : Paulo
Paul Ollivier : le comptable
Georges Bever : le ministre
Paul Faivre : le cocher
Marcel Charvey : le contrôleur
Jean Sylvain : un passant
Christiane Sertilange : Marinette
Roland Armontel : Célestin, un acteur de théâtre
Paul Demange : le sultan de Socotora
Max Dalban : Cri-Cri, un machiniste
Jean Daurand : Alfred, un machiniste
Albert Michel : Zanzi
Gaston Modot : Gustave, le caméraman
Robert Pizani : Monsieur Duperrier, un commanditaire, le protecteur de Lucette
Maud Lamy : la dame du bus
Zélie Yzelle : la bouquetière
Yvonne Yma : la concierge
Danielle Godet : une spectatrice
Cécile Didier : l'habilleuse
Mademoiselle Ribour : la danseuse
Albert Broquin : un machiniste
Jean Berton : un spectateur
Harry Max : un spectateur
Frédéric Mariotti : un machiniste
Philippe Olive : l'agent
Pierre Duncan : le vizir
Léon Pauléon : le gros danseur
Robert Berri : le dragueur barbu à l'opérette
Charles Lavialle : le guitariste, chanteur des rues
Simone Michels
Jane Pierson : Rose
Colette Georges
Nicole Riche
Georges Sauval
Fernand Gilbert
Jean-Jacques Lecot
René Pascal
Victor Vina
Edouard Francomme
Tristan Sévère
Bruno Balp
Eugène Yvernès
Fernand Blot
Maurice Derville