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affiche La Femme des steppes, le flic et l'œuf

La Femme des steppes, le flic et l'œuf

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Un film de Wang Quan'an,
Avec Dulamjav Enkhtaivan, Aorigeletu, Norovsambuu Batmunkh,

Genre : Policier
Durée : 1h40
Mongolie

En Bref

La steppe entre terre et ciel, l’homme incruste sa silhouette de vivant dans l’espace immense. Un corps nu surgit en plein milieu des phares d’une patrouille de police. La nuit vient d’étendre sa carapace millénaire comme au temps des dinosaures. On désigne un jeune flic, comme dans les contes, pour garder le corps diaphane, transparent, noyé dans l’herbe aux couleurs de soleil. Une jeune bergère est commise d’office pour l’aider dans la nuit sombre à éloigner les loups et autre prédateurs. On se serre l’un contre l’autre, car la belle ténébreuse est froide, comme à l’origine des mondes, quand les feux brisaient le silence. Rien n’a vraiment changé. Le monde tourne toujours autour de la mort et de la vie qui trace sa ligne vers le ciel bleu. Le jeune flic retourne à la ville et à ses enquêtes, la bergère à ses moutons, et la vie ne tournera pourtant plus rond. Quelque chose a changé. Un miracle, un mystère, au cœur de la mort, la vie trouve un nouveau passage. Il faudra choisir sa place au cœur du silence pour que le monde tourne de nouveau dans ce cercle des renaissances, porteur du Karma.


« Ce qu’on voit avec nos yeux humains n’est pas toujours réel »

 C’est un retour en Mongolie et ses steppes pour le réalisateur chinois Wang Quan'an, Ours d’or au festival de Berlin 2007 avec Le mariage de Tuya. Ce n’est pas la première fois que le cinéma mongol nous livre un petit bijou d’humour et de réflexion. C’est d’abord l’immensité de la steppe, personnage à part entière envahissant l’écran et l’horizon. Dans ces plans larges, les silhouettes des personnages se perdent dans le paysage. Le corps de la morte est le prétexte à la beauté de la vie que le film célèbre. Il provoque malgré lui un mouvement dans la roue du Karma, de la jeune Bergère au jeune flic en passant par un œuf de dinosaure, un amoureux, un fœtus, un chef de police, des loups et des moutons. C’est le poids de nos choix qui trace une ligne éphémère dans l’herbe ondulante de la steppe.

Cette nuit particulière, insidieusement, transforme nos personnages, les force à avancer vers le futur et à décider de ce qu’ils seront -  ou pas. Pourtant en apparence, rien ne s’est passé. Des corps se sont réchauffés, emportés par le tourbillon de la vie. Le réalisateur prend le temps et l’espace avec ses plans larges et longs, puisant à l’âme de la terre. Il resserre le cadre sur les héros du film et reprend le plan large en ville, montrant ainsi l’infini sauvage à l’extérieur et l’urbain réduit à peu de chose. Les apparences et le silence racontent une autre histoire. On aimerait que tout demeure comme avant, que rien ne bouge comme au cœur de la steppe. Le paysage semble identique, immuable et pourtant, un rien bouscule l’ordre du monde, imperceptible. Il embrasse de nouvelles espérances, dicte la loi du changement dans un esprit très bouddhiste et chamanique.

« Le monde que nous voyons reste trompeur » nous dit le bouddhisme. Il n’est pas ce que nous pensons. C’est bien le cas de La Femme des steppes, le flic et l’œuf, qui n’est pas un thriller avec sa musique de western, une comédie avec son humour particulier, aussi fine que l’herbe. Ce n’est pas un conte métaphysique, une parabole ancienne, un conte pour enfants perdus. Le film est tout cela à la fois et bien d’autres choses. Il se laisse méditer, emporté par l’idée de Mu, rien qui n’est pas ce qui est. Chamanique par l’idée de passage et celle d’un autre monde, la présence du loup et autres animaux symboliques. Ne cherchez pas de réponse, laissez juste le film vous emporter aussi loin que votre âme le peut.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Titre original : Öndög

    Titre français : La Femme des steppes, le Flic et l'Œuf

    Réalisation et scénario : Wang Quan'an

    Photographie : Aymerick Pilarski

    Pays d'origine : Mongolie

    Format : Couleurs - 35 mm

    Genre : drame

    Durée : 100 minutes

    Dates de sortie : 8 février 2019 (Berlinale 2019) 19 août 2020

Distribution

    Aorigeletu : le berger

    Gangtemuer Arild : le chef de la police

    Dulamjav Enkhtaivan : la bergère

    Norovsambuu : le jeune policier

Récompenses

     Festival international du film de Valladolid 2019 : Espiga de Oro

    Festival des trois continents 2019 : Montgolfière d'or

 Sélections

     Berlinale 2019 : sélection en compétition officielle

    Festival du film de Cabourg 2020 : sélection en compétition officielle