Buck est un chien facétieux qui ne manque pas d’idées saugrenues pour agrémenter le quotidien de ses maitres. Il vit paisiblement à l’autre bout de l’Amérique pendant que la fièvre de l’or gagne les terres du Yukon. Il ignore que cette folie des hommes pour le métal jaune aura une grande incidence sur sa vie. Capturé pour sa force, il se retrouve à tirer un attelage au fin fond du Klondike. C’est à coups de bâton que ses nouveaux maitres le dressent à sa nouvelle vie. Heureusement pour lui, il tombe sur Perrault et Françoise, des postiers bravant les éléments pour distribuer la bonne nouvelle. C’est le début d’un long apprentissage comme chien de traineau de seconde zone et comme leader de la meute. Notre bon ami Buck trouve très vite sa place sans heurt ni violence. Il croise la route de John Thomton. Est-ce un clin d’œil du destin sur deux êtres faits pour se rencontrer ou un simple hasard ? Hélas pour lui, l’arrivée du télégraphe met fin à son aventure avec Perrault. Le voilà revenu au point de départ. Quel sort attend notre brave chien devenu adulte ? Il lui reste beaucoup à apprendre avant de rejoindre « le long hurlement de la meute. »
Ce n’est pas la première fois que le texte de Jack London est adapté au cinéma, le premier film remonte à 1908, quelques années après la parution du roman en 1903. C’est une des premières réalisations de D. W. Griffith plus connu pour Naissance d’une nation. On ne compte plus ensuite les versions animées, réelles, cinéma, télévision, bande dessinée. Chris Sanders est connu pour sa saga d’animation Dragon, Lilo et Stitch bientôt en série. Ceci explique peut-être la part de motion capture, importante dans le film pour certains paysages de fond et les animaux. Cette méthode permet de donner plus d’humanité à Buck sans tomber dans l’anthropomorphisme. C’est d’abord un grand film d’aventure pour toute la famille. Rien ne nous empêche de trouver beaucoup plus dans cette histoire. Elle colle à l’esprit du texte de London répondant, à sa façon, à la grande querelle de l’époque sur la part de l’inné et de l’acquis au sein de l’Evolution. C’est un des premiers textes de l’auteur et déjà nous retrouvons les thématiques profondes parcourant son œuvre.
La grande partie de celle-ci tourne autour de héros jetés dans un univers hostile menant à l’éveil de soi. Cette longue quête de l’apprentissage se confronte à la violence des mondes extérieur et intérieur. Buck quitte un foyer aimant, sorte de paradis, pour une route pavée de mauvaises intentions. Il croise malgré tout, dans cet enfer, des êtres paisibles qui le conduiront à se découvrir lui-même. La notion de guide revient souvent dans les écrits de l’auteur. À l’époque, John Burroughs, naturaliste célèbre, reproche aux auteurs de caricaturer les récits animaliers, plus proches de l’anthropomorphisme que de la réalité. Jack London se sert comme souvent des histoires entendues, vécues, pour composer ses fictions. Nous sommes loin de l’idée de Roosevelt pour qui la fonction de l’animal est de servir l’homme.
Cette question d’une conscience chez nos amies les bêtes reste encore d’actualité. En affrontant, comprenant sa part sauvage et civilisée, Buck s’éveille à sa propre conscience, trouve son chemin au sein de la meute. À la fin du récit, les deux natures se retrouvent dans les enfants de Buck. Il devient le fantôme d’un monde nouveau, quand nature et civilisation s’harmonisent pour le bonheur de l’humanité. Nous voyons bien que derrière cette histoire simple se cache une réflexion profonde sur nous- mêmes et notre rapport au monde, toujours d’actualité. Nous pourrions parler de l’importance de la bienveillance et de la brutalité des hommes, parfois pire que la nature. Il reste une belle balade au cœur du monde de l’âme d’un chien et des hommes.
Patrick Van Langhenhoven
Titre français : L'Appel de la forêt
Titre original : The Call of the Wild
Réalisation : Chris Sanders
Scénario : Michael Green
Musique : John Powell
Décors : Stefan Dechant
Costumes : Kate Hawley
Photographie : Janusz Kamiński
Montage : David Heinz et William Hoy
Production : Erwin Stoff
Production déléguée : Michael Green, Diana Pokorny et Ryan Stafford
Sociétés de production : 3 Arts Entertainment ; 20th Century Studios (coproduction)
Société de distribution : Walt Disney Studios Distribution
Pays d’origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Genre : aventure
Durée : 100 minutes
Dates de sortie : 19 février 2020
Distribution
Harrison Ford : John Thornton
Dan Stevens (VF : Julien Allouf) : Hal
Omar Sy : Perrault
Karen Gillan (VF : Laëtitia Lefebvre) : Mercedes
Bradley Whitford : le juge Miller
Colin Woodell (en) : Charles
Cara Gee : Françoise
Scott MacDonald : Dawson
Terry Notary : Buck
Wes Brown : Mountie
Adam Fergus (en) (VF : Thibaut Lacour) : James
Jean Louisa Kelly : Katie Miller
Jamie Bock (VF : Flora Brunier) : Abigail