Le poids du passé laisse un goût amer dans le cœur de Carmen. Elle garde encore toute sa hargne. Elle se réfugie dans ses enquêtes face à un monde qui ne changera pas. Eva, sa nouvelle collègue, est tout l’inverse. Elle croit encore qu’on peut rendre la société meilleure. Quand vient la nuit, le spleen de Carmen l’entraine au cœur d’une âme désabusée, fatiguée par la route pendant qu’Eva s’éclate au karaoké. Solitaire, Carmen creuse le sillon du crime même sur son temps libre. Eva s’occupe de sa famille, havre de paix compensant la noirceur des jours. Elles se retrouvent confrontées à une série de crimes s’inspirant des tableaux de Goya. Le tueur reproduit les tableaux à l’identique, corps suspendus, accrochés comme des papillons au tableau de l’entomologiste. Elles pénètrent dans le labyrinthe des amateurs et professionnels de l’art, longue piste qui les conduit peut-être vers la caverne du tueur. Elles ignorent encore quelle boite de Pandore elles viennent d’ouvrir. Dans un premier temps, leurs deux caractères, lumière et ténèbres s’affrontent. Elles finiront par apprendre plus de la route et d’elles-mêmes sur ce long chemin de douleur.
The Goya Murders suit la piste de nombreux autres tueurs en série à l’univers sombre, La isla minimà, Seven, Memoir of a Murderer, Que Dios nos Perdone, etc. Il confronte un duo de flics opposé à l’horreur de l’humanité. Il lui manque hélas toute la noirceur des films qui l’inspirent. Il réussit mieux son regard sur son duo d’enquêtrices, entre désaccord et compréhension. Le sujet était pourtant porteur, avec ces tableaux, gravures, imprégnées de toute l’ombre d’une société marquée à l’époque par la guerre et l’horreur.
On ne s’attarde pas assez sur ces représentations, devenant plus un prétexte à un côté noir du film. Il manque du fond à une histoire assez conventionnelle, excepté sa source d’inspiration. La fin semble bâclée, peu à la hauteur du sujet. C’est dommage, car dans son ensemble il ne manque pas de points positifs, un bon duo et un décor prenant. Il manque un tueur plus présent comme dans ses sources de référence. Les apparitions du meurtrier ressemblent à des scènes conventionnelles, comme une course poursuite incontournable. The Goya Murders n’arrive jamais à nous surprendre, même dans son conflit entre enquêteurs et politique.
C’est peut-être dû à un chemin trop banalisé par le passé par des ainés plus coriaces. Il possédait pourtant des atouts pour s’élever, un bon duo d’actrices, un début prometteur, une bande-son remarquable. L’oeuvre de Goya passant du portrait à l’absurdité et l’horreur du monde, il est considéré comme un artiste avant-gardiste romantique imprégné de la noirceur de l’univers. À trop se vouloir Seven sans en avoir la profondeur, l’atmosphère pluvieuse, le film se transforme en produit télévisuel agréable, vite oublié.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : El Asesino del los caprichos
Réalisateurs : Gerardo Herrero
Scénariste : Ángela Armero
Compositeur : Vanessa Garde
Producteur : Gerardo Herrero
Producteur délégué : Sébastien Delloye, Mariela Besuievsky
Etalonneur : Franck Ravel
Directeur de la photographie : David Omedes
Chef monteur :Teresa Font
Directeur du casting : Juana Martínez
Directrice du casting : Paula Pielfort
Directeur de production : Inaki Ros
1er assistant réalisateur : Javier Petit
Chef costumier : Gara Hamad
2ème assistant réalisateur : Eva Ungría
1er assistant opérateur : Gustavo de la Fuente
2ème assistant opérateur : Sabrina Robin
Assistant opérateur : Ismael Blanco
Ingénieur du son : Eduardo Esquide
Mixage : Thomas Gauder
Monteur son : Héléna Réveillere, Roland Voglaire
Monteur dialogue : Paloma Huelin Izquierdo
Assistante monteuse : Clara Martínez Malagelada
Directeur de post-production : Michaël Cinquin
Coordinateur Post-Production : Eric Pecher
Superviseur post-production : María Merediz
Coordinateur des cascades : Ricardo Rocca
Production : Entre Chien et Loup, Movistar +, Tornasol Films S.A., Radio Televisión Española (RTVE)
Distributeur France : Wild Side
Acteurs et actrices
Aura Garrido : Eva González
Maribel Verdú : Carmen Cobos
Roberto Álamo : Commissaire Julián Vargas
Daniel Grao : Adrián Iglesias
Ginés García Millán : Eduardo Gil
Ruth Gabriel : Présidente de la Communauté de Madrid
Antonio Velázquez : Alberto
Laurent D'Elia : Commissaire-priseur belge
Iván Santaolalla : Tamar Novas
Mateo : Aitor Fernandino
Santos : Óscar Pastor
Ana Mendieta : Laura Cepeda
Ernesto Fraile : Francisco Escribano
Julio Navarro : Víctor Anciones
Présentatrice TV : Nathalie Portela
Marchante : Tony Madigan
Ricardo Morón : Eduardo Aladro
Agent Reyes : Luis Chamorro