L'ombre des femmes, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs porte une patte bien française tant dans les thèmes traités que dans la mise en scène. Cette patte, si chère à la nouvelle vague, c'est celle du cinéma d'auteur. D'un cinéma qui se concentre sur des acteurs (ici Clothilde Coureau, Stanislas Merhar, Lena Paugam et Vilema Pons) et des sujets forts.
L'ombre des femmes parle de désir et de jalousie, d'un couple d'artistes qui vit pauvrement mais vit pour son art... qui aime raconter la grande histoire sans se préoccuper de leurs histoires... du moins au premier abord.
Leurs histoires sont universelles, des histoires de tromperies, de mensonges. L'éternel combat souterrain qui anime les hommes et les femmes.
Manon, (Clotilde Coureau) aime Pierre (Stanislas Merahr) et l'assiste en tant que monteuse dans ses travaux de réalisateur. Ils vivent dans un appartement insalubre. Pierre est lugubre et ne porte pas grande attention à Manon. Il rencontre Elisabeth (Lena Paugam) une stagiaire archiviste avec qui il entame une relation régulière.
Aux allures de vaudeville, dans un Paris des années 60, L'ombre des femmes ne s'ancre pourtant dans aucune réalité...
Ecrit et tourné rapidement, le film de Philippe Garrel semble vouloir dire beaucoup de choses mais avec une économie de moyens qui laisse l'essentiel des scènes vides.
Visiblement nostalgique de la Nouvelle vague, le réalisateur en reprend les codes : rythme soutenu, faux raccord, voix-off... le clin d'oeil aurait pu être le bienvenu si L'ombre des femmes ne se prenait pas tant au sérieux.
Le milieu dépeint ne parle plus à personne, les situations vécues par le couple semblent elles aussi avoir été vues maintes fois et ce n'est pas la dureté avec laquelle sont traitées les personnes qui parvient à attacher le spectateur. Clotilde Coureau frôle le ridicule avec ses crises de larmes alors que Stanislas Merhar ne parvient qu'à agacer. Seules Lena Paugam et Vilama Pons (qui a un bel avenir au cinéma) parviennent à tirer leur épingle de ce jeu bien trop organisé pour donner l'illusion du vivant.
Malheureusement, L'ombre des femmes ne fascine pas, ennuie malgré sa courte durée (1h13), l'histoire aurait mérité mieux que d'être réduite à de si gros clichés.
Sarah Lehu
Titre français : L'Ombre des femmes
Réalisation : Philippe Garrel
Scénario : Philippe Garrel, Jean-Claude Carrière, Caroline Deruas-Garrel et Arlette Langmann
Musique : Jean-Louis Aubert
Production : Saïd Ben Saïd, Michel Merkt et Olivier Père
Pays d'origine : France
Genre : Film dramatique
Distribution :
Clotilde Courau
Vimala Pons
Stanislas Merhar
Thérèse Quentin
Jean Pommier
Antoinette Moya