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affiche La Troisième femme

La Troisième femme

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Un film de Ash Mayfair ,
Avec Nguyen Phuong Tra My, Tran Nu Yên Khê, , Mai Thu Huong ,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h35
Viêt Nam

En Bref

La barque glisse sur le fleuve, une main délicate traine son spleen dans l’eau claire, une chenille sommeille dans son cocon. Le monde est vide, le monde est plein. Nous sommes au XIXe siècle, les costumes s’occidentalisent mais les traditions demeurent solidement ancrées. May, 14 ans, épouse le fils d’un riche propriétaire terrien. Elle n’a pas le choix, elle devient la troisième épouse avant même d’avoir connu la chaleur d’un corps aimé. Cette première fois la fera femme, mais aussi prisonnière de la tradition pesante. On ne discute pas la loi des Anciens. On se fond dans le décor en épousant une nouvelle famille. L’amour n’a pas le droit à la parole. Il se cache, se punit, se maudit. Gare à celui qui sera pris en faute de sentiments. Le prix à payer le condamnera à la honte, au déshonneur. Une pauvre jeune fille rejetée en paiera le prix. La mort et la vie se marient dans l’espace de cette demeure au silence plus pesant que la parole. May trouve sa place auprès des deux premières femmes. Elle rêve de donner un fils à Hung et de prendre la position enviée d’épouse préférée. Dehors, la nature étire son chant infini en écho aux petites paraboles qui se jouent dans la ferme. La roue des existences tourne sans jamais s’arrêter, emportant nos désirs et nos rêves d’une autre vie.


Ash Mayfair s’inspire de l’histoire de sa grand-mère pour ce premier film contemplatif sur la tradition et l’amour. Au cœur des tractations, des silences et du quotidien, la vie étire son ruban arc-en-ciel. Elle joue la carte profonde du temps qui passe, marquant les cœurs, ouvrant les âmes à d’autres murmures. La parole reste économe, touche l’essentiel dans ce monde de silence et de règles ordonnées. Chacun reste à sa place, gare à celui ou celle qui tente de briser le cercle pour inventer un autre avenir. Les jeunes filles, à la couleur des lotus, ne disent rien, apprennent à subir dans la chaleur des corps que l’été éveille. La réalisatrice joue la carte d’une mise en scène symbolique et contemplative, entre corps lascifs et nature sublimée. La caméra caresse les corps quand ils s’enlacent, les surprend en pleine nature quand ils trahissent la tradition ancestrale. Le déshonneur est bien plus grand que la vérité et conduit parfois à la mort.

Le quotidien s’égraine comme un champ de fleurs sauvages dans la répétition des tâches des femmes servantes. Ash Mayfair évite la voie des complots pour celle de l’entente entre ces trois femmes aux destins brisés. Elles finissent par accepter leur avenir, loin du désir et même de celui d’aimer. Le fils de l’une d’entre elles, porté par le vent qui vient d’occident et brise les règles, refuse de se plier. On tue le poulet au sang vermeil, comme celui des jeunes filles devenues femmes. C’est le même que celui des épouses au drap pointé de rouge, accroché comme une preuve de leur virginité vendue, brisée. C’est un monde loin du nôtre, comme une page violente d’un hier effacé de nos souvenirs.

En réponse à l’humain au centre de la toile, la réalisatrice filme la nature dans son frémissement. Elle capte la beauté silencieuse de l’espace extérieur, parfois en écho avec ce qui se vit dans la maison. Des cocons de soie où les chenilles ne deviendront jamais papillons. C’est l’eau omniprésente, renvoyant au liquide primordial, à la féminité, aux nymphes cachées dans les forêts profondes où frémissent les arbres. C’est la grotte portant cercueil quand glisse la barque jaillissant en plein jour. Elle compose un tableau d’une époque révolue qui se meurt en silence dans nos consciences ouvertes à un autre battement de l’âme. Elle ne juge pas l’époque, laisse le spectateur donner sa sentence par une fin ouverte. Un papillon est sorti de son cocon. Il a pour nom Ash Mayfair avec un premier film réussi et prometteur. Elle rejoint les nombreux réalisateurs contemplatifs s’appuyant sur le silence pour prendre la parole.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Titre La troisième femme

Réalisation : Ash Mayfair

Scénariste : Ash Mayfair

Compositeur : Ton That An

Producteur : Tran Thi Bich Ngoc

Productrice : Ash Mayfair

Producteur délégué : Dang Thi Hoang Yen, Dang Thanh Tam

Directeur de la photographie : Chananun Chotrungroj

Chef monteur : Julie Beziau

Sociétés Production : Mayfair Pictures, An Nam Productions, Three Colors Productions

Distributeur France (Sortie en salle) Bodega Films

Date de sortie : 19 aout 2020

Distribution

Nguyen Phuong Tra My : May

Tran Nu Yên Khê : Ha

Mai Thu Huong : Xuan

Nguyen Nhu Quynh : Ba Lao

Le Vu Long : Hung

Nguyen Thanh Tam : Son

Lam Thanh My : Lien

Mai Cát Vi : Nhan

Ong Van : Trung Anh

Bo Cau : Khanh An Tang

Tuyet : Thi Kim Ngan Pham